Toi alors

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Je vis ici sans espoir d’en partir. Une boucle sans fin et sans faille. J’ai tout tenté mais rien n’a fonctionné. Quelque chose, un je ne sais quoi, m’empêche de quitter mon monde. Il y a toujours quelqu'un pour me dénoncer, et me laisser dans le conflit qui m’habite.

Il y a quelques temps encore, il ne m’était pas envisageable de partir. J’ai mes raisons mais j’en ai tant d’autres pour partir. Pas d’ultimatum, juste de l’amour. C’est ce qui me maintient, attachée, ici. Entravée dans une zone à risque. Tu sais, là où il est défendu d’aller. J’y suis exposée, sans aucun camouflage. Rien de bien grave ne m’est arrivée jusqu’à présent, c’est déjà ça. Mais ça ne devrait pas tarder, c’est juste le silence avant l’explosion, avant le non-retour définitif. Les autres s’en vont, rasant les murs, à l’abri de la lumière. On se faufile dans les décombres, chacun essayant de rejoindre un repère où se reposer. Avant de repartir vers un nouveau départ. C’est ça qu’il me faudrait, un nouveau départ. Mais faudrait-il encore que je parvienne à me défaire de ces liens qui m’entravent. Il y a de moins en moins de victimes, le monde s’envole en une nuée d'oiseaux effrayés. L’ombre des bourreaux se dessine dans la pénombre, mais un coup de vent balaye toutes convictions comme des feuilles mortes. Que des souvenirs faussés. Il ne faut pas montrer de blessures, juste s’enfuir. Et ne pas parler. Pas de bruit ou le signal est lancé, une victime est déchiquetée. Qui sera le gagnant, par quelle ombre serais-je détruite ?

Il ne faut pas écouter les autres, mais ne pas en finir pour de bon. Qu’ais-je donc le droit de faire dans ce cas ? Ça ne sert à rien d’agir si nous sommes jugé à chaque instant. Des années que ça dure, et jamais ça ne pourra s'arrêter. J’en ai vu de toutes les couleurs, et ma préférée est celle de l'amour. Cette couleur qui m’a touché en plein cœur, sans prévenir, et qui a agi telle une bombe atomique, rasant tout sur son passage. Ce fut le début d’une nouvelle bataille, un champ de mines tactique visant à me porter le coup fatal. Mais, je n’ai pas été anéanti. Cette fois-ci, je me suis défendue. En quelques mots, je me suis découverte. Métaphoriquement comme mentalement. J’ai trouvé des armes et je me suis battue comme jamais auparavant. L’heure de la révolution avait sonnée, avant de prendre fin par des mots adverses. Lui aussi, il usé des mêmes armes que moi. A la différence qu’il devait en avoir l’habitude, il m’a chamboulé en seulement trois mots fatals.

- Je t’aime.

C’est avec ces mots-là que je n’avais pas l’espoir de partir d’ici. Ces mots que j’ai tant espéré entendre, ces mots que je chéris pendant que je lutte, que je tente de survivre. Mon rideau d’ombre, ce voile qui obscurcit mon univers, s’est levé. Je pouvais tolérer des choses à ne point nommer, mais jamais je laisserai quelqu’un s’en prendre à ceux que j’aime. Il ne pouvait, non, n’avait pas le droit de me dire ces mots. Pas lui, même si j’avais envie d’y croire. Il n'était pas mon allié, je ne pouvais le tolérer. Dans le fond, je pensais avoir abandonné toutes convictions mais j’ai appris par ces mots, à cet instant précis, que l’énergie du désespoir donne des ailes. Je me suis envolée, je me suis faite repérer. Mais j’ai pris de la hauteur, de la distance. Toute cette souffrance n’est devenue qu’un infime point dans mon horizon, une tâche au schéma de toute une vie.

Et puis un jour, j’ai vu le soleil se lever. Il était éblouissant, recouvert de multiples couleurs. Des couleurs au goût de tous, toutes différentes mais formant un tableau majestueux. Tant de diversité et un si beau résultat. Pas besoin d’être identique, le charme en est brisé. Cette beauté que l’on porte en soi, pourquoi faudrait-il le détruire ? Je ne comprendrais jamais ces personnes, bourreaux de nos sentiments. Les mots sont plus forts que l’on croit, ils tuent parfois. Mais ils peuvent aussi faire revivre. C’est par des mots anodins pour certains que j’ai survécu. Ces mots que j’entendais tous les jours d’une personne que je chéris, j’ai fini par ne plus les entendre. Et ce sont tes mots, à toi ma funeste ombre, ma plus grande faiblesse, qui ont ravivé la plus grande force qui sommeille en moi. Que je me suis rappelée que je suis aimée, que je ne suis pas seule à prendre mon envol vers d’autres cieux, vers d’autres étoiles brillantes.

Désormais, je n’ai plus l’espoir de partir au loin. Pas parce que quelque chose m’en empêche mais parce que je ne le veux pas, plus. Il a fallu d’un matin pas comme les autres pour que je retrouve goût au monde, pour que j’ai de nouveau envie de vivre. Un matin, et quelques mots animés d’une douce sincérité. De la part de cette personne qui m’aime, sache que je t’aime à n’en plus finir. On se dispute, on s’éloigne mais nous sommes toujours là pour l’une et l’autre. Ces mots qui s’accordent, je te les dis encore et encore : je t’aime de tout mon cœur.

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