Fusion

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Ecrit en écoutant notamment : Homeless – Sebastian Groth Remix (lien en commentaire)

Le ciel qui couvrait notre horizon était d’un bleu limpide, éclatant, enivrant. Quelques nuages d’albâtre étaient suspendus ici et là, mouvants, instables, certains nous faisant de temps en temps de l’ombre en se gonflant d’orgueil, d’autres s’effilochant avec détachement et nonchalance.

Nous avions marché un temps, coincés entre la barre rocheuse, qui découpait sur le sable ses formes en faisant obstacle aux rayons déjà rasants, et la frontière du rivage, oscillante, sans cesse remodelée. Les rares badauds croisés, tentant désespérément de maîtriser leur gamins agités, ployant tels des arbres enneigés sous la masse d’affaires à ramener, nous avaient-ils remarqués ? Nos beaux corps se confondaient avec la teinte or du sable humide, et nous emportions avec nous notre amour seulement.

Nous nous étions installés face aux vagues, celles-ci se présentant, puis s’échouant, en une file ininterrompue, chacune différente et semblable aux autres, présentant leurs brisures propres. Il nous semblait fusionner avec leur doux fracas, qui se prolongeait en un sifflement plus aigu lorsqu’elles remontaient brièvement la pente avant de se mêler à nouveau à leur cadettes. Nous-mêmes, notre amour, dont nous rêvions qu’il puisse se fondre telle une étoile quelconque dans le ciel d’une nuit d’été, se montrait pourtant encore si distinct de la normalité aux yeux des autres.

Dans un élan d’anxiété, j’entrepris de vérifier la réalité de mon rêve, l’enchantement de mon quotidien. La chair ferme sur laquelle s’aventura ma main me rassura, tout en échauffant mon cœur, qui commandait déjà à son corps, devenu étranger à son excitation, d’ajuster ses courbes à celles de son amoureux.

Il était beau, depuis ses lèvres, qui ordonnaient aux miennes de se coller à leur saveur ensorcelante, jusqu’à ses fesses bronzées, que je pourrais me permettre de posséder lorsque mes parents, les siens, auront entamé une danse endiablée dans les bras de Morphée. Ses jeunes traits saillants se resserreraient encore un peu plus, retenant des exclamations de plaisir qui pourraient résonner dans l’obscurité, tels un chandelier, qui choirait depuis l’autel sur le sol marbré d’une cathédrale, sous les yeux stupéfaits des fidèles.

Allongé sur lui, mes lèvres devenaient des serres, mes bras le couvraient, le protégeaient comme une paire d’ailes, je lui sifflai quelques mots doux, qui restèrent suspendus entre nos visages pendant une courte éternité. Quelques mouettes pressées fendirent les airs, filant entre l’astre solaire déjà bas et la ligne d’horizon lointaine. Je n’avais nul besoin de voler, comme elles, pour être transporté dans une dimension supplémentaire ; me suffisait la présence de mon ami, le souvenir de nos hésitations qui n’avaient désormais plus cours lorsque ma volonté se pliait sous la folle intensité de son regard, ce regard qui oublie l’extérieur pour se concentrer sur une extension de son âme, sur moi !

La luminosité finit par décliner, les falaises s’éteignirent, la surface agité de l’eau revêtait doucement son costume de soirée, plus sombre. Le rideau tombait, nous décidâmes de quitter cette scène, savourant déjà main dans la main le dernier acte qu’aurait à nous offrir la journée. Puis le théâtre se viderait, nous sombrerions dans un lourd sommeil nous éloignant l’un de l’autre, avant qu’il n’ouvre à nouveau le lendemain, nous proposant une nouvelle pièce.

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