Chapitre 3 : Dur nuit

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« Allez... Juste un petit plus loin...

Debout et titubante contre un mur avec un poids sur le dos, Kiso se demandait dans quel pétrin elle s'était encore fourrée. Chaque pas la fit grimaçer: la douleur tiraillait son corps tout entier. La cogneuse tenta de focaliser son attention ailleurs que sur ses muscles brulants.

Au début, elle était en colère. C'est vrai quoi ! Qu'est-ce qu'une bourge foutait là en plein milieu de la nuit dans le quartier ? Puis habillée comme ça... enfin bordel pas étonnant que des cons soient tombés dessus.

D'ailleurs, elle n'aurait jamais dû venir l'aider. Elle ne la connaissait en rien et ce n'était pas ses affaires. Des bruits de sirènes venant en face l'interpellèrent. « Merde, ils sont déjà là ? » pensa la guerrière. Des lumières scintillantes bleues et rouges confirmèrent sa crainte.

Instinctivement, elle se cacha dans une ruelle sombre en une fraction de seconde. Les deux femmes étaient serrées l'une contre l'autre et Kiso pouvait sentir le souffle léger de sa passagère chatouiller son cou, mais il n'y avait pas le temps de penser au confort là.

Elle regarda la nuée de petits drones suivie de véhicules blindés passés à toute vitesse devant eux. 5 pour être précis. Tous se rendant apparemment dans le sens inverse du duo.

La cogneuse attendit que le bruit des sirènes soit suffisamment éloigné, puis, elle reprit la route. Si elle était en colère, ses pensées changèrent du tout au tout quand elle sentit le corps de l'inconnue pencher dangereusement sur sa gauche.

Kiso la redressa d'un mouvement d'épaule et réaffirma sa prise sur ses hanches. Les mains de la guerrière ne touchèrent que le Nylon trempé, mais elle pouvait sentir que le corps de l'étrangère était gelé.

Soudain, la colère de la guerrière se transforma en angoisse. Et si elle était morte ?

Kiso se secoua la tête pour chasser cette pensée. Non, c'était absurde... Elle n'avait pris qu'un coup ! Mais il était assez violent. Elle était jeune, elle s'en remettrait non ? Pourtant, elle semblait bien fine, peux être qu'elle était malade...

Non, elle respirait, elle l'avait bien vérifié, puis elle sentait son cœur battre sur son dos. Mais faiblement...

  • Ahhh ! Pourquoi il a fallu que je pète cette bagnole ! S'écria Kiso.

Perdu dans ses pensées, elle ne remarqua qu'au dernier moment les feux d'un véhicule dans un tournant, ainsi que des bruits de klaxons frénétiques. Bien heureusement, le camion s'arrêta avant l'impact. Le seul mal étant la vague qu'elle se prit en pleine figure.

Une tête barbue ornant une casquette passa par-dessus la fenêtre du camion et les pointa du doigt.

  • Putain conasse ! J'ai failli vous renverser, dégagez les clochardes !

D'ordinaire, Kiso lui aurait cordialement fait manger le bitume. Mais là, elle était trop épuisée pour y prêter seulement attention. Ses yeux mi-clos étaient focalisés droit devant. Elle pouvait voir le bâtiment rectangulaire à une centaine de mètres. Le refuge était tout proche, les lanternes des alentours lui indiquaient le chemin.

Elle passa un pied tremblant devant l'autre... et répéta l'opération, mais elle fut stoppée net.

Le conducteur un peu pressé passa furieusement à côté d'elles... Il ne fut que les effleurer, mais à ce stade, ce fut plus que suffisant pour que Kiso tombe au sol tête la première contre le goudron.

  • Putain... mâcha-t-elle avec énervement.

Elle sentit que sa mâchoire avait claqué à l'impact, mais n'y prêta pas attention. Kiso tenta de se relever, mais le poids qu'elle avait sur le dos l'en empêcha.

« Et dire que je trouvais que c'était un poids plume, j'ai l'impression qu'elle pèse une tonne maintenant » pensa la guerrière . Sa réflexion l'a fait doucement rire malgré la situation.

  • Kiso ? Une voix grave familière l'interpella.

La jeune femme releva péniblement la tête, puis arbora un sourire malgré la douleur que lui provoquait sa mâchoire.

  • Anthony... tu ne sais pas à quel point ça me fait plaisir de te voir.

  • Dans quoi tu t'es encore fourré petite... murmura la voix grave. Estéban, Sébastian, venez là. Hé petite reste avec moi, c'est qui elle Paquita ?

Kiso prononça quelques choses qu'elle-même ne comprit pas. Sans doute sa mâchoire fut plus atteinte qu'elle ne le croyait. Elle se mit à rire sans savoir pourquoi, ce qui inquiéta davantage le vieil homme.

Elle était complètement KO.

L'adrénaline quittait peu à peu son corps et une grande fatigue parcouru son corps. Elle n'entendit que quelques bouts de phrases, ses sens l'abandonnant.

Elle eut des petites pertes de connaissance et soudains, la guerrière s'est retrouvée bras dessus bras dessous avec deux personnes la soutenant. Ses pieds glissant sur le sol, mais heureusement ce maudit poids sur son dos n'était plus là.

« Attend, mais où elle est passée si elle est plus sur mon dos ? » pensa son esprit vaseux. Grognant, Kiso pressa sur ses jambes pour s'arrêter. La guerrière sentait qu'on essayait de l'emmener en tirant sous ses bras, mais elle tenait sa position. Elle tenta de parler, mais seul des bruits sans sens sortaient de sa bouche. Impossible de former la moindre phrase.

  • Calme-toi Kiso ! On t'emmène au doc.

Un frisson lui parcourut l'échine à ce mot, la guerrière luttant davantage. Elle tenta de mettre une droite à l'un des deux qui la tenait. Mais lorsqu'elle essaya de bouger son épaule, une douleur aigüe suivit d'un craquement sec le lui interdit.

  • Arrête de t'exciter. Regarde, c'est moi, c'est Sébastian.

Kiso senti qu'une main froide leva légèrement son front. La fraîcheur lui fit du bien. Son œil non gonflé aperçut une tignasse brune amicale. Teint mâte, mâchoire lisse et barbe de trois jours. À sa vue, elle se calma.

  • On ne va pas t'emmener à l'Hosto, on n'est pas con. Poursuivit l'autre à ses côtés.

Elle posa son regard à sa gauche : châtain, sourcils épais, la grande moustache imitant celle d'Anthony. Estéban avait toujours su trouver les bons mots au bon moment. La jeune femme se laissa porter jusqu'à une sorte de banc. Le contact froid du meuble en pierre lui était familier et elle souffla enfin... elle était à la maison.

  • Bonsoir Kiso. Estéban, Sébastian, vous pouvez nous laisser.

Elle aperçut ses deux amis acquiescer rapidement. L'un d'entre eux tapota amicalement son épaule, puis se ravisa en voyant Kiso se tordre de douleur.

  • Désolé ! On sera là à ton réveil.
  • Ouais ! Et celui qui s'en est pris à toi, bah il aura affaire à nous !

La remarque d'Estéban l'a fait rire, mais la douleur dans les côtes lui fit regretter. Le doc attendit patiemment que les deux hommes quittèrent la pièce, puis il se tourna vers elle. Ses yeux de reptiles rendaient la tâche impossible à Kiso qui tentait de lire son diagnostic d'après son regard.

Le médecin fit glisser une étagère métallique à roulette au pied du plan de travail. Il enfila ses gants, disposa ses outils dans un sens horaire méticuleux. Puis, lança d'un ton monotone cachant faussement son enthousiasme.

  • C'est parti.

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Un hurlement terrifiant tira Pauline de son sommeil. Réveillée en plein sursaut, son cœur battait à toute vitesse. Elle calma sa respiration, la main contre sa poitrine, son cœur douloureux ralentissant peu à peu pour retrouver un rythme normal.

Où était-elle ? Elle ne reconnaissait pas cette couette rouge. Ni ce lit trop bas et encore moins la pièce en elle-même. La salle était terne. Une lumière jaune tamisée illuminait le tout et une tapisserie d'un autre âge recouvraient les murs. Pauline remarqua l'absence de mobilier mise à part le lit, une table basse ainsi qu'une chaise collait à un bureau.

Tout était fait d'un vieux bois sombre comme chez ses grands-parents... Ou alors comme un de ces films pornographique Vintage ! Comme pour corroborer sa pensée, un nouveau cri intensif la fit tressaillir. C'était en dessous d'elle, surement dans un sous-sol. C'était ça, elle s'était faites kidnapper.

Pauline tenta de se lever, mais une pression sur son épaule lui en empêcha. La jeune femme remarqua alors un homme à son chevet et elle poussa un cri de surprise. Pourtant, sa réaction amusa l'homme qui se mit à rire d'une voix rauque.

Pauline se calma légèrement en voyant que le vieillard était celui qu'elle avait vu au parc auparavant. La situation était lié à son dessin ? Son père lui disait toujours que ses « petits croquis » lui causerait un jour des soucis... Mais jamais elle n'aurait pu penser que ce genre de choses se passerai ainsi.

Malgré l'attitude bienveillante de l'Homme, elle ne put baisser sa garde.Elle fit un sourire courtois en retour.

  • Moi, c'est Anthony. Tu dois être un peu perdu pas vrais ?
  • Enchantée...

Elle arrivait à peine à parler. Sa gorge était desséchée. Le vieillard lui tendit un verre d'eau qu'elle but d'une traite, mais avec une élégance qu'il remarqua.

  • Merci. Je m'appelle Pauline, enchantée... Je... j'espère que je ne vous ai pas causé de problème.

Les yeux du vieil homme était caché derrière ses sourcils. Pourtant, le fait qu'il se gratte la nuque et lâche un soupir ne fit que confirmer ses craintes.

  • Je suis désolé. Je ne sais pas ce que j'ai fait, mais je vous dédommagerai.

Anthony posa sa main sur celle de Pauline. Elle ne s'était pas rendu compte qu'elle s'était mise à serrer les draps. Mauvaise habitude.

  • Eh bien Pauline, content de voir que tu t'es réveillé.
  • Oui... mais où suis-je ? Demanda-t-elle faiblement.
  • Dans mon bureau et ma chambre occasionnellement. Répondit le vieil homme calmement
  • Excusez-moi mais... Pourquoi je suis chez vous Monsieur ?

Anthony ne répondit pas tout de suite. Il ouvrit doucement un tiroir de la commode, y sortit tabac. Il dévoila soudainement sa main droite cachée dans un gant en cuir. Révélant une main entièrement métallique. Il pressa sur un des verrous accrochés à la structure, sa main se transformant dans un cliquetis métallique en une pipe de fer.

Il posa le tabac dessus et alluma le tout dans un ensemble de geste coutumier : L'un des petits tuyaux situés en dessous de la pipe fit office de petits chalumeaux quelques instants avant de s'éteindre. Il prit deux bouffées qu'il expira tranquillement par sa bouche et ses narines.

Pauline observa silencieusement la scène. Elle avait déjà vu certaines personnes porter des modifications. Mais celle d'Anthony recouvrait de la main jusqu'au coude, et ça, c'était une première pour elle. Mais même si c'était mal vu d'où elle venait, elle fit comme si de rien n'était.

  • Kiso t'a amenée ici cette nuit. Elle était amochée et toi, tu étais dans les vapes. C'est tout ce que je sais.
  • Kiso... murmura Pauline.

Le nom lui était étranger. Mais des souvenirs brumeux lui revenir peu à peu tout comme un mal de tête chronique. Il pleuvait... elle s'en souvenait, elle était trempée et ses pieds s'étaient mis à saigner à cause de ces maudits talons. Quelques choses de mal étaient sur le point d'arrivée. Une sorte de grosse voiture la suivait. Des personnes masquées ont commencé à crier sur elle...

Tout était flou et elle se souvient tout faire pour les éviter... puis elle se rappela d'un visage caché derrière une capuche sombre un peu plus loin. Des yeux à l'iris vert la fixant. Puis, le néant.

  • Vous croyez qu'elle m'a sauvée ? Je me souviens d'être complètement perdue... pourtant j'étais sûr d'avoir pris le bon chemin.
  • Et, tu devais aller où ? Chez toi ?
  • Oui. Répondit-elle en souriant. 21 Boulevard Furge.

L'absence de réponse de la part d'Anthony qui reprit une bouffée d'herbe lui poussa à préciser.

  • Dans les quartiers des Krums.
  • Le quartier des Krums ? De la haute ville ? Demanda Anthony sur un ton neutre.
  • Oui, pourquoi cela ? Pauline écarquilla les yeux, elle ne s'était pas perdue à ce point quand même.
  • Car on est à DownStreet ici, au quartier F pour être précis... si on peut l'être ici.

Pauline sentit un frisson d'effroi parcourir son échine. Le quartier F ?! Elle ne s'y était jamais rendue, mais en avait bien entendu parler : « zone sans contrôle » ; « émeute sanglante » ; « crime organisé » ... Une liste sans fin de fait divers lui vint en tête. Elle avait bien de la chance d'être en vie alors.

  • Ce n'est pas étonnant de savoir que tu n'es pas d'ici. Puis porter ça à ton cou, c'est comme être une cible pour tous. Les puristes ne sont pas aimés par ici.

Elle regarda atourcou et vu son pendentif qu'elle portait depuis sa naissance : fait d'acier, en symbole d'une torche, le symbole des puristes était facilement reconnaissable. Mais cela ne l'avait jamais causé problème.

  • Comment ça ? Demanda-t-elle timidement.
  • Disons qu'ici, on n'a pas tous eue le choix d'avoir ces amélioration. Et la maintenance coûtant plutôt chère... certains peuvent être jaloux.
  • Je comprend. murmura-t-elle.

Elle n'y connaissait rien en politique, mais elle avait était une source de problème pour sûr. Pauline regarda Anthony les yeux pleins de reconnaissance, puis baissa solennellement la tête. Anthony leva un sourcil étonné.

-Je suis désolé du trouble causé. Je ne veux pas vous déranger plus longtemps.

Pauline tenta de se lever tout en prononçant sa phrase, mais une douleur fulgurante dans le haut de son dos la stoppa nette dans son élan. Elle poussa un petit cri de douleur, Anthony l'aida à se recoucher. Il lui donna un nouveau verre d'eau qu'elle but tout aussi rapidement.

  • 41e règle de DownStreet. Si on se réveille dans un lieu qu'on ne connait pas. Vérifier chez qui on est, et dans quel état on est.

Pauline regretta de ne pas avoir connue cette règle plus tôt. Elle peina à bouger la tête, mais parvint à voir les bandages qui entourait soigneusement son cou. Si des résidus de peur lié à l'intention de son hôte était encore présent dans son esprit, ce n'étais plus le cas désormais. Mais tout de même... le secteur F... Elle se souvint alors de qui l'avait sauvé de cette situation. Elle avait quelques choses à faire.

  • Vous... vous avez parlé d'une Kiso qui m'a amenée ici Monsieur. Est-ce que je pourrais la voir ?
  • Tu ferais mieux d'attendre demain, que ta fièvre tombe. Puis, elle doit surement dormir.
  • Oh je comprends, ce n'est pas grave. Répondit Pauline un peu déçu.

Anthony la regarda sans rien dire un mot quelques instants, et repris lentement.

  • Kiso m'a toujours bien fait comprendre de laisser aucun inconnu l'approcher quand elle squatte ici. Mais bon... Pauline écoutait attentivement son hôte. Si l'inconnue en question, se montrait assez persuasif, je pourrais la laisser y aller.
  • Oh, je vois. Dans mon sac, je dois avoir 500 crédits. Est-ce suffisant ?

Anthony secoua la tête négativement. Pauline ne saisit pas le sens de tout ceci. C'était cinq fois le salaire mensuel minimum. Pourtant, elle reconnaissait bien la tournure phrase La corruption, c'était son quotidien après tout et avec 10 ou 20 crédits les gens s'en contentait d'habitude.

  • L'argent, ne m'intéresse pas. Non, quand je parle de persuasion, je parle de détermination et motivation. Qui serais-je pour arrêter une personne comme ça ?

Pauline ne savait pas si le vieil homme était sénile ou juste étrange. Qui dit non à l'argent ? C'est plutôt l'argent qui dit non aux gens d'habitude.

  • -Mais, si ce n'est pas l'argent, alors que voulez-vous ?
  • -Tout dépend de ton intention à toi, pourquoi tu désires la voir ?
  • Plusieurs pensés traversèrent l'esprit de la citadine. Mais pour l'une des rares fois dans sa vie, elle parla sans réfléchir et sa voix sans même fléchir.
  • -Je souhaite voir celle qui m'a aidé. Déclara-t-elle.

En quelques instants seulement, Pauline se retrouva devant une lourde porte en Acier. Pour arriver là, ils n'avaient fait que descendre quelques escaliers et traverser quelques couloirs métalliques. « Étrange cave » avait-elle pensé.

C'est vrai que la structure ici-bas était faîte de métal et de tuyauterie. Le tout donné une étrange impression qu'elle se trouvait dans les entrailles d'une vielle machine. La porte se fondait tout à fait dans le décor : des boulons et plaque métallique la recouvrant, une sorte de hublot en son centre. On croirait voir les portes des sous-marins dans un de ces vieux films d'espionnage.

Anthony était sur le point d'ouvrir la porte, mais elle s'ouvrit d'elle-même dans un grincement mécanique. Elle s'ouvrit lentement, laissant quelqu'un sortir : Grand, très grand et très mince, portant chemise blanche et pantalon noir. Il avait des cheveux sombres plaqués en arrière collant parfaitement aux traits fins du visage qui se trouvait devant eux. Pauline eue un haut les cœurs en voyant la tunique du scientifique. Sa blouse, ses gants et même ses chaussures était couvertes de taches de sang.

  • Bonsoir Anthony.

Le vieil Homme salua l'interlocuteur d'un geste de la main. Les petits yeux de l'Homme se tournèrent vers Pauline, soutenue par Anthony.

  • Oh, tu dois être la bourgeoise, c'est bien cela ? Moi, je suis le docteur.
  • La... bourgeoise ? Questionna-t-elle perplexe.
  • Oui, il semblerait que c'est le nom que Kiso t'a donné. Elle l'a beaucoup répété durant l'opération "maudite bourgeoise" ou "qu'est-ce qu'une bourge foutait là?"

Anthony pouffa légèrement tandis que le teint de la dame vira au rosé. Le « médecin » retira ses gants et les jeta dans une petite poubelle avoisinant l'entrée.

  • Je suppose que vous venez la voir ? Elle est dans les vapes.
  • Mais elle ira bien ? S'enquit Pauline.
  • Oui, pourquoi cela ? Je sais faire mon travail mademoiselle. Répondit-il.

Le Docteur lui jeta un regard inquisiteur. Pauline baissa timidement les yeux, elle ne voulait pas remettre en cause son travail. Elle s'inquiétait, voilà tout...

  • Soit gentil Joseph, elle vient d'en haut la petite dame. À ce simple mot, le docteur baissa la tête et inclina son corps filiforme devant Pauline.
  • Excusez-moi, madame. Le travail s'avéra plus long que prévu et je n'aime pas quand les choses sont... imprévues voyez-vous ?
  • Ne vous excusez pas. Je comprends parfaitement puis je suis sûr que vous avez fait un travail fantastique. D'ailleurs si vous m'avez soigné, je vous remercie. Enchérit-elle
  • Ce n'était trois fois rien, mais c'est un honneur que d'avoir pu vous soigner. Et ne vous en faîte pas, je n'ai pas eu besoins de retirer vos vêtements.

Elle écarquilla les yeux. Pauline n'avait même pas réfléchi à cela lors de son réveil. Elle devait vraiment faire plus attention...

  • Vous pouvez rejoindre la patiente. Anthony, j'aimerais discuter avec toi avant que tu ne la voies.
  • Ça ira pour marcher ? Demanda Anthony.
  • Oui Monsieur.
  • Alors qu'est-ce que tu attends ?

Pauline sourit puis rentra dans la pièce. Marcher était toujours douloureux, mais la curiosité de voir son visage l'emporta sur les blessures que ses pieds avaient. La pièce se révélait spacieuse, les murs couverts de métal, le sol couvert d'un carrelage blanc. Des étagères et petite table fine fait de plastacier était entreposées ici et là. Mais ce n'étaient pas ça qui l'intéressé. Ni cela, ni les outils aiguisés de médecin, classer méthodiquement du plus petit au plus grand.

Non, son attention se focalisa plutôt vers l'un des coins des murs. Un lit fixait au mur était là. Fait d'une pierre brute, des tissus et mouchoirs remplis de sang se trouvait au pied du lit. Macabre.

Un corps était allongé dessus. Couché sur le dos, la tête surélevée par un épais coussin. Son corps recouvert de bandage ne laissant apercevoir que des fragments de sa peau.

Sa peau était claire tout comme la sienne, mais bien plus sale. « Pourquoi il ne l'a pas lavé » s'énerva Pauline. Ce médecin était décidément plus que douteux sur son champ d'expertise.

  • Bien, je vais le faire moi-même.

Pauline repéra un lavabo proche du « lit ». Elle imbiba quelques lingettes d'eau et d'un produit qu'elle reconnut être du savon (mais certainement pas de la marque), et se posa à côté du corps.

La bourgeoise s'arrêta en remarquant que, mis à part le bas de son corps couvert par un pantalon jogging kaki... le haut de son corps était, nue. Elle se couvrit les yeux intuitivement, laissant un petit couinement gêné siffler entre ses dents. « Il aurait pu prévenir ! » pensa-t-elle.

La bourgeoise hésita un instant, elle savait qu'au fond ce n'était pas vraiment polie, mais la curiosité l'emporta finalement. Elle laissa deux de ses doigts couvrant ses yeux s'écarter légèrement pour la laisser entrevoir la scène. Et elle ne fut pas déçue.

Kiso était recouverte de bandage, le médecin ayant plus qu'utiliser ses épaules comme point de fixation, les seins de la femme était donc entièrement caché par le tissu. Pourtant, vu de près, elle pouvait voir aisément la musculature impressionnante de la guerrière. La vue n'était pas déplaisante.

Qu'il s'agisse de ses bras où le tissu dessinait parfaitement la forme des muscles prédominant ou alors des plaques d'abdos dessiné sur son ventre... même son cou semblait entrainé. Malheureusement, on ne pouvait voir qu'une petite partie de son visage : seul une petite zone autour de son œil droit n'était pas cachée par les bandages ensanglantés.

  • Tu as l'aire sacrément mal en point... murmura sombrement Pauline.

L'état de la combattante avait fait disparaitre la timidité de Pauline. Vu son état, elle l'avait sauvé et en avait payé le prix. Pauline voyait respirer Kiso d'un rythme lent mais constant. Elle dormait tranquillement, c'était déjà ça au moins. Elle savait ce qu'elle devait faire désormais. C'était à son tour de s'occuper d'elle.

Lorsque Anthony rentra plus tardivement dans la pièce, il s'arrêta au pallier puis observa silencieusement.

  • Pour un loup solitaire, tu sembles bien entouré pour une fois Paquita.

La scène était chaleureuse à la vue : Estéban et Sébastian assis sur deux chaises au pieds du lit, tête posée l'un sur l'épaule de l'autre, endormies. Et l'inconnue ses mains sales tenait des lingettes recouvertes d'un mélange de saleté et de sang. Elle était couchée sur le ventre de Kiso, les deux dormaient paisiblement.

Anthony referma la porte métallique derrière lui sans un bruit.

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