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Il avait vu faire ce qui allait se passer, poussant encore sa tension. Allait-il pouvoir le faire ? Macodou se mit sur le dos, ouvrant ses merveilleuses jambes, redressant son postérieur pour offrir sa fleur dans une noirceur affolante. Gilles caressa délicatement et respectueusement l’endroit. Avait-il le droit ? Les mains de son amant le tirèrent, attrapant son dard pour l’aider à le planter. Les grands yeux sombres l’encourageaient, le sourire l’invitait. Il s’avança, fit une pression et fut avalé si facilement qu’il en fut étonné, sans se douter des longues expériences de son partenaire qui avaient préparé cette pénétration. L’impression était curieuse, mais combien plaisante ! Tout à ce ressenti, il ne bougeait pas, malgré les appels du bout des doigts de son amant. Tellement heureux, il voulut se pencher pour l’embrasser. Sa souplesse et son embonpoint empêchèrent cette approche. Gilles avait soudainement besoin d’un partage total. Il se retira, vint se positionner contre le dos de Macodou qui leva une jambe, permettant à Gilles de le pénétrer à nouveau. Cette fois, Gilles sentait la peau et la chaleur de son compagnon. Ce dernier tourna la tête et leurs lèvres se fondirent. Gilles pleurait doucement devant tant de béatitudes, laissant Macodou faire les mouvements de son plaisir à son rythme. Il voulait donner, pas prendre. Sentir ce corps jeune frémir décuplait les sensations. Il avait perdu son esprit, se concentrant sur ce que le corps de Macodou lui apportait. Soudain, il explosa avec une force incroyable, le laissant anéanti. Il entendit le long gémissement de son partenaire qui vint reposer ses lèvres, comme un remerciement. Ils restèrent immobiles longtemps, avant que Macodou se détache et vienne le recouvrir de son corps. Il était si léger, si enveloppant. Puis il s’écarta brusquement et Gilles sentit la fraîcheur sur son sexe libéré. Il venait de faire acte d’homme ! Même si ce n’était pas avec une femme, il était désormais pleinement un homme ! Il partait dans une douce somnolence, sans prêter attention à son partenaire. Ce dernier revint le couvrir de sa chaleur. Gilles le serra fortement, par reconnaissance, par amitié, par enivrement de son odeur, amplifiée par leur acte. Puis Macodou recula, se redressa avant de tirer Gilles au bord du lit et de prendre ses jambes sur ses épaules. Ce dernier, amusé et confiant, se laissait mener. Il comprit seulement à la première pression l’attente de Macodou. Un réflexe lui fit serrer le sphincter. Après un moment, il sentit une caresse humide. Il ne savait pas ce qu’il devait faire, devinant que, contrairement à leur position précédente, son acceptation le ferait basculer vers ce qu’il avait toujours honni et espéré.

Macodou était si beau, si fin, si gentil. S’offrir à lui n’était pas, ne pouvait pas être pêché. Il laissa le doigt flatter sa rondelle, puis s’introduire. Ce n’était pas si terrible, même quand le doigt était à fond. Soudain, il ressentit des ondes d’une force incroyable le soulever. Il commençait à partir quand le doigt se retira. Il accepta la pression quand elle revint, sans se douter que cette fois, Macodou avait présenté son engin. Avant d’avoir pu réagir, il était pénétré, déchiré par la taille. Il s’obligea à un relâchement, puisque chaque contraction amplifiait la douleur. Macodou devait savoir, car il ne bougeait pas. Quand les spasmes s’espacèrent, la douleur diminua. Se sentir ainsi possédé était spécial, avant qu’il en accepte la plénitude. Il était l’objet de plaisir de son dieu et cela le remplissait de bonheur. Il était prêt ! Il ouvrit les yeux, sourit à son tortionnaire qui se pencha pour un baiser. Il démarra de lents mouvements qui relancèrent la douleur. Puis elle s’effaça et Gilles ressentit entièrement chaque friction. Les ondes si fortes revinrent et il fut emporté dans un tourbillon. Il sentit les contractions de Macodou qui l’emportèrent à son tour. Ce dernier s’immobilisa avant de chuter sur lui pour un dernier baiser. Son retrait fut un double déchirement.

Allongés l’un contre l’autre, ils n’en avaient pas fini. Gilles voulait conserver le corps de Macodou en lui, contre lui, se fondre sans fin dans cette jeunesse et cette grâce. Macodou savait apaiser ces derniers sursauts par des gestes ouvrant sur une suite. Cela avait été d’une rare intensité.

Si on lui avait dit… Quel magnifique cadeau il avait reçu, si loin des souhaits des donateurs ! Et tant pis pour son dégoût des noirs, tant pis pour les manifestations homophobes auxquelles il avait participé. Tant pis pour sa réputation, son estime personnelle. Seul Macodou comptait. Gilles se demanda maintenant s’il n’avait pas raté sa vie, toute sa vie, avant cette rencontre improbable. Il regrettait maintenant d’avoir nié cet attrait vers les garçons, d’avoir repoussé avec méchanceté cette avance lorsqu’il était louveteau. Il avait été dur, parce que le garçon était mignon, trop, pour ne pas le faire basculer dans les interdits redoutables. Plus tard, en internat, une deuxième chance s’était offerte quand il avait surpris deux camarades en position. Comme il ne les avait pas dénoncés, ils lui proposèrent de l’associer. Pourquoi avoir refusé ? C’était pour ne pas être tenté à nouveau qu’il avait milité contre sa nature profonde.

Peut-être était-ce pour cela qu’aucune fille ne l’avait vraiment intéressé. De toute façon, il n’aurait jamais pu se vivre comme déviant. Cela aurait été ingérable. Jamais son père, sa mère n’auraient toléré. Peut-être son destin avait-il été d’attendre la révélation ? Il n’avait pas le droit de trahir. Il venait de la faire et il était vivant, encore plus vivant qu’avant !

La fatigue l’assommait, les questions le titillaient, la plénitude l'habitait. Il avait la main posée sur ce sexe si beau, si vibrant, posé sur la soie de cette peau noire, si belle.

Il fut surpris d’un effleurement de ses lèvres et d’un murmure :

— Ne te pose pas de questions. Vis !

Un sommeil bienheureux l’emporta.

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