Chapitre 28

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MATT

Plus les minutes passent, plus mes forces s'affaiblissent et plus je réalise que c'est fichu pour Mélody. Je le sais au fond de moi mais je ne veux pas admettre que je n'ai pas réussi à la sauver et ça, je l'aurai toute ma vie sur la conscience. Je n'ai pas été suffisamment attentif à la gravité de la dépression de Mélody, jamais je n'aurai pensé que cette histoire aille aussi loin et en même temps, il y a d'autres problèmes à gérer comme ceux de la famille.

Bien souvent, Patrick me laisse annoncer la triste nouvelle aux proches lorsqu'il y a décès des victimes parce que d'après lui je fais preuve de bienveillance et de compassion avec les bons mots. Mais à cet instant c'est impossible pour moi de m'imaginer en train de faire part du décès de Mélody à ses parents et pourtant, je vais devoir le faire. J'ai dis à Patrick que j'allais arriver à maîtriser mes émotions lors de cette intervention, je n'aurai donc pas le choix.

  • Matt, laisse le défibri prendre le relais ! Me conseille Ethan en me ramenant le gros boîtier.

  • Merci ! Répondai-je automatiquement en me saisissant de la valise que j'ouvre, et commence à effectuer les gestes sans réfléchir.

Je peux voir ses yeux briller légèrement, je peux comprendre parfaitement ce qu'il ressent à l'instant même, j'ai été moi même responsable lorsque Lélia a fini dans le coma suite à notre rupture. Ethan se sent coupable du suicide de Mélody et il n'y a rien de plus horrible que d'être dans cette situation.

Je détourne la tête lorsque le corps de Mélody est choqué par les électrodes, le bruit de son corps dans l'herbe m'arrache quelques grimaces et frissons glacials.

Je reconnais au loin l'uniforme des employés du SMUR, je me raidis et m'apprête à bondir lorsque les bras fermes du lieutenant Varnier me maintiennent en arrière de manière ferme qu'il m'est impossible de bouger un seul orteil.

Puis le défibrilateur retentit, Ethan me tape l'épaule pour me le faire constater. L'activité cardiaque de ma meilleure amie a donc reprit.

Mélody s'agite dans son état comateux, nous lui arrachons les électrodes puis son corps a un réflexe de rejet de l'eau qu'elle a ingurgitée durant sa noyade. Je la redresse jusqu'à que cela se termine, son corps git dans mes bras.

Quelques instants ses yeux s'ouvrent ainsi que ses lèvres comme si elle voulait dire quelque chose, je l'enroule dans la couverture de survie que l'on m'avait mis sur le dos pour me réchauffer, et la serre fort contre mon torse.

  • Ma.........................tt............................. murmure t-elle difficilement en essayant de me caresser la joue, je l'aide dans son geste puis prend sa main entre les miennes pour la baiser de manière appuyée et soulagée.

Mes yeux se troublent de nouveau, je lui souris.

  • Tout est terminé Mély, ça va aller, tu vas t'en tirer ! Je ne sais pas comment c'est possible mais ça va aller, ils vont s'occuper de toi ! M'exclamai-je d'un ton rassurant. (Je me penche pour chuchoter à son oreille) J'ai récupéré ton portable, on va essayer de privilègier la piste de l'endormissement au volant, je ne veux pas que tu ailles en psychiatrie... Tu aurais tout à perdre... C'est bon vous pouvez l'emmener !

Mélody m'adresse un demi sourire avant de tomber dans l'endormissement, je n'espère pas le coma.

***

Ereinté, il est venu pour moi le moment de rentrer au domicile. J'espère que ma femme ne me fera pas la morale pour la nuit précédente où je l'ai laissée toute seule, je n'ai vraiment pas la tête à subir une embrouille, j'ai plutôt besoin de réconfort surtout que je n'ai pas eu la permission de pouvoir revoir mon amie.

Je referme délicatement la porte derrière mon passage, et ma belle brune franchit le seuil de la porte vêtue dans une jolie nuisette, ses longs cheveux bruns sur le côté de son épaule gauche.

  • Ohhhhh mon coeur murmure t-elle en tendant sa main vers ma joue mal rasée, cela me rappelle le geste que Mélody m'a apporté avant de s'endormir. Clément m'a envoyé un sms, j'ai appris ce qui est arrivé à Mélody, j'ai su que c'était toi qui est intervenu, je suis désolée...

  • Tu n'y es pour rien rétorquai-je en m'appuyant contre le mur, les larmes aux yeux. (Lélia me prend dans ses bras, puis me dévisage inquiète, je ravale en toute discrétion les larmes qui ont failli s'échapper) cela faisait un moment qu'elle n'était pas bien, on le voyait bien mais on n'aurait jamais pensé qu'elle puisse tenter de mettre fin à sa vie ! Je m'en veux tellement de ne rien avoir pu faire, j'espère qu'elle ne terminera pas en séjour psy !

  • Je suis là mon amour, et même si je n'y suis pour rien, je m'en veux de t'avoir mal fait commencer la journée... Je vois bien que tu en as gros sur le coeur ! Si tu as besoin de ... Je suis là, tu peux. S'exclame t-elle en posant ses lèvres sur les miennes ce qui fait exploser violemment les émotions que j'ai essayé de contenir au mieux durant l'inter. (Je me laisse aller dans ses bras). Oui, c'est bien mon chéri, pleure un bon coup c'est normal avec ce que tu as vécu ces temps plus de voir Mél à moitié morte... ça va te faire du bien mon coeur.

  • Merci ma puce, si tu savais comment je me sens mal, c'était éprouvant puis c'est un tout, Naïs, le bébé puis Mélody... Je n'arrive plus à gérer tout ça, j'ai besoin d'évacuer... Je n'ai pas aimé que l'on se dispute toi et moi, surtout quand on voit à quel point la vie est courte... murmurai-je en m'essuyant les yeux et en soupirant bruyamment. Donc d'après ton sms de ce matin ... Tu comptes avorter ?

LELIA

Je me mords la lèvre pourquoi veux-t-il parler d'un sujet qui fâche et surtout dans l'état dans lequel il est actuellement ? Je me colle à lui de face et pose mes mains sur ses joues ne le quittant pas des yeux.

  • Cela te fait du mal ? Demandai-je. Je n'ai pas le choix, Matt.

  • Bien sûre que cela me cause souci bébé, je t'aime et je me faisais une joie de t'accompagner dans ta grossesse, voir ton ventre s'arrondir et tu ne crois pas que Naïs ne devrait-elle pas seulement accepter ? C'est dur de savoir que cet enfant ne m'appellera jamais '' Papa '' parce que nous lui aurons ôté la vie.

  • Elle n'y arrivera pas Matt et je ne voudrai pas qu'elle finisse comme Mélody si nous n'écoutons pas un peu mieux ses craintes ! Naïs est fragile, sensible et le verdict lui a mis un sacré coup sur la tête... Cela ne serait pas intelligent de la part de deux adultes mâtures de l'enfoncer plus bas que terre ! Et puis est-ce si important que ça que l'on ait un enfant ? est-ce que c'est indispensable à notre couple ? Pour moi ma petite soeur est au dessus de tout ça ! Lui expliquai-je en faisant des gestes.

  • Putain Lélia elle n'a qu'à vivre avec ! Comme tout pleins de gens d'ailleurs !!! Et nous nous serons là pour elle comme on l'a toujours été depuis que tu l'as retrouvée, cela ne changera rien à son amour pour toi ! Et nous le bébé, ça n'empêchera pas de l'aimer elle ! Bien sûre que c'est important, pour moi c'était l'avenir le plus proche que j'envisageais avec toi ! Tu ne peux pas dire que ça ne compte pas ! S'emporte mon homme.

  • Tu penses bien comme un mec, Matt ! M'enervai-je en croisant les bras contre ma poitrine, ce qui la fait ressortir un peu plus de ma nuisette. Je ne conçois pas les choses de la même façon que toi ! A un moment faut arrêter d'être égoïste ! (PUTAIN ET ELLE, ELLE NE L'EST PAS ?!!!) NON !

  • Ouais appelle ça comme tu veux ! Riposte t-il. De toute façon ce n'est même pas la peine que l'on échange à ce sujet, tu es têtue et bien arrêtée sur ce que tu veux pour ta soeur ! Tu ne prends pas en compte mes arguments ! Donc le sujet est clos !

  • Merde tu n'es pas têtu et borné toi peut-être ?! Arrête de te croire parfait, tu ne l'es pas crois moi ! Pfff tu te prends pour qui ?! L'engueulai-je furibonde.

Matt soupire en se servant un verre de bière tout en me dévisageant d'un air noir, le niveau de la bière s'arrête pile au contour du verre. Je le regarde en biais, boire plus de la moitié de son verre. Très vite le verre est vide, qu'il s'en reprend une seconde, je lui arrête le poignet avant qu'il décapsule la seconde.

  • Stop mon coeur, ça ne vaut pas le coup franchement m'exclamai-je.

  • Fous-moi la paix, tu m'as mis en rogne, ce n'était pas le moment de parler de ça ! Grogne t-il. J'ai besoin de me sentir léger !

  • C'est bon, je te laisse tranquille uniquement si tu la re pose s'il te plaît Matt, écoute-moi au moins à ce sujet !!!!

Hésitant il remet sa prise à l'intérieur du frigo sous mon air mi-inquiet mi-énervé.

  • Tu vas où ?!!! M'exclamai-je.

  • Prendre ma douche et au lit ! Je suis fatigué Lélia !

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