Chapitre 52

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MATT

Le soir tombe, le feu crépite dans la cheminée, l'ambiance conviviale est au rendez-vous. Je me charge du service avec mon papa qui je dirai à quelques verres en trop dans le sang puisqu'il rigole bruyamment et me prend par le cou.

Je re gagne la table aux côtés de Clément, Lélia et Naïs juste en face de nous. Nous discutons entre jeunes alors que les parents et oncles et tantes bavardent de leur côté. Anaïs me regarde avec insistance, j'espère ne pas m'être salit en mangeant.

  • Putain j'avais jamais remarqué ! S'exclame t-elle avec un air choqué. Tu te prends des cheveux blancs mon vieux !

'' Merci Anaïs Gomez de me faire remarquer ! C'est une remarque très pertinente ! Tssss ! Je sais très bien ! Et cela se voit bien dans mes cheveux bruns... "

  • Ouais, la faute à qui ! Lâchai-je en ayant pas pu m'en empêcher, je regarde un coup Lélia un coup Anaïs. Avec toutes les emmerdes et le stresse que j'ai eu, faut pas chercher ! (Je parle un peu sèchement et agacé de cette petite réfléxion).

Océane me caresse le poignet se trouvant à côté de moi pour essayer de me détendre, ses mains douces ont l'effet voulu, je me relâche un peu.

  • Mais rassure-toi ça a du charme ! S'exclame Livia sans doute pour rattraper le coup. Puis y'en a que dalle ! Juste deux trois ! Ce n'est rien Matt ! Moi aussi j'en ai quelques uns ! Je fais des couleurs pour les planquer !

  • Ouais nan mais tu me vois faire une couleur sérieux ! Tentai-je d'ironiser la situation alors que clairement la remarque de ma belle-soeur m'a un peu piquée.

  • Franchement j'avais jamais remarqué s'exclame Clément.

  • Mais arrête Clém ça se voit grave à la lumière ! Continue Anaïs.

Qu'elle me saoule la merdeuse ! Je risque de la rembarrer si elle continue de m'emmerder !

  • Anaïs, je serai toi je la bouclerai parce que tu me pète les couilles depuis quelques temps !!! M'emportai-je d'un ton ferme souhaitant leur montrer que Matt Bonnier sait aussi se rebiffer. Tu n'as rien à dire avec tout ce que tu nous as foutu dans la gueule avec la grossesse de Lélia !

  • Pas si fort Matt ! S'exclame t-elle en agitant ses bras croyant que je vais me taire.

  • T'as bien de la chance que je n'hausse pas plus le ton que ça, je pourrai très bien faire le salaud et tout déballer devant tout le monde ! Ripostai-je en me levant. Donc maintenant tu fermes ta gueule !

Les têtes de ma famille se tournent dans ma direction, je déteste me faire remarquer, je reste planté debout comme un imbécile.

  • Viens, Matt me chuchote Océane en me tirant le bras pour que l'on se mette un moment dans notre chambre, j'aime beaucoup cette fille, elle est douce et compréhensive. Un instant on revient !

Elle referme la porte de la chambre et me lance un regard interrogatif. Je n'ai pas envie de parler !

  • Je te comprends, c'est normal que tu aies envie de péter un câble contre elle, elle vous a déchiré ! S'exclame t-elle les yeux brillants. Et ... ça me fait de la peine pour vous, enfin surtout pour toi ! T'es un homme gentil qui ne mérite pas tout ça... Tu sais, tu n'es pas obligé de lui pardonner juste parce que c'est ta belle-soeur, ne te force pas en tout cas ! Et si tu as besoin, je suis là ! (Elle caresse mon bras, je finis par l'enlacer ayant besoin d'une gentille présence féminine, la sienne que j'apprécie).

  • Merci, Océ ! Si tu savais comme ça me fait du bien tout ce que tu me dis et d'être dans tes bras ! Toi aussi tu es une belle personne, si j'avais su j'aurai rencontré quelqu'un comme toi, t'inquiètes pas je ne suis pas amoureux de toi mais tu as une belle personnalité et tout ce qu'il faut ! Je suis content que Raf soit tombé sur quelqu'un comme toi ! Mais grave que je lui en veux, j'ai envie de l'étriper cette bonne femme et ce à chaque fois qu'elle ouvre sa putain de grande gueule ! Franchement je ne sais pas si j'arriverai un jour à lui accorder mon pardon... Et ça me fait mal pour Lélia avouai-je.

Océane se cale contre la frisette et croise ses bras contre son buste.

  • Et Lélia elle en a eut de la peine pour toi ?! Me rétorque t-elle en fronçant ses sourcils bruns. Matt à un moment vis ta vie ! Fais ton truc de ton côté ! Le coup d'Anaïs ça t'est resté en travers, totalement normal ! C'est bien que tu sois rentré dans Anaïs ! Montre leur ! Et tu aurais encore pu faire mieux ! Tu sais moi quand un truc ne me plaît pas, je ne me gratte pas ! Je balance tout et je ne pèse pas forcément le poids de mes mots !

  • Oui tu as raison... Je vais arrêter de me laisser faire et de tout encaisser avouai-je en me calant moi aussi contre le mur face à elle. C'est pour ça que je t'apprécie, même si tu as été dure avec nous par moment, tu es sincère et tu nous as remis à notre place ! J'aime ta franchise mais tu sais ce n'est pas toujours que tu te montres cash ! Il y a pleins de fois où tu ne vas rien dire pour ne pas t'emporter et de ton côté tu réfléchis pour mieux attaquer lorsque cela te dépasse, tu es patiente et pour tout ça je t'admire ! Je vais essayer de faire pareil, mais ça reste compliqué pour moi, ce n'est pas que je cherche à fuire, par moment c'est juste que si je reste je pète un câble et monte dans les tours ! En fait faudrait que j'arrive à doser, parler sans gueuler mais de manière ferme !

  • Oui fais donc ça Matt ! Me répond ma belle-soeur. Et la merdeuse, tu l'as re cadre illico presto ! Ce n'est pas à elle de se la ramener et encore moins avec tout ce qu'elle a fait !

LELIA

Anaïs se redresse sur sa chaise, poings serrés et son air méchant. A peine ai-je le temps de déglutir qu'elle attaque et m'aboie dessus comme un chien féroce et enragé.

  • MAIS PUTAIN TU LE LAISSES ME TRAITER DE TOUS LES NOMS ET TOI TU NE DIS RIEN ?! D'HABITUDE TU NE ME LAISSES PAS TOMBER ! JE SUIS TOUTE SEULE TU NE ME SOUTIENS PLUS ! T'ES PLUS LA MÊME !!! Vocifère Anaïs.

Je m'apprête à répondre puis elle m'empêche de prendre la parole en reprenant de plus belle.

  • ET JE TROUVE QU'OCEANE EST BIEN PROCHE DE LUI D'UN COUP !!! MOI A TA PLACE JE ME POSERAI DES QUESTIONS ! LA PREUVE ILS SE SONT ENFERMES DANS VOTRE CHAMBRE ! ET SI TU N'AS PAS REMARQUE SA MAIN SUR LE POIGNET DE TON MEC ?! Renchérit-elle.

Cela m'amène à me mettre le doute, c'est vrai que je trouve Matt super proche d'Océane, et elle un brin tactile avec lui ! Et s'il se passait quelque chose entre eux ? Que je n'aurai pas remarqué plus tôt ? Et s'ils nous prenaient pour des cons, Raf et moi ? Mon sang ne fait qu'un tour, intérieurement je panique même si d'un point de vue extérieur je ne laisse rien paraître. Mon coeur va exploser sous ma poitrine.

Hésitante entre quitter la table ou rester ici avec tout le monde, je reste bloquée par sa réflexion de longues minutes puis je sors à l'extérieur m'excusant à mon tour. Amandine sourcille dans ma direction, j'évite son regard et me précipite dehors. Haletante je m'assieds sur le muret en pierres soutenant la vitre extérieure du palier en haut de la montée d'escaliers.

Je ressens d'un coup une jalousie excessive et de la haine envers ma belle-soeur qui est loin d'être dégueulasse ! Elle pourrait parfaitement être le genre de mon homme, peut-être préférerait-il l'avoir elle plutôt que moi ? Fébrilement je crispe mes doigts sur la poignée de la porte de la chambre, pose ma tête contre et ferme les yeux.

Des murmures et des rires résonnent derrière la porte, cela me fait enrager d'avantage. Puis des soupirs se font entendre mais bordel qu'est-ce qu'ils sont en train de foutre tous les deux dans cette chambre ? Mon sang ne fait qu'un tour, j'ouvre la porte en furie, Océane a tout juste le temps de s'en éloigner et Matt retient la porte pour ne pas qu'elle le fracasse contre le mur.

Ils m'ont mis hors de moi et ces deux-là vont m'entendre ! Croyez-moi !

  • PUTAIN JE LE SAVAIS !!!!! Hurlai-je à pleins poumons.

  • Mais de quoi parles-tu ? Me répond Océane avec des yeux étonnés.

  • MAIS QUELLE S**** !!!! NE FAIS PAS SEMBLANT D'ÊTRE DANS L'INCOMPREHENSION !!!! ON NE ME LA FAIT PAS !!!! ET TOI T'ES VRAIMENT UN BATA*D !!!! M'emportai-je violemment en voulant giffler mon mari puis Océane.

Matt me saisit fermement par les bras, je me débats et hurle de rage.

  • OH ! T'ES VRAIMENT PAS BIEN TOI ! S'exclame t-il d'un ton ferme. TU VAS VITE REDESCENDRE SINON C'EST MOI QUI VAIS TE CALMER ! J'EN AI MARRE LELIA ! TOUT CE QUE TU VAS GAGNER C'EST QUE JE ME BARRE TU ENTENDS ? ! JE VAIS ME CASSER ! C'EST INVIVABLE TOI ET MOI !!!! ON NE S'ENTEND PLUS ! (Je tente de le couper mais il continue de me crier dessus m'empêchant de prendre la parole). EN FAIT A QUEL MOMENT TU VAS ME FAIRE PASSER DES BONS MOMENTS !!!!? HEIN ?! ON EST EN FAMILLE ET TOI TU ME PRENDS ENCORE LA TÊTE !!!! (Je ne l'ai jamais vu comme ça, Matt me maintient contre le mur et décharge sa colère sur moi à m'hurler dans les tympans, insupportable). JE SUIS USE PAR TON COMPORTEMENT !!!! USE TU ENTENDS ?! TU VAS T'EXCUSER AUPRES D'OCEANE ET DE MOI MÊME ! ENTENDRE DES INSULTES VENANT DE TA BOUCHE VIS A VIS DE NOUS FRANCHEMENT TU ME METS HORS DE MOI !!! (Sa gorge s'éraille à force de m'engueuler). A QUEL MOMENT MA FEMME PEUT-ELLE AGIR DE LA SORTE ?! EN FAIT JE FAIS TOUT POUR TOI LELIA ! JE ME BOUSILLE ET TU TROUVES RIEN DE MIEUX QUE DE M'INSULTER ?!!!! (Matt tappe du poing la frisette qui tremble sous la force qu'il y a mis, je ferme les yeux, j'ai peur).

  • Matt, doucement ! Murmure Océane ayant les larmes aux yeux en posant sa main sur l'épaule de MON mari.

  • PUTAIN NE LE TOUCHE PAS TOI !!!! Criai-je d'une voix stridente.

Mon mari est tout haletant, il me relâche et s'asseoit sur le lit, la tête entre les mains pour essayer de se calmer, je lui ai vraiment fait péter les plombs. Je reste adossée à la porte ne sachant pas trop si je dois pleurer.

La porte tente de s'ouvrir, je me décale sur le côté, Rafaël s'impose dans la pièce, il regarde avec pitié son frère qui fait tous les efforts du monde pour se resaisir puis moi d'un air très énervé avec ses yeux noirs.

  • Mais il se passe quoi ici ?! Tonne t-il de sa voix rauque. On vous entend gueuler depuis la salle à manger ! Qu'est-ce que tu lui as fais encore ?!

Son ton à mon égard est pleins de reproches, cela me destabilise et fait bouillonner mon corps. Je le crains Raf quand il s'énerve, il peut-être encore plus virulent que son frère.

  • J'en sais rien ce qu'il y a ! Rétorque Matt la voix toute tremblante en relevant la tête. Océane m'a proposé une discussion pour ne pas que je vrille devant tout le monde, et là Lélia est entrée et à pété un boulon ! J'en peux plus de ces embrouilles, je suis usé ! J'en ai marre P**AIN !!!!!!!

Cela me fait mal de voir mon homme à deux doigts de la crise de nerfs, je crois que je l'ai vraiment poussé à bout cette fois et je risque de ramer les jours à venir.

  • J'ai cru que vous étiez... Qu'il... Se passait quelque chose entre vous ! Lâchai-je les yeux larmoyants.

  • MAIS T'ES VRAIMENT CONNE DE CROIRE CE QU'A DIT TA SOEUR POUR FOUTRE LA MERDE ENTRE VOUS ! S'emporte Rafaël en me faisant face. PUIS CELA MONTRE BIEN LA CONFIANCE QUE TU LEUR PORTE A TOUS LES DEUX !!!! OCEANE PORTE NOTRE ENFANT JAMAIS ELLE N' IRAIT DRAGUER MON FRERE !!! REFLECHIS UN PEU DANS TA CERVELLE !!!!

Je me mets à pleurer en me rendant compte que je me suis menée en spectacle et que je les ai bléssé avec les mots que j'ai employé. Je suis minable.

Matt sort en trombe en direction de la salle à manger.

  • Matt ! Non !!!! Tu n'es pas en état de parler avec Anaïs ! Crie Océane en essayant de le rattraper.

Rafaël applaudit sous mes yeux et me toise avec son air de méchant.

MATT

Pour qui elle se prend celle-là de mettre mon couple sur la sellette ?! Comme si tout ce qui se passe actuellement n'est pas suffisant ! Je fais irruption dans la pièce sous le regard interloqué de chacun.

  • Debout ! Lui ordonnai-je.

Anaïs fait mine de prendre un air interrogatif, ça en est trop pour moi. Je l'extrais violemment de sa chaise pour la traîner par le bras à l'extérieur. Anaïs peine à remettre ses pieds ancrés dans le sol.


La merdeuse est à présent dans notre chambre, je la rejette sur le lit sur lequel son cul rebondit avant qu'elle soit stabilisée. Je me penche sur elle, mes mains en appui sur ses cuisses et me motive à me contrôler pour lui parler de la manière la plus calme possible.

  • Pourquoi tu te permets de foutre la merde entre ta soeur et moi ? Dis-je en articulant sur la totalité de ma phrase.

Clément nous rejoint à moitié tranquille, je ne vais pas donner le plaisir à Anaïs de me mettre dans un sale état.

  • Parce que j'estime que tu n'avais pas à dire ça et à me parler comme ça devant tout le monde ! Rétorque t-elle insolente en reprenant tout son aplomb.

  • Je rêve ! Anaïs, regarde-moi déclarai-je en la fixant de manière intense. Je vais te rappeler les évènements car ils semblent t'être sortis du ciboulot. Tu as fais du chantage et mis Lélia plus bas que terre en voulant qu'elle avorte sinon tu n'étais plus sa soeur... Ta soeur et moi avons passé une période merdique clairement, où l'on s'est fait du mal mutuellement, où l'on était dans l'incompréhension et psychologiquement notre mental était mis à rude épreuve alors ne crois pas que ce soit permis de me taquiner ou de te moquer de moi ouvertement parce que j'ai pris quelques cheveux blancs. Je t'en veux, j'ai de la rancoeur envers toi, en clair je ne peux plus te voir en peinture ! Tu n'es plus rien à mes yeux alors merci de ne pas te permettre d'en rajouter une couche. Et c'est quoi ton but d'essayer de créer un conflit entre ta soeur, Océane et moi ? Tu sais Anaïs, je te revois exactement comme il y a un an en arrière, tu es une petite merdeuse qui se mêle des problèmes d'adultes ! Et tu nous fais chier franchement ! Je te préviens, là tu m'as mis la haine vis à vis de toi, alors écoute-moi bien ! Ta formation de sapeur pompier, je ne vais pas te l'enlever parce que je ne suis pas un c*n*a*d !!! Mais par contre ouvre-bien tes oreilles, je ne vais pas te faire de cadeau ! Tu vas devoir trimer pour la valider ! Je vais t'éduquer à la dure ! Encore plus que la manière dont m'a enseigné Patrick alors accroche-toi bien ! Est-ce que c'est clair ?!

Je ne vais pas la laisser me marcher sur les pieds, c'est moi qui vais l'écraser. Elle va voir qui c'est le lieutenant Bonnier ! La petite tête blonde ne bronche pas et hoche la tête pour affirmer mes propos.

Très bien brave gamine !

  • Anaïs maintenant, tu présentes tes excuses envers toutes les personnes présentes ici même notamment ta soeur et Océane ! Affirmai-je sans lui laisser le choix.

Anaïs s'exécute la tête basse, je lui demande de recommencer de manière sincère car cela sonnait faux. Nous regagnons la salle à manger, Rafaël me tapote le dos et me chuchote que c'était bien de l'avoir re cadré.

***

Le dessert est à s'en péter le bide ! Hors de question de s'en priver, une véritable petite tuerie. Je félicite Jade pour ses talents de pâtissière, elle me dépose un doux baiser sur la joue. Océane refuse poliment, elle soupire et se masse le ventre.

  • Bébé, ça ne va pas ? Demande Rafaël inquiet.

  • Je suis toute balonnée et cette embrouille m'a stressée... Répond t-elle les yeux brillants ayant du mal à calmer son angoisse.

  • Aller Océ, n'y pense plus ce n'est rien d'accord ! Tout est réglé déclarai-je avec un sourire chaleureux en posant ma main sur son ventre légèrement formé. Et demain tes parents nous rejoignent ! Cela va être sympa et ça te fera du bien !

Océane sourit et les larmes qui ont failli couler disparaissent aussitôt.

LELIA

Il se fait tard, les trois quarts des personnes présentes dans cette maison sont parties se coucher. Ne voulant pas laisser ma maman et ma belle-mère faire le rangement et la vaisselle seules, je propose mon aide.

J'essuie les assiettes une à une que me fait passer Amandine, ma maman me regarde longuement dans le moindre détail, je me mords la lèvre ne sachant pas de quoi parler avec elles.

  • Je suis contente de passer du temps avec vous, c'est chouette qu'on soit tous réunis ! Lâchai-je pour essayer de détendre l'atmosphère.

  • Chouette ? Nous n'en n'avons pas la même définition ma chérie rétorque ma mère avec un ton un peu froid.

J'avale ma salive et un noeud se forme dans ma gorge, Amandine me fait face avec un petit sourire plein de compassion. Je suis certaine qu'elles vont vouloir qu'on en parle. Elles qui ne savent absolument rien de l'histoire de ces dernières semaines. Mes yeux s'embrument, je me remets à essuyer frénétiquement les assiettes et les pose de manière saccadée sur la table en bois.

  • Ma petite chérie, tu dois nous parler murmure Amandine en me prenant la main, tirant une chaise pour que je m'assois.

Toutes les deux s'installent sur une chaise en bois en face de moi. Je craque sous leurs yeux.

  • Non, vraiment je ne peux pas pleurai-je à forts sanglots.

  • Lélia, je vois bien que ça ne va pas depuis quelques temps continue ma mère. Toi, Matt, vous êtes tout tristes et Amandine a aussi remarqué ça surtout chez son fils ! On n'est pas dupes, tu dois nous parler ma puce !

  • Je n'ai pas voulu forcer Matt à parler car la méthode que j'emploi habituellement l'aurait achevé, je vois bien que son état se dégrade et qu'il n'est pas au top. Je souffre de ne pas en connaitre la raison pour l'aider comme une maman aide son fils répond Amandine tristement.

  • J'aimerai pouvoir le faire mais tout simplement je n'y arrive pas murmurai-je la voix tremblante. Maman, Amandine, je ne veux pas faire exploser la famille en plein vol, c'est bientôt Noël, cela devrait être chaleureux maman ! Pour une fois ce n'est pas de ma faute, même si j'ai anéanti Matt, mais je ne veux pas créer des problèmes à... Cette personne qui nous a détruis... Maman cela risque de te peiner, ce n'est pas ce que je veux ! Je veux que vous profitiez de vos moments entre adultes et avec Ginette ! Et les parents d'Océane demain !

  • Tu sais ma chérie, tu en as déjà trop dit commence Amandine. L'idéal est de mettre cartes sur table afin de gérer au mieux la situation... On essayera de comprendre en tant que mamans n'est-ce pas Jade ? Notre famille est soudée Lélia, on ne peut qu'arranger les choses ! Et pour que Matt soit dans un état pareil, je pense que quelque chose de grave s'est passé et le suicide échoué de sa meilleure amie n'a pas aidé !

  • L'embrouille part d'Anaïs Amandine, je suis désolée maman lâchai-je en pleurs alors que ma mère porte ma tête sur son épaule. Je me faisais une joie de lui annoncer ma grossesse la première ! Je me suis dis que ça lui ferait plaisir, que ça la toucherait ! Qu'elle serait honoré, flatté d'être la première au courant ! Je pensais qu'elle sauterait au plafond d'être tata ! Mais rien ne s'est passé comme prévu ! Avec tout ce qui lui est arrivé et l'incertitude de pouvoir un jour avoir un enfant, l'a mis hors d'elle. Elle m'a menacé maman ! J'ai eu tellement mal Amandine j'étais anéantie ! Notamment que tout de suite derrière je devais l'annoncer à Matt ! Anaïs m'a menacé c'était soit l'avortement soit je la perdais elle ! C'était impossible pour moi de la perdre alors qu'on vient juste de se retrouver ! Elle m'a dit des paroles plus que méchantes et cela m'a forcé de faire un choix ! J'ai choisi d'avorter à contre coeur et surtout dans le dos de Matt... On a vécu une période d'engueulades entre lui et moi ! C'était à celui qui faisait le plus de mal à l'autre ! Je l'ai mis mal, Matt ! C'était dur pour moi de voir notre couple sombrer ! C'est pour ça que ton fils Amandine a une rancoeur terrible envers ma soeur ! Le jour de l'IVG, Matt était là pour moi même s'il n'était pas pour ce choix-là car à vrai dire je ne lui ai pas laissé son mot à dire ! Sur la table, j'ai changé d'avis ! J'ai dis que non je voulais garder mon bébé et que j'assumerai les conséquences avec Anaïs qu'il y aurait derrière. C'était horrible, je n'arrivais pas à dire au personnel soignant que je voulais garder notre enfant ! Et là Anaïs est arrivée pour me dire de ne pas mettre un terme à notre grossesse qu'elle avait réfléchit ! Même si on poursuit la grossesse, on ne peut pas enlever tout ce qu'a subit Matt durant un bon mois et je ne suis pas certaine qu'il puisse un jour pardonner à Anaïs et la porter dans son coeur !

La porte d'entrée s'ouvre, la tête de mon homme apparait dans l'encadrement.

  • Tu ne viens pas te coucher ? Me demande t-il avec une voix radouccie. Mince, tu pleures et vous avez des têtes d'enterrements, ça ne va pas ?

  • Viens mon chéri s'exclame Amandine en l'incitant à se joindre à nous.

Matt s'assoit à côté de sa mère et attend patiemment le début de la conversation.

  • Je leur ai tout dis... enfin j'ai commencé à le faire, Matt je ne peux plus garder ça dans mon coeur.

  • Cela me rassure ce que tu dis Lélia, je pense que c'est nécessaire et que nous avons tous les deux besoin de soutien de la part de nos familles... Renchérit mon mari en tendant le bras pour saisir ma main. Je ne veux plus que l'on se dispute comme on l'a fait pendant le repas. (Il me baise la main et plonge ses yeux verts dans les miens). Certes, je suis un peu impulsif, jamais je ne te ferai de mal et... Je t'aime ! Oui maman tu avais raison, je n'étais pas bien et même là j'ai du mal à m'en remettre pour les raisons que Lélia a cité plus haut. C'est compliqué dans notre couple, j'ai vraiment peur de te perdre ma chérie, ce serait bête que ça nous mène à un divorce mais on ne pourra pas rester ainsi éternellement tu le sais autant que moi puisque tu en as fais le cauchemar ! Mais si l'on ne s'entend plus, il faudra bien que l'on trouve une solution.

  • Je te promets que l'on va remonter la pente, Matt, ça n'arrivera pas, je ne peux pas vivre sans toi ! Pleurai-je continuellement à chaudes larmes. Moi aussi je t'aime, nos petites mamans on a besoin de vous plus que jamais, je ne sais plus quoi faire...

  • Mais enfin Lélia pourquoi tu ne m'as pas parlé plus tôt, je t'ai toujours dis que je serai ta confidente ! S'exclame maman. Je vous aime fort tous les deux, j'aurai pu être présente avant que ça ne dégénère, j'aurai pu raisonner Anaïs ! Ta petite soeur n'a pas à interférer sur votre union ! Surtout qu'elle fait une obsession sur la grossesse alors qu'il n'y a pas écrit noir sur blanc qu'elle n'aura jamais d'enfants ! Cela m'est difficile de la canaliser mais j'y arrive, je suis désolée qu'elle vous ait fait subir tout ça mes petits chéris ! Est-ce que l'on peut savoir ce qui s'est exactement passé à table ?

  • Oui mon coeur, explique-nous pourquoi tu t'es emporté ? Renchérit Amandine.

  • Je suis désolé Jade mais avec les évènements précédents mes sentiments affectifs pour ta fille cadette se sont envolés et je n'arrive plus à la porter dans mon coeur. Tout ce que je me suis reçu dans la gueule pendant un mois a compliqué voir cassé tout ça... Explique Matt. Je prends sur moi mais rien que de la voir ça m'énerve en fait. J'encaisse j'encaisse, sans rien dire et puis il y a bien un moment où il faut que ça sorte ! Généralement c'est explosif... Puis le stress que j'accumule depuis trois ans m'a fait pousser des cheveux blancs qu'elle n'a pas hésité à faire remarquer à toute la tablée ! Et s'il y a bien quelqu'un qui ne doit pas me chercher actuellement, c'est bien elle ! Océane m'a fait sortir de table pour me canaliser et discuter et à ce moment-là Anaïs en a bien profité pour en rajouter des caisses ! Elle a foutu un beau bordel entre Océane, Lélia et moi... A aller lui faire imaginer des choses complètement fausses et absurde sur Océ et moi ! Coup réussi donc après je suis allé m'expliquer avec elle !

  • Matt, je comprends même si c'est dur à entendre répond ma maman visiblement troublée de déchiffrer notre mal au fil de la discussion. Je ne sais pas comment m'excuser pour tout ce qui vous est tombé dessus ces dernières années... Anaïs n'avait pas à faire tout cela alors j'espère qu'elle se rendra compte de ce qu'elle a perdu et en tirera une bonne leçon ! Je ne te forcerai pas à l'aimer et je comprends que tu lui en veuilles voir que tu ne l'apprécies plus ! Mais ne vous en faites pas, je vais imposer quelques sanctions à Anaïs, je vais regarder ça avec Xavier ! Je ne peux pas la laisser faire ça !

Mon chéri soupire, je vois ses yeux briller à leurs tour, peiné par la lourdeur de la situation et de vider son sac devant nos mères.

  • Les petites mamans, on va peut-être aller se coucher dis-je en jettant un oeil à mon mari qui s'est enfouit la tête dans les mains. Vous nous avez été d'un grand soutien ! Franchement ça m'a fait du bien que l'on se soit livré et que vous nous aviez écouté. Je sais que l'on pourra compter sur vous, on discutera mieux demain il est quand même une heure du matin ! Tu viens Matt !?

Nous nous levons tous les deux main dans la main. J'embrasse Amandine puis maman qui me prend dans ses bras.

Amandine blottit son fils contre elle, lui murmure un léger ça va ? Matt secoue la tête dans un long soupire.

  • Oui Maman, ça va aller, c'est le trop pleins d'émotions répond t-il en claquant ses lèvres contre la joue d'Amandine, ouf il n'a pas craqué ! Je vais aller le chouchouter sous la couette.

Le vent glacial nous givre lorsque nous atteignons le pas de porte, je grelote jusqu'à que nous nous glissions sous la couette. Je murmure tout bas des excuses à mon chéri et finis par m'endormir calée contre son corps.

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