Chapitre 87

9 minutes de lecture

Plus d'un mois après ... 28 Juin :

OCEANE

Il m'est compliqué d'être concentrée sur le soin de manucure que je suis en train de réaliser. Des contractions me lancinent le bas ventre, rien à voir avec la petite douleur passagère que peuvent ressentir les femmes lorsqu'elles ont leurs règles bien que je n'ai jamais été très sujete aux maux de ventre durant ces périodes là.

Je pousse des petits gémissements légers en appuyant sur le bas de mon ventre là où ça demeure entêtant. Je me recale en biais pour adapter une meilleure position mais plus les minutes défilent plus ça se dégrade.

Je respire plus profondément tout en continuant de m'appliquer au mieux sur ma cliente qui semble me dévisager. Mon cerveau tourne à trois cents à l'heure, que dois-je faire ? Vais-je être obligée de quitter mon travail ? Est-ce le moment de l'accouchement ? La semaine précédente, Rafaël et moi avions été obligé de consulter d'urgence alors qu'en réalité c'était du faux travail, nous avons été très vite renvoyés à la maison car ce n'était pas le bon moment.

Etant donné que c'est notre premier enfant, je ne sais pas différencier les différentes contractions tout ce que je sais c'est que ce ne sont pas les mêmes que celles que j'ai ressentis durant tout ce mois. Pourtant le terme est prévu le deux Juillet, en même temps, le deux juillet c'est dans un petit peu moins d'une semaine.

  • Océane, vous allez bien ? Me demande ma cliente avec un air inquiet. Vous avez des contractions ? Pour quand était prévu le terme ?

Océane, respire pas de panique ! Je me le répète plusieurs fois en me levant pour me caler contre le mur en position debout puis quelques secondes après je reviens m'asseoir sur mon tabouret.

  • Le deux Juillet ! Oui, de plus en plus rapprochées mais je n'arrive pas à déterminer si c'est le moment ou si ça me fait le même coup que la semaine dernière ! Dis-je la voix saccadée en me remettant en position debout de nouveau. Ça me prend tout là !

Je passe ma main sur ma ceinture abdominale et pelvienne puis au niveau de mes lombaires.

  • Vous savez, les bébés peuvent arriver avec plusieurs semaines d'avance c'est même très courant ! S'exclame ma cliente. Océane, il serait préférable que vous terminiez de me limer les ongles et que l'on re fixe un rendez-vous. Je pense qu'il va falloir appeler votre compagnon et vous rendre à la maternité ! Je pense que vous êtes en plein travail !

  • Oui si ça ne vous ennuie pas, je peux vous reproposer une date à mon retour ou bien auprès d'une de mes collègues ! Répondis-je en me dirigeant vers le comptoir.

Je sors mon agenda avec des gestes saccadés et les mains toutes tremblantes, je ne sais pas quoi faire et me sens perdue. Je pense que je vais suivre les conseils de ma cliente mais j'ai peur de me faire engueuler par le personnel soignant si c'est de nouveau une fausse alerte.

  • Voilà c'est noté et vous n'aurez rien à payer d'accord ?! Vous n'y êtes pour rien si l'on a pas pu faire le soin manucure ! Lui expliquai-je en me pliant en deux. A très bientôt merci beaucoup, au revoir !

Je lui adresse un petit signe de la main puis m'agite sur mon fauteuil complètement excitée, mon préssentiment de maman m'amène à penser que c'est aujourd'hui que je risque d'accoucher.

Je décide donc de monter à l'étage pour prendre un bain dans la baignoire située dans la dernière pièce. Je me penche en avant afin de boucher le fond de la baignoire puis fais tourner le robinet pour une eau plutôt chaude afin de me détendre les muscles et rendre les contractions plus supportables.

Une fois celle-ci remplie, je vérouille la porte de la pièce puis me déshabille. Lentement je passe par dessus le rebord et m'allonge contre le fond de la baignoire, mon gros ventre ressortant de l'eau. C'est agréable et relaxant, ma main se faufile dans l'écume du bain moussant pour venir caresser mon ventre alors que mon autre main se saisit de mon portable.

'' Coucou mon amour, je crois que j'ai les premières contractions ... Je ne sais pas trop quoi faire, je vais attendre un peu et je te ferai signe si ça s'accélère. Je t'aime ! ''

'' Bébé, faut-il que je me rende au salon ? As-tu besoin de moi pour l'instant ? "

'' Ecoute pour le moment je gère, mais prévois la présence d'un coach si jamais tu dois filer en urgence ! A moins que tu aies le droit de t'absenter même si tu n'as personne, fais le moi savoir sinon je contacte ma mère ou la tienne pour m'accompagner... Je prends un bain pour me détendre mais ça commence à être douloureux et rapproché. "

Cinq minutes après...

'' C'est bon, on est deux ! Je me suis arrangé, je suis dispo si jamais il faut partir ! J'ai trop hâte ! J'espère que tu tiens le coup ? "

Me voilà rassurée Rafaël est sur les starting blocks au cas où je devrai me rendre en toute urgence à la maternité. Une heure que je trempe dans l'eau et que les contractions sont régulières et par intervales de cinq minutes, je sors de l'eau et tamponne ma peau pour me sécher.

Le poids de mon bébé s'est répartit en bas de mon bassin changeant mon point de gravité. Au moment où j'attrape ma culotte sur le petit meuble en bois une grosse quantité de liquide chaud et inodorant s'écoule le long de mes jambes, j'ai dû perdre au moins un bon litre.

Est-ce de l'urine ? Pourtant ça sentirait légèrement si c'était le cas ? Mon sang ne fait qu'un tour, je reprends mon téléphone et le plaque contre mon oreille.

  • Allô Rafaël, il va falloir y aller, j'ai perdu les eaux ! M'exclamai-je en épongant le sol avec mon drap de bain. Fais vite et n'oublie pas de passer à la maison pour récupérer la vanity de maternité ! Je vais bien ne t'en fais pas, aller je t'attends à très vite ! Je t'aime !!!

Je m'habille hâtivement en veillant à utiliser une protection épaisse puis redescends doucement les escaliers, j'attrape mon sac à main et mes clés et patiente dans le fauteuil situé à l'entrée. Je pianote sur mon smartphone pour prévenir ma patronne que je dois partir à la maternité et que c'est le moment que j'accouche en espérant qu'elle pourra venir me remplacer ou qu'elle trouvera quelqu'un pour le faire mais stop, je dois penser à moi maintenant.

Je respire profondément en frôlant mon ventre, mon visage est illuminé de mon sourire dans le miroir en forme de goutte d'eau placé sur le mur juste en face de moi. Mon angoisse s'est évaporée, je me sens bien et gère mieux les contractions qu'il y a une heure.

  • C'est le grand jour Chloé, tu vas pouvoir faire la rencontre de Papa et Maman dis-je à l'attention de ma fille. Hâte de te prendre dans mes bras, pouvoir te caresser ça nous changera de l'échographie et toi aussi tu as l'air prête pour sortir de ton cocon chaud ! Mais pour ça il va falloir que papa se bouge un peu les fesses car on ne pourra pas trop attendre toutes les deux ! Je suis tellement excitée !

Ma voix monte dans les aigus et je continue de parler à mon bébé en attendant l'arrivée de son père. Une voiture se gare à moitié sur le trottoir, je reconnais le moteur et mes yeux pétillent d'euphorie extrême. Des coups de klaxons retentissent probablement parce que Rafaël est mal garé ou a coupé la voie sans s'assurer que c'était pas bon, je ne sais pas.

  • OH C'EST BON !!!! JE DOIS ACCOMPAGNER MA FEMME POUR L'ACCOUCHEMENT DE NOTRE FILLE !!! S'énerve Rafaël en faisant claquer la portière de la voiture, répondant à d'autres voix dans la rue.

Je me relève de mon fauteuil morte de rire même si ça me tiraille l'utérus, que c'est bon de rire ! Je l'imagine dans un état d'anxiété plus plus plus. Mon grand Rafaël d'un mètre quatre-vingt-dix en PLS à deux doigts de s'évanouir, je ricane bruyamment lorsqu'il ouvre la porte dans un élan de précipitation créant une fissure dans la vitre de celle-ci. On règlera ça plus tard !

Je referme la porte à clés et me hisse difficilement sur le siège passager alors que mon homme se courbe pour m'aider à m'attacher alors que je souffle régulièrement pour maîtriser la douleur.

  • Tu as tout pris mon chéri ? Demandai-je à son attention.

  • Oui tout est dans le coffre ! Rétorque t-il. Tiens, ça te fera du bien !

Rafaël soulève mon t-shirt ample et l'élastique de mon legging pour déposer une bouillotte encore chaude sur mon bas ventre. Je le remercie par un sourire puis ferme les yeux pour me détendre m'imaginant avec ma fille blottie contre ma poitrine, peau contre peau un tout premier contact.

  • P'tain je ne me rappelle plus où il faut tourner ! S'exclame t-il le front en sueur lorsque j'ouvre les yeux pour constater la raison de son agacement.

  • Rafaël, détends-toi on l'a pris un paquet de fois cette route pour les examens de grossesse ! Dis-je calmement alors que mon homme perd tous ses moyens. A droite, tu tournes à droite ! Et après au rond point ça sera à gauche ! Attention le stop mon coeur !

Rafaël pile brusquement ce qui me fait heurter le dos contre le dossier du siège, je gémis en me cramponnant le ventre, c'était un arrêt violent.

  • Désolé ça va bébé ? Ça va t'es sûre ? Océ ?! Dit-il paniqué transpirant abondamment sous les aisselles au vu de ses larges auréoles. Je je je ... N'avais pas vu le stop ! Mais comment tu fais pour être aussi décontractée ?

J'éclate de nouveau de rire, Rafaël devrait me parler d'une voix douce, me rassurer mais on dirait que c'est lui qui va accoucher, haha je me régale c'est juste trop drôle ! Hâte de raconter ça au prochain repas de famille.

  • Tout simplement c'est le plus beau jour de notre vie enfin ça va l'être ! Dis-je rêveuse. Donc il n'y a pas de quoi être en flippe total ! On dirait que c'est toi qu'il faut emmener à la maternité ! C'est à mourir de rire ! Lélia et Matt vont se marrer quand je vais leur raconter !

  • Ah ça va moque-toi ! Bougonne t-il en prenant la dernière sortie au rond point, ouf il s'en est rappelé. Désolé de m'inquiéter pour toi princesse ! Tssssss...

Ses doigts tapent le dessus du pommeau de vitesse dans un rythme speed tout comme sa cuisse qui s'agite frénétiquement. Je lui adresse un petit sourire rassurant et pose la paume de ma main sur le dos de la sienne.

Encore dix minutes de route, mes mains posées à plat sur mon ventre, j'inspire tout en profondeur avant de relâcher tout l'oxygène que je viens d'emmagaziner. Je sens que Chloé est en train de faire le travail pour venir au monde.

Je me tortille sur le siège toujours dans le but de changer de position régulièrement, Rafaël se cale le bras contre la portière puis s'apprête plusieurs fois à klaxonner lorsque les voitures de devant ne vont pas assez vite pour lui.

La voiture se gare sur le parking de la maternité, Rafaël me plaque contre son torse puis penche le poids de son corps en arrière pour m'extraire de ma place de passager. Nous nous dirigeons dans le hall d'entrée pour annoncer notre arrivée.

Nous patientons quelques instant sur les sièges situés à l'intérieur du hall, Rafaël est en train de se mordre les petites peaux qui entourent ses pouces mauvais réflexe qu'il a l'habitude de faire quand il est stressé, je ne dis rien puisqu'il m'arrive parfois de le faire également.

  • Rafaël, est-ce que tu peux me prendre la main et la masser à l'intérieur ?

Si je lui ai fais cette demande c'est parce qu'il est conseillé à toute maman d'être distraite soit par des petits massages, des petites caresses ou une discussion.

Rafaël pose ses doigts dans ma main et commence à les promener sur ma paume puis ses touchés se font un petit peu plus appuyés alors que ma main libre caresse mon ventre. Mon homme s'est bien entaillé la peau puisque cela saignote.

  • C'est agréable mon coeur lâchai-je en respirant le plus tranquillement possible alors que les conractions gagnent en intensité.

Une sage femme prononce mon nom suivit de mon prénom, je ne capte pas de suite alors Rafaël me donne un petit coup de coude, je me lève avec son aide et me mets en marche jusqu'à la professionnelle en faisant de toutes petites enjambées.

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