Qu'est-ce que la peur d'écrire ?

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Cette angoisse ressentie... après quelques expériences, voici une de mes théories.

Outre l'éternel syndrome de la page blanche, mainte et mainte fois déblatéré. Outre la médiocrité dont on se sent investi(e). Quoique, dans cette théorie, il en est plus ou moins question.

Nous allons plutôt parler ici des séquences violentes, choquantes, dérangeantes, ou sexuelles, dans le bon comme dans le mauvais sens.

La peur d'écrire des scènes violentes

Cette peur arrive au moment de ladite séquence, quand un personnage se retrouve confronté à un danger.

Ne risque-t-on pas d'en faire trop, au risque de rendre la scène cartoonesque sans le vouloir ?

Est-elle, au contraire, ennuyeuse du fait qu'elle ait trop été adoucie, parce que l'on n'a pas osé ?

Oui, mais justement, pourquoi n'ose-t-on pas, dans ces cas-là ? Ma théorie est la suivante : la peur du jugement. Et si les lecteurs nous traitaient de tarés, de malades mentaux ? Les personnes ayant été conditionnées à ces jugements font face à cette crainte d'écrire.

Alors que, que ça soit dans les livres ou les films, les histoires deviennent inoubliables lorsque l'on peut ressentir vraiment de la peur pour les personnages que l'on suit, parce que justement, le méchant de l'histoire est dangereux, il le montre, s'il réussit, les dégâts seront considérables, voire irréversibles.

Pourtant, en ayant lu/vu/joué à ces histoires, avons-nous pensé : "l'auteur / le scénariste est vraiment un malade mental ?"

La peur d'écrire des scènes intimes, d'amour.

Cette réflexion rejoint en grande partie la précédente, et aboutit à la même conclusion.

Voyons donc ce qui peut freiner :

- L'éternel jugement des autres, d'autant plus que dans ce cas précis, on touche à des choses plus personnelles.

- Comment ne pas rendre la scène cartoonesque sans le vouloir ?

- Comment faire en sorte qu'elle soit intense, vivante et attractive, en affrontant la peur du dégoût que le texte pourrait générer ? Après tout, comme dans la réalité, partager un tel moment avec quelqu'un n'est pas anodin (enfin, à priori, vu la mentalité dominante en cours à ce sujet...), changeant notre vision de cette dernière définitivement (cela fonctionne aussi quand l'acte est subi, que cela se passe de la mauvaise manière). Alors comme eux, on pourrait radicalement changer la vision de nos personnages dans l'esprit des lecteurs, et pas vraiment de la manière dont on voudrait. Cela fait peur, et tend donc à provoquer ce blocage, et rendre une page blanche. Ou de mettre une semaine pour écrire dix lignes.

Alors comment doser ? Comment surmonter ?

En faisant la chose la plus difficile à faire : se déconditionner. Une sacrée épreuve. Pourtant, "il suffit de". C'est d'autant plus difficile encore quand, en accumulation de ce condionnement, si on est doté de l'hypersensibilité. Ce don qui nous fait ressentir les choses profondément, où le moindre mot peut provoquer des larmes ou une joie intense. Oui, il nous est arrivé(e), à nous-mêmes, d'avoir été dégoûté(e) à jamais d'un personnage victime d'une maladresse de son créateur, ou pas. Et on ne voudrait pas que celaarrive aux nôtres, de personnage. Il s'agit là encore d'un frein particulièrement difficile à surmonter, en plus du conditionnement qui nous a convaincu que quoi que l'on écrire, ça ne sera jamais abouti.

Et étrangement, voici la réaction des personnes, en général, quand on a osé avoir le courage de nous déconditionner : les lecteurs vous disent que votre séquence est géniale, ils disent avoir été transportés. Ou choqués et compatissants s'il s'agit d'une scène de violence.
Ils ne vous ont pas jugé vous. Ils ont jugé la séquence. Quand ils disent "ce personnage est une ordure", c'est le personnage qu'ils jugent. Pas la personne créatrice derrière.

Là où cela devient dérangeant, c'est lorsque des valeurs morales douteuses sont mise en lumière et approuvées. Cela, lié à l'attitude générale, aux actes réels de la personne derrière. Mais l'histoire en elle-même ? Non.

Même si cela peut paraître déroutant : après tout, une histoire, même imaginaire, n'est-elle pas le reflet de notre âme, de notre expérience, de ce que nous ne pouvons dire dans la réalité, ni réaliser ?

La peur, le blocage, vient aussi certainement de là. Enfin, il s'agit là d'une théorie personnelle :)

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