3.2) Volodia

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Les trois cart’os m’interrogèrent longuement, troublés par mon allure suspecte : la pélerine-mite foncée des fouilleurs de Néon qui creusaient le désert en quête de trésors, le scaphandre affriolant de Shahin Perceciel, ainsi que la mystérieuse fiasque dont je m’étais encombrée jusqu’ici, quitte à me briser les os. Contrainte par l’évidence accablante, j’admis immédiatement avoir pillé le tombeau de l’un de nos héros antiques toutefois, sans s’offusquer, ils s’enquérirent de mes raisons. Ils devinaient sans doute que je n’aurais pas revêtu la relique ridicule, si j’espérais en faire fortune de retour à la Dune-45. Je dus alors paraître davantage qu’une fouilleuse arriviste, et ils comprirent sans peine qu’un dessein des plus extravagants m’animait.

Les voyant disposés à écouter mon histoire, je leur confessai alors que j’avais commis un crime à Néon – mais me gardai sagement de préciser lequel – et que j’étais en fuite. Wendigo haussa un sourcil éloquent :

— Qu’est-ce qui peut encore bien constituer un crime, dans ce trou d’enragés bouffeurs de sucreries ?

À force de se dévisager et, puisque j’observais pieusement le silence, ils commencèrent à entrevoir la nature de ma terrible faute.

— Est-ce de l’eau, dans ton thermo ?

— As-tu volé cette eau ?

— Où l’aurait-elle trouvée ? Les Eaux Célestes tardent, cette fois-ci…

— Ils en auraient mis de côté lors des dernières…

— À Néon ? Sûrement pas ! Ces sauvages ont tout bu, c’est certain.

— Les Eaux Célestes tardent.

« La répétition est la matrice de toute vraie pensée », radotait la vieille Priss pour nous amadouer et louer les vertus de son bourrage de crâne, à grandes fournées de p’tites morts en tous genres. Licorne, lui, était un fier penseur et avait mis le doigt sur le nœud du problème.

Davantage que les autres, il était fasciné par mes tatouages faciaux, les implants en-dessous ; alors qu’eux n’avaient pour fard qu’une bouillasse épaisse de sable coloré – le cosmétique devait les protéger du soleil et des vents cinglants du désert, je l’apprendrais plus tard, mais il était aussi, selon leurs coutumes, une façon d’exprimer son âme à la vue de tous. Raison pour laquelle les altérations de mon propre faciès les révulsèrent d’abord : mon âme scellée sous un odieux mécanisme de flicage.

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