4 - Quentin

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Quelques jours plus tard, alors que j’étais au restaurant avec mes amies, j'aperçus quelqu’un que je reconnus immédiatement. C’était Quentin le meilleur ami d’Axel, mon coup de la semaine passée. Il était là, attablé avec une très jolie blonde. Un instant nos yeux se croisèrent et je le vis froncer les sourcils. Puis, son regard se perdit dans le vague comme s’il cherchait où il avait bien pu me rencontrer.

Un peu nerveuse, alors que le repas touchait à sa fin, je sortis à l’extérieur pour fumer. Et voilà qu’un instant plus tard, je le retrouvais dehors à me demander du feu. Après avoir de nouveau croisé son regard bleu azur, il s’adressa à moi :

  • C’est vous, n’est-ce pas ? La jeune femme de l’autre jour chez Axel ?
  • Oui.
  • J’avais du mal de vous reconnaître.
  • Oui avec beaucoup moins de maquillage et mal peignée, je comprends.

Nous éclatâmes de rire.

  • Axel est bouleversé depuis cette soirée. Il m’a dit que vous ne répondiez plus à ces appels, ni à ses messages.
  • C’était juste une aventure d’un soir. Voilà tout.
  • Il s’attache toujours trop vite et, après, ça finit mal.
  • S’attacher à quelqu’un est très dangereux. C’est se bercer d’illusions et souffrir à tous les coups.

Sur ces mots spirituels de Prisunic, j’écrasai ma cigarette et je retournai dans la salle, aussi fière et arrogante qu’une reine un jour de couronnement. Il me suivit quelques secondes plus tard.

  • Je croyais que tu avais arrêté de fumer. Me lança Marjorie la perfide.
  • Eh bien, j’ai repris…
  • Tu le connais le type qui était dehors à fumer avec toi ? M’ interrogea Aurelie la chipie.
  • Oui, c’est le meilleur ami d’une connaissance.

Je restais plutôt évasive alors qu’elles étaient toutes là à essayer de me cuisiner.

  • Ah, Jul’ et ses mystérieux amants… Soupira Chloé la romantique.
  • Moi, je croyais que tu étais redevenue lesbienne. J’ai dû rater un épisode… Gloussa Mina la brute de décoffrage.
  • Les filles, arrêtez de vouloir toujours enfermer les gens dans des cases ! Je vis ma vie comme je peux.

Pendant que je j’essayais de me dépêtrer de l’interrogatoire en règle de mes amies, je vis la jolie blonde qui accompagnait Quentin, se lever, ramasser ses affaires et quitter le restaurant avec précipitation. Le jeune homme semblait gêné et se dirigea peu après vers la caisse pour régler. Puis, il quitta les lieux et courut derrière sa compagne. Je souris. J’espérais secrètement être la cause de cette brusque crise de jalousie.

Et, j’en eus la certitude le soir même. Alors qu’il était déjà fort tard et que je m’apprêtais à aller me coucher après avoir travaillé sur mon dernier projet tout le reste de la soirée, je reçus un appel sur mon mobile. Je décrochai et j’ entendis la voix de Quentin. Du moins, il me semblait le reconnaître, car il ne semblait pas dans son état normal. Drogué ou alcoolisé, j’aurais dit.

Il me raconta alors toute l’histoire vécue après son départ anticipé du restaurant. Effectivement, Noémie - sa copine - lui avait fait une scène parce qu’il n’avait pas voulu lui avouer qu’il me connaissait. Elle était sortie de ses gonds lorsqu’il lui avait balancé, agacé, qu’elle n’avait ni ma classe, ni mon intelligence. Après qu’il l’eut rattrapée et que le couple fut rentré dans leur demeure commune, une nouvelle dispute avait éclatée, plus violente encore. Toutes les vieilles rancoeurs et les non-dits avaient volé dans la pièce ainsi que divers objets. À la fin, Quentin avait été sommé de quitter l’appartement. Tout était fini entre eux. Après avoir réalisé une tournée de quelques bars, il avait fini par se rendre chez son ami Axel. Là, alors que ce denier était parti lui chercher des couvertures pour passer la nuit sur le canapé - que j’avais bien connu - il en avait profité pour récupérer mon numéro sur le mobile de son meilleur ami. Puis, ne trouvant pas le sommeil, il avait décidé de m’appeler.

  • Je suis prêt à aller plus loin qu’Axel.
  • Que sais-tu de ce j’ai pu faire avec Axel ?
  • Tout. On se raconte toutes nos histoires de cul. Je veux t’adorer comme la princesse que tu es. Il m’a montré les photos de ta chatte. Je veux te bouffer pendant des heures, jusqu’à ce que tu jouisses encore et encore. Tu feras de moi ce que tu veux. Je serai ton esclave.
  • C’est bien tentant tout cela, mais on en reparle lorsque tu seras sobre. Bonne nuit et pas la peine de me rappeler, je vais éteindre ce téléphone et monter me coucher.

Au matin, lorsque j’ allumai mon mobile, j’y trouvai un nombre incalculable de SMS et de messages vocaux de lui où il me déclarait sa flamme et me décrivait tous ses fantasmes. J'étais à la fois terrifiée et vaguement excitée par un tel intérêt. En fin de matinée, j’eus un nouvel appel de sa part. Cette fois, il était redevenu sobre et lucide.

  • Désolé Julia. Je ne sais pas pourquoi je t’ai harcelée de la sorte. J’ai honte. Mais, j’ai eu comme un coup de foudre depuis la première fois où je t’ai vu. C’est très violent. L’alcool et les stupéfiants ont libéré ma parole. Oui, j’ai envie d’être à toi. D’être ta petite salope.

La déclaration de Quentin m’avait mise dans tous mes états. Si Axel était beau garçon, Quentin était vraiment magnifique. Du genre qui pouvait avoir toutes les filles qu’il voulait, comme la jolie blonde de l’autre jour. Une parfaite Barbie qui devait le faire tourner en bourrique. Mais, la belle ne devait pas avoir assez de vices sous sa jolie peau de princesse. Lui, il voulait de la passion, aller au delà de ses limites, prendre des risques et se brûler les ailes. Vu de l’extérieur, c’était parfaitement incompréhensible, mais c’était sans connaître la complexité de la psychologie humaine. Avec mon aura sulfureuse - même si elle n’était qu’une illusion - j’étais la femme rêvée pour lui. La femme de ses fantasmes.

J’étais partagée entre l’attraction sexuelle et la raison qui avait positionné tous les voyants au rouge. Il y avait 100% de chances que cette relation vire à la catastrophe et que j’y perde des plumes. Mais, je me décidai rapidement en songeant que je n'aurais peut-être plus jamais la chance de croiser un aussi sublime garçon. Je lui proposai donc une invitation à boire un verre dans un bistrot sympa de ma connaissance. Vu son comportement hystérique passé, je jugeai qu’un lieu public était beaucoup plus prudent.

Il arriva à l’heure, parfaitement sobre et arborant un joli sourire ainsi qu’un look impeccable. Je commandai les boissons et entamai la discussion.

  • Toujours à squatter chez Axel ?
  • Non, j’ai loué un studio meublé en attendant de trouver mieux.

Je le trouvai encore plus beau que les fois précédentes. Il était calme et posé. Parfaitement maître de lui même. Je regrettai un peu de ne pas l’avoir invité chez moi. Mais, j’avais envie de prendre mon temps avant de déguster ce fruit magnifique. Après plus deux heures de discussions aussi diverses qu’agréables, juste au moment où j’allais prendre congés, il sortit une enveloppe rouge de sa poche.

  • Pour toi.

Alors que je m’étonnai de ce mystérieux cadeau, il me fit signe de la tête de l’ouvrir. J’y découvris une petite clé ainsi qu’une photo de lui en pieds et nu avec juste une de ces « cages » de métal emprisonnant son sexe.

  • Je la garderai jusqu’à ce que tu me rappelles.
  • Et si je ne te rappelle pas ?
  • J’espère au moins que tu trouveras le moyen de me rendre cette clé sinon je serai dans l’embarras.

Face à sa mine comique, je ne pus m'empêcher de rire. Puis, je le quittai après deux bises sages sur ses joues avant de regagner mon appartement.

Là, je décrochai la chaîne d’argent qui pendait à mon poignet. J’y glissai la petite clé et je réajustai le bracelet. Le jeune homme avait semé le trouble dans mon esprit. Ce jeu de domination m'intéressait de plus en plus. Il exacerbait mes côtés autoritaires et mon attirance pour les interdits. La soumission de Quentin libérait des forces obscures qui sommeillaient en moi. Et, maintenant, affamées, elles en redemandaient. Je décidai, néanmoins, de laisser mariner mon tout premier soumis quelques temps, juste histoire de tenter de dompter mes ombres.

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