Notre Devoir de Citoyen

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« Non, la réduction sur les nouilles instantanées s’est terminée hier, Madame. Je suis désolée, je ne peux rien faire pour vous. » Nancy avait parlé sans laisser paraître la moindre once d’empathie pour l’automobiliste décontenancée. « Ça fera deux euros et cinquante centimes, s’il vous plaît. »

Elle était en train de rendre la monnaie quand un van blanc aux vitres teintées arriva à vive allure et freina brusquement sur une place de parking de la station-service. Les occupants, tous cagoulés, évacuèrent le véhicule et sautèrent dans une BMW grise, qui démarra aussitôt et se dirigea vers l’autoroute dans un vrombissement retentissant.

Toulouse s’était approché de sa collègue.

« T’as vu ça ? »

La station était presque déserte à cette heure-ci, mis à part la dame qui venait d’acheter des nouilles pour 20 fois leur coût de production. Toulouse se risqua à une suggestion.

« On devrait appeler la police, tu crois pas ? »

« Tu veux pas qu’on aille voir d’abord ? »

Nancy avait toujours eu ce petit côté curieux. Ça avait beau la mettre dans les situations les plus rocambolesques, à chaque fois, c’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle fourre son nez à droite à gauche.

« Ok. »

Les deux acolytes sortirent du magasin, faisant sonner la clochette de la porte sur leur passage. Tout doucement, ils s’approchèrent du van aux portières restées ouvertes. Par pur réflexe professionnel ou par esprit de provocation, le conducteur avait pris le temps de mettre les warnings avant de décamper. Alors qu’ils s’avançaient prudemment vers la camionnette orpheline, Nancy et Toulouse se tenaient chacun par le bras comme s’ils redoutaient que quelque chose ne sorte soudainement du mystérieux moyen de transport abandonné.

« Coucou les amis ! »

Les deux employés de magasin sursautèrent et poussèrent un cri avant de reculer, se rattrapant de justesse l’un l’autre pour ne pas se vautrer sur le sol.

Alix était là, droite et souriante, tenant Pico, son bulldog, en laisse.

« T’es folle ou quoi ? Tu nous as fait trop peur ! » la réprimanda Nancy.

« Qu’est-ce qui te prend de nous surprendre de dos, là ? Tu crois que l’endroit n’est pas assez glauque comme ça ? » ajouta Toulouse, à bout de nerfs lui aussi.

L’adolescente s’excusa et leur demanda à quoi ils jouaient sur le parking de la station-service à 2 heures du matin.

« On inspecte. » répondit laconiquement Nancy. « Un van avec des vitres teintées mais les portes grandes ouvertes et les clefs sur le contact, ça te paraît pas bizarre toi ? »

Alix se tourna vers le van et remarqua l’étrange disposition du véhicule à côté duquel elle se tenait.

Toulouse se mit à jurer. En réponse, Alix le frappa d’un coup de talon au tibia. Le jeune homme se tordit de douleur mais finit par pointer la raison de son niveau de langage. Le sol était parsemé de petits cailloux étincelants.

« Putain de merde, des diamants, c’est des diamants ! » lâcha Alix, provoquant un regard noir de la part de Toulouse.

Entre temps, Nancy avait repris ses esprits.

« Bon, les enfants, on va pas tergiverser des heures non plus, conclut elle en regardant ses deux complices de circonstance. Officiellement, ces diamants ont été volés par les types qui se sont barrés à mille lieux d’ici en BMW. Mettons-les en sécurité au fond de nos poches avant de faire notre devoir de citoyens et d’appeler la police. »

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