S'effacer et s'en assurer
Sous ma douche, j’ai cette sensation de bien être imminent. L’eau chaude ruisselle le long de mes épaules, s’immisce à travers les plis de ma peau, en des lieux de mon corps oubliés au long de la journée …
Il me semble en renaître à chaque fois lavée de quelques pêchés que je semblais abriter, et dont je n’ai pourtant que faire.
Un jour advint. Je m’essuyais le corps humide d’une serviette, si blanche, à la différence de ma conscience. Quelque chose de visqueux semblait s’échapper de moi. En y regardant de plus près, je constatais une tache.
Si rouge.
Non. Ce ne pouvait pas être cela. Je n’en voulais pas. C’était bien trop tôt.
Je n’avais même pas onze ans.
Je n’étais même pas encore au collège.
Étais-ce possible ?
J’ai eu peur.
J’ai pleurée. Pas de tristesse. Mais de rage. Contre moi. Contre ce corps qui me propulsait bien trop tôt dans un Monde auquel je ne voulais jamais appartenir.
Ce corps qui ne semblait m’appartenir. Ce corps honteux, acnéique, vergeturé, courbaturé, asséché, déformé, … Oublié.
Le temps, lui, ne le pouvait.
Il ne faisait décidément cadeau de rien. Enfoiré.
A ce moment là, on frappa à la porte.
Je criais :
- « NON ! N’OUVRE PAS ... APPELLE M ! »
A ce stade là, ce n’était plus de la honte. Plutôt la sensation de mes yeux s’enfonçant à l’intérieur de mes orbites pour ne pas voir ce qui était en train de se passer.
M arrive. Les félicitations avec. J’en avais vraiment rien à foutre.
Je voulais qu’on me rende ce que j’allais commencer à perdre régulièrement.
C’était insensé.
Cependant, une chose me rassurait à peu près :
D’après le livre, je n’étais pas enceinte.
Annotations
Versions