Passage à l'acte

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Pacific Palisades, Californie

Jeudi 7 juillet


Melody sortit la bouteille du seau à glace. Sans surprise, elle constata qu’elle était vide.

— Je vais en chercher une autre, dit Chelsea.

— Tu crois que c’est raisonnable ?

— Qui parle de raison ? Tu es assise nue, dans ma maison. Nous venons de faire l’amour comme des folles et nous avons déjà bu une bouteille de Saint-Joseph. Pour une femme qui figure dans le classement Forbes, je crois que nous avons franchi les bornes.

— Dans ce cas, tu seras de nouveau obligée de me garder pour la nuit !

— Tu veux la même ou tu préfères goûter autre chose ?

— Qu’est-ce que tu proposes ?

— Un Puligny-Montrachet, un blanc de Bourgogne.

— Tu n’as que des vins français ?

— Non, j’ai aussi du Rias Baixas, un vin de Galice, dans l’ouest de l’Espagne ou du Terrunyo, un sauvignon du Chili.

— Restons en France, Chelsea LeBeau ! répondit Melody en prononçant le patronyme avec une caricature d’accent français.

Chelsea se dirigea vers la cuisine. Son amie put admirer sa silhouette parfaite et le mouvement envoutant de sa démarche féline. Elle sortit une bouteille l’armoire réfrigérée et l’ouvrit avant de revenir sur la terrasse. Après avoir rempli les deux verres, elle s’assit à côté de Melody. Celle-ci en profita pour poser une main sur ses seins, en caressant le contour avant de descendre plus bas.

— Je ne me lasse pas de ton corps.

— Tu sais que mon associé doit passer me voir ce soir. Nous avons encore du travail.

— Si ce que tu m’as dit est vrai, je ne pense pas qu’il soit jaloux de moi.

— En effet, mais nous avons toutefois besoin de parler de certaines affaires de façon confidentielle. Je pense que tu le comprends.

— Ne t’en fais pas pour moi. Je resterai au bord de la piscine. J’ai aussi besoin de répondre à pas mal de messages.

Lorsque Louis arriva sur la terrasse, comme à son habitude, sans s’annoncer, il trouva les deux femmes sur une méridienne. Chelsea était assise, les jambes allongées, Melody à ses côtés, la tête calée sur son sein. Il fit semblant de tousser.

— Je peux revenir plus tard si je dérange !

— Ne dis pas de bêtises, je te présente mon amie Melody, répondit la maîtresse des lieux. Melody, voici Louis Warner, mon associé et ami.

— Et bien voilà, maintenant que les présentations sont faites, comment veux-tu que nous procédions ? demanda Louis.

— Tu veux peut-être un verre de vin pour commencer ?

— Je vais vous laisser travailler, déclara Melody en enfilant une robe légère. Moi aussi j’ai à faire.

Elle alla chercher son sac et se dirigea vers la table installée un peu en contre-bas, à proximité de la piscine.

— Excellent, déclara Louis, qu’est-ce que c’est ? encore un vin français, je suppose.

— Puligny-Montrachet, un grand vin de Bourgogne.

— Je viens d’obtenir des nouvelles de Floride. La DEA a arrêté le bras droit de Will Rochambault à son retour de République Dominicaine. Ils ont trouvé dix kilos de cocaïne dans ses bagages.

— Je présume qu’il ne s’agissait pas d’un contrôle aléatoire.

— Le bureau de Miami fait état dans son communiqué d’une source anonyme, mais crédible.

— Quelles conséquences pour Will ?

— Financièrement, il s’en remettra, il n’a pas dû payer plus de cinquante mille dollars pour la marchandise à son grossiste dominicain, mais il se trouve maintenant engagé dans une spirale judiciaire qui peut l’amener en prison à moyen terme. La DEA ne va pas tarder à faire le lien entre lui et Brown, au travers de Will Roch Records. Dans un premier temps, il restera en liberté sous caution, mais il n’échappera pas au procès.

— Il a une chance de passer au travers ?

— Avec un très bon avocat, si la DEA n’a pas été assez prudente et en chargeant au maximum Brown, peut-être, mais on pourra faire passer le message comme quoi il a eu des contacts directs avec le vendeur à Saint-Domingue.

— Ça va prendre du temps !

— Oui, mais ce n’est pas le plus grand risque pour lui.

— Pourquoi ?

— Le vendeur. Je suis presque certain qu’il s’agit de Juan Pablo Oriega, un des narcos les plus ambitieux de l’ile. Il cherche à se faire une place de premier plan dans le business et il pourrait vouloir faire un exemple. Il se pourrait aussi qu’il se sente piégé, s’il pense que Rochambault travaille en sous-main pour la DEA.

— C’est le cas ?

— Non, pas du tout, Rochambault fait du trafic à petite échelle pour lui et ses amis de Floride. Il n’a même pas de véritable réseau de revendeurs, mais les dominicains sont susceptibles et hyperviolents.

— Tu veux dire que Oriega pourrait s’en prendre lui-même à Will pour le punir de sa négligence ?

— Quelque chose comme ça, oui. Si c’est le cas, on le saura rapidement.

— Et pour les autres ?

— Black Widow a fait du bon travail à Boston et au Texas.

— Tu me racontes ou tu gardes ça pour toi ?

— Je ne donnerai pas tous les détails que tu n’as pas besoin de connaître. Je peux cependant te dire que nous avons la confirmation que l’entreprise de Holmes a bien corrompu un fonctionnaire pour se débarrasser de déchets toxiques de façon illégale. Nous avons aussi des preuves des infidélités de ton amie Betty et de son amant Stuart Carter. John Mason a de son côté réuni assez de matière pour écrire un article ravageur sur les essais cliniques de SynBioLabs. Même si nous n’avons pas d’éléments délictueux, cela devrait avoir un effet sur leur réputation, personnelle et professionnelle.

— Je ne pense pas que Jack Stanton apprécie beaucoup l’escapade bostonienne de sa femme, en effet.

— Et si ça ne suffisait pas, nous avons des vidéos qui seraient du plus bel effet sur certains sites. Ton amie est une très belle femme et elle a du tempérament.

— Quand as-tu l’intention de déclencher tout ça ?

— Dans les jours qui viennent. Je crois que je vais commencer par publier l’article de John Mason et le relayer vers des journaux mainstream.

— Allons-y ! Je sais que ce n’est pas un sentiment très honorable, mais j’ai vraiment envie qu’ils paient pour ce qu’ils m’ont fait.

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