Houleuses retrouvailles

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À Anne-Christine Bat avec les remerciements de Violette et Germaine.

Après de longs mois d’absence, on retrouve nos deux mamies à la terrasse du Marly, de nouveau en pleine discussion.

Violette, amère

– Mais bien sûr que ton absence a créé un grand vide ! Tu n’imagines pas à quel point nos discussions m’ont manqué. À croire que tu m’étais devenue indispensable ! Comment as-tu pu m’abandonner aussi longtemps, durant neuf longs mois ? Ce n’est peut-être que le temps d’une gestation pour certains, mais à mon âge cela m’a paru un siècle ! Et dire que je suis certainement ta plus vieille et dernière amie !

Germaine, malicieuse et attendrie

– Non, je ne réalise pas, tu sais bien que j’ai accouché prématurément de P’tit Louis. Violette, il ne s’agit pas d’abandon. Je suis juste allée me reposer chez mon fils après ma luxation de hanche. Tu te souviens à quel point la deuxième opération m’avait fatiguée, sans parler de toute cette rééducation ! De toute façon je ne pouvais rien faire avec ce maudit plâtre...

Violette, sarcastique

– C’était bien la peine que ton cher fils daigne enfin investir « toutes ses économies » dans une prothèse en céramique, pour ensuite te retrouver plâtrée comme une adolescente ! Sans compter que je n’ai jamais oublié ce qu’il t’a dit en sortant de l’hôpital : « Que tu avais intérêt à mourir centenaire pour rentabiliser son investissement ». Quel toupet !

Germaine

– Il plaisantait voyons... Mais c’est vrai qu’elle a coûté fort cher. En fait, je dois t’avouer que depuis qu’Irène, sa femme, a quitté la maison il n’est plus lui-même.

Violette, en colère

– Il t’a kidnappée ! Pas une lettre ni un coup de fil en neuf mois ! Tu n’imagines pas à quel point je me suis fait du mauvais sang. J’ai tout imaginé, même que tu étais morte et enterrée !

Germaine

– Ne lui en veux pas. Il voulait juste que je me repose loin du stress parisien et surtout que je prenne soin de lui.

Violette

– As-tu seulement pensé à moi ? J’espère au moins que tu t’es bien détendue, parce que de mon côté toute cette attente m’a épuisée...

Germaine

– P’tit Louis a fait une dépression...

Violette

– Ça ne m’étonne pas, tu as toujours été difficile à vivre. Ça lui apprendra à me voler ma copine !

Germaine

– Violette je ne te reconnais plus. Tes propos ressemblent à ceux d’une enfant de dix ans.

Violette

– Dis tout de suite que je deviens sénile !

Germaine

– Non, je comprends que tu sois en colère et que tu m’en veuilles, mais je devais m’occuper de mon fils.

Violette, acerbe

– Que veux-tu dire exactement ? Que la loi du sang prévaut sur celle de l’amitié ?

Germaine

– Pas du tout, mais tu peux comprendre qu’un fils ait besoin de sa mère en pareil moment ! Ou alors tu es encore plus égoïste que je ne l’imaginais.

Violette, désarçonnée

– Parle-moi de p’tit Louis, comment va-t-il ?

Germaine

– Il est actuellement sous antidépresseurs, il a du mal à remonter la pente. Irène est partie si brusquement...

Violette

– Il est vrai que c’est à se demander comment elle a pu quitter un homme si « parfait ».

Germaine

– Ne recommence pas, je sais que tu ne l’apprécies guère, mais c’est un bon fils.

Violette

– Cela fait-il de lui un mari convenable pour autant ? Excuse-moi, mais il n’est jamais bon qu’un fils soit ainsi collé à sa mère. Enfin, il ne se passait pas une journée sans qu’il t’appelle !

Germaine

– Écoute Violette, tu ne vas pas m’entraîner sur ce terrain. Ce n’est quand même pas de sa faute si elle est partie avec un homme de dix ans plus jeune !

Violette

– Va savoir...

Germaine

– Que veux-tu insinuer ?

Violette

– Je t’aime beaucoup mais depuis le temps qu’on se connaît je ne vais pas te raconter de sornettes. Ton cher p’tit Louis est un pingre sans nom. Je dirais même que ses poches débordent d’oursins !

Germaine

– Peut-être, mais c’est son seul défaut ! À côté de cela il est instruit, éduqué et tellement intelligent !

Violette

– En plus, il n’a jamais eu un physique facile... Arrête avec ce sourire béat, on dirait Bernadette Soubirous en pleine apparition de la Sainte Vierge !

Germaine

– Comment peux-tu encore blasphémer à ton âge ! Tu exagères ! Tout le monde dit que c’est mon portrait craché ! Après tout, la beauté n’est pas que physique, elle peut aussi être intérieure...

Violette

– À d’autres.... De toute façon, que tu le veuilles ou non les faits sont là ! Je suis désolée mais il n’y a rien d’original à ce qu’une secrétaire parte vivre avec son patron, certes plus vieux qu’elle généralement... D’ailleurs, pourquoi crois-tu que certaines entreprises les choisissent bien moches, exprès ? Pour limiter les risques ! Visiblement, cela ne fonctionne pas toujours...

– Mais, je ne te parle pas d’Irène !

– Que veux-tu, ta belle-fille est une couguar et tu ne le savais pas.

Germaine, déconfite

– Il n’y a vraiment que toi pour trouver les mots qu’il faut...

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