Tu mens Alice, c'est mal !

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Julien, stoooop ! Tu fais vraiment n'importe quoi. Merci les gars pour ce moment intense, mais il est temps de baisser le rideau. Alors vite fait bien fait, je mets brutalement fin à cet instant de plaisir inavouable, range mon matériel dans mon slip et finis de me rhabiller. Mes deux comparses font de même, subitement gênés eux aussi. Je m'empresse d'aller me laver les mains, avant de sortir définitivement de ces toilettes possédées par le Diable en personne.

Le temps que je revienne au comptoir, tout s'est calmé dans mon pantalon, ouf ! Alice est toujours en pleine conversation avec Valérie, qui tient la main d’une fille que je reconnais.

— Tiens, tiens, on a cru que mon poussin s'était perdu dans les toilettes pour hommes.

Mais... Heu… Pourquoi elle m'appelle poussin celle-là ?

— Julien, je te présente Sandra, annonce fièrement Alice, comme s'il s'agissait de sa meilleure amie.

— Enchanté.

Sandra est donc le boxeur que j'ai croisé dans les toilettes tout à l'heure. Et elle serait maquée avec la ravissante Valérie ? Elles sont si différentes ! C'est la première fois que je vois un couple de filles s'afficher comme ça, naturellement. Ça me fait tout drôle.

Je cherche mon verre, mais il a disparu.

— Désolé, mais j'ai fini le tien. Tu m'en veux pas, mon Juju ?

Pitié, Alice, le Juju, t'aurais pu éviter, pas devant tout le monde ! Je ne peux m'empêcher de lui faire les gros yeux, mais visiblement, elle s'en fout royalement.

— Il n'aime pas que je l'appelle Juju, croit-elle utile d'ajouter en s'adressant à ses nouvelles copines. N'est-ce pas mon Juju ?

Je vais te tuer Alice. Ça me fera sûrement de la peine, mais d'abord ça me fera le plus grand bien, crois-moi.

Je la prends par le bras et l'emmène un peu à l'écart des deux vieilles (elles doivent avoir au moins dans les 25 ans !). Je dis tout bas à Alice.

— Je vois que tu t'amuses bien.

— Qu'est-ce que je suis contente d'être là, Juju. C'est trop bien. Valérie et Sandra sont hyper sympas. Elles sont ensemble depuis deux ans. Tu te rends compte ?

— Tant mieux, tant mieux. Je te conseille juste de te calmer côté coca.

— Oh, ça va, j'ai assez d'une mère castratrice pour que tu ne viennes prendre sa place. Fais donc comme moi, lâche-toi un peu, ça ne te ferait pas de mal.

Elle m'a piqué à vif la petite peste. Le pire, c'est qu'elle a raison. Je préfère changer de sujet.

— Tu ne sais pas qui je viens de voir dans les toilettes ?

Alice me regarde perplexe, avec une lueur d'espoir.

— Fred.

— Qui ça, Fred ?

— Fred de la colo de cet été.

— Non, pas possible. Je le savais. Une fois encore, tu aurais dû m'écouter et tenter quelque chose avec lui.

— Oui, je sais. Je m'en mords les doigts. Il vient de m'inviter à sa table. Il est avec ses amis.

— J’espère que tu lui as dit que t’allais le rejoindre !

— Bah oui. Je ne suis pas complètement débile, malgré ce que tu crois. Mais il y a un gros problème.

— Ça ne m'étonne pas venant de ta part.

— Je te rappelle que c'est lui qui m'a foutu à poil sous la douche quand j'étais malade. Le moment le plus humiliant de toute ma vie. Je me suis montré sous un visage le plus lamentable qu'il soit. Autant te dire que c'est mort de chez mort avec lui.

— Mais non, mon Juju. Toujours en train d'imaginer le pire. Au moins, il connaît une grande partie de toi et de ton anatomie d'Apollon, dit-elle en pouffant. Il était accro de toi ce mec, ça se voyait gros comme un camion ! Il n'y a que toi qui n'a rien vu ! Et bientôt, il te mangera tout cru.

— Tu mens, Alice. C'est pas bien de mentir à son meilleur ami. En plus, il croit que toi et moi, c'est pour la vie et que je vois des mecs en cachette.

— Han, trop drôle. Bon écoute mon petit Juju.

— Arrête de m'appeler comme ça…

— Tais-toi et écoute-moi. Tu vas gentiment aller voir Fred. Et tu me l'allumes bien comme il faut, avec tes petites fossettes irrésistibles. C'est le moment ou jamais. Ok ?

— J'y arriverai jamais !

— Mais si, au contraire. C'est déjà plié. Au pays des merveilles, tout est possible ! Comprends-tu, tête de nœud ? Et puis on va arrêter toute de suite notre conversation, car sinon, Valérie et Sandra vont vraiment croire que nous sommes un vieux couple.

— Ok, ok, n’en rajoute pas, tu m'as convaincu. Merci poulette. J'y vais. Je te laisse en bonne compagnie, dis-je en faisant un grand sourire à ses nouvelles copines.

Sur ce, je leur souhaite une bonne soirée avec a vague promesse de les retrouver plus tard et m'en vais explorer le café, là où je crois avoir aperçu Fred au loin. Oui, c'est bien lui qui me fait de grands signes à la table du fond. Je me dirige alors vers lui, d’un pas assuré, me faisant la promesse de lui rouler au minimum une pelle avant la fin de la soirée. Mais à peine arrivé, c'est la douche froide. Fred n'est pas assis sur une chaise comme n'importe qui mais sur les genoux d'un garçon. Je le reconnais. C'est le plombier. Mais qu'est-ce qu'il fout là, lui aussi ?

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