Prisonniers des brigands ( 2ème partie )
Forêt de Sologne, vers 1300. Après plusieurs heures de marche, notre colonne arrive
enfin au campement des brigands. Comme les autres gardes, je suis cagoulé, les mains
attachées dans le dos, et j'ai été rudoyé tout le long du trajet - notamment par Bathilde,
la cheffe des brigands -, à la différence de dame Tiphaine, l'épouse du seigneur Gui, qui
a les mains libres et porte un simple bandeau sur les yeux. Les brigands nous retirent
finalement nos cagoules et nous pouvons visualiser le campement. Celui-ci est installé
dans une clairière et est constitué de tentes de différentes dimensions. Nous sommes
accueillis par quatre garçons qui ont tous au moins quinze ans et gardent sans doute
le campement quand les brigands sont absents.
Dame Tiphaine est amenée dans une petite tente qui jouxte celle de Bathilde. La cheffe
des brigands est une belle brune aux cheveux longs, élancée, qui mesure 1m65 environ
et porte une robe verte foncée, avec une ceinture marron à laquelle est pendu un poignard.
Ses hommes la surnomment " Bat ". Quant à nous, les gardes, nous attendons au centre
du campement, assis sur un banc. Nous n'avons pas le droit de parler sous peine d'être
bâillonnés. Apparemment, une sorte de cérémonie se prépare. En effet, la cheffe s'installe
sur un siège au centre du campement et les brigands qui ont nos épées à la ceinture forment
un cercle. " Compagnons - s'écrie Bat - amenez les gardes. Je vais décider de leur sort."
Les brigands nous font avancer et nous sommes placés face à la cheffe des brigands.
Chacun de nous doit se mettre à genoux et dire comment il a été vaincu. A l'issue de cette
"cérémonie", la cheffe décide que six gardes - les moins "violents" à ses yeux - séjourneront
dans une grande tente qui servira de prison. Les autres gardes - les plus "violents" - dont je fais
partie seront laissés à disposition des brigands qui les ont vaincus. Pour ma part, mon"maître"
me pousse vers un endroit retiré du campement où les quatre garçons qui nous ont accueillis
s'entraînent au maniement du gourdin. Le bruit des bois atteste d'une activité intense et je
constate que ces quatre garçons sont habiles et agiles, et cherchent à progresser sans se blesser.
"Tu vas affronter dans un instant le plus jeune de ces garçons - me dit le brigand qui m'a vaincu - et
si tu gagnes, tu rejoindras la tente - prison ; mais si tu perds, tu seras le captif de ce garçon. "
Le garçon que je vais devoir affronter se prénomme Salvin. Il est brun, mesure 1m60 environ et
porte une tunique blanche à manches longues. Je fais presque une tête de plus que lui et je suis
donc confiant même si je n'ai pas l'habitude de manier le gourdin. Et ce garçon a beau n'avoir
qu'une quinzaine d'années, je ne vais pas lui faire de cadeau.
Le brigand lance le combat. Je suis déterminé à gagner rapidement mais ce diableteau esquive tous
mes coups. Puis passant derrière moi avant que j'ai le temps de me retourner, il me frappe derrière
la tête. Assommé, je tombe sur le sol et sans attendre le brigand félicite Salvin : "Bravo Salvin, ce
garde est à toi ! " Les autres garçons arrivent et avec Salvin me traînent vers la tente où tous
résident. Ils vont chercher une paillasse et me jettent dessus. Puis, alors que je suis toujours
insconscient, ils me ligotent les mains et les pieds, et me bâillonnent.
Quand je me réveille, ils me font face, rigolards, et Salvin s'écrie : " Tu es à moi, garde ! Tu vas devoir
m'obéir." Il jubile et l'un de ses congénères décide de me plonger dans le noir en me passant une
cagoule alors que c'est juste la fin de la matinée !
En début d'après-midi, Bat qui fait le tour du campement, entre dans la tente des garçons. Je suis
assis sur ma paillasse et seules mes mains sont attachées. La cheffe des brigands me fixe. Son
regard est glacial. Sans un mot, elle soulève ma tunique jusqu'au nombril et fait courir le plat de la
lame de son poignard sur mon ventre. Puis, elle se met à parler : " Garde, le brigand qui t'a vaincu
alors que tu cherchais à l'embrocher est mon compagnon." Elle range son poignard et met une
jambe sur ma paillasse. Elle voit que je la regarde avec insistance mais elle n'est pas là pour la
gaudriole. D'un coup de genou au menton, elle m'expédie à la "sieste", et avant de quitter la tente,
donne ses instructions aux garçons : " Ayez l'oeil sur lui, qu'il ne s'échappe pas. Et ce soir, attachez-
lui les mains et les pieds - je viendrai vérifier si vous avez assez serré - , bâillonnez-le et remettez-lui
sa cagoule ".
Bat et ses hommes doivent à présent fixer le montant de la rançon pour tous les prisonniers.
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