Souffler...

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 La scène est noire. Seule la respiration des musiciens derrière moi rompt le silence. Devant nous, le brouhaha des spectateurs attendant le début du concert est atténué par le lourd rideau rouge encore fermé. Lorsque toute la salle se tait d'un coup, je sais que les lumières viennent de s'éteindre, signifiant l'arrivée du premier morceau. Le mien. J'entends mon coeur battre la chamade dans mes oreilles, tous mes muscles se contractant légèrement sous l'effet de la pression, mes mains devenant moites autour du micro. Pourtant, nous avons répétés jusqu'à la dernière seconde et tout est en place. Me forçant à souffler doucement pour évacuer la pression à l'intérieur de moi, je me retourne rapidement vers mes amis. Un hochement de tête, un sourire en coin, une main levée. Je reprend ma position juste attend pour entendre la guitare commencer doucement à jouer tandis que le rideau se lève petit à petit, dévoilant notre groupeau public. Pas un seul son ne se fait entendre, l'auditoire étant captivé par les premières notes de l'instrument. Je relève la tête, centimètre par centimètre et plonge mon regard dans l'obscurité, les projecteurs me cachant complètement les détails des visages assis en face de moi. Dernière inspiration, le micro devant les lèvres, je me met à chanter :

Hello darkness, my old friend,
 I've come to talk with you again
  Because a vision softly creeping,
 Left its seeds while I was sleeping
 And the vision that was planted in my brain, still remains
 Within the sound of silence

 La musique résonne en moi alors que tous les instruments entament tour à tour le morceau. Ce morceau qui me rappelle tant de souvenirs, tant de douleurs et de combats perdu. Je lutte un peu pour ne pas me laisser emporter par la musique mais je ne résiste pas longtemps. Je met toute ma souffrance et ma colère dans ma voix, faisant frissonner la salle. Je me détache complètement de la réalité, les paroles devenant une véritable question au silence et à l'obscurité qui me font face. Pourquoi la cruauté et l'aveuglement des hommes sont-ils sans limite ? Je ne m'apperçois même pas que, durant tout le temps de la chanson, les larmes se sont mises à coulées sur mes joues, trop concentrée à hurler ma peine au monde entier qui n'entend rien, qui ne voit qu'une jeune femme à la voix magnifique interprètant l'une des plus belles chansons jamais crées.

 Le morceau se termine, le public se lève pour nous acclamer alors que les musiciens préparent la suite du concert. Je suis déjà essouflée alors que nous devons tenir deux heures de spectacle mais je me sens mieux. Je lève les yeux au plafond, espérant que de là où il est, il m'a entendu, qu'il a compris que cette chanson est pour lui et pour la bataille qu'il a perdu à cause de la folie des autres. Car c'est ainsi, il est maintenant réduit à l'obscurité... et au silence.

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