The Captive Fire

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J’ai beaucoup marché. Longtemps, aussi. Je dirais environ dix ans. Il me semble que j’ai traversé plusieurs pays, puisque les gens ne parlent plus pareil. Je les comprends quand même. J’ai appris leur langue involontairement. Par immersion, il paraît. Mais peu importe. Ce qui est important, c’est que je tue toujours les assassins. Et il parait qu’il y en a beaucoup dans un lieu que l’on nomme « Amérique ».

J’y suis allée. Même s’il fallait traverser les grandes étendues d’eau sur un bateau. Je n’aime pas l’eau. Elle est calme, elle ne fait qu’obéir aux forces extérieures. Le feu, lui, est indomptable. On peut l’emprisonner. Mais on ne le forcera jamais à prendre la forme d’un récipient. Le feu est clément ou dévastateur. Et c’est dévastateur qu’il a embrassé le navire avec lequel je suis venu, une fois arrivé au port.

J’ai vécu au sein des plus anciennes tribus indiennes, celles qui n’avaient encore été exterminées. Ils ont vu ce que je pouvais faire. Ils m’ont nommé Tawepata. Ils me prenaient pour une divinité. Je les aimais bien. Alors je ne les ai pas tués. Puis je suis repartie vers les villes.

Ensuite, j’ai brûlé beaucoup de gens. Des héros de guerre. Des assassins de droit et des médaillés cruels. Personne ne me voyait. J’étais, comme le feu, insaisissable.

C’est du moins ce que je pense.

Aujourd’hui je vais chez un colonel. J’avais entendu qu’il avait fait la guerre dans un autre pays. Comme toujours, ils se moquent de détruire lorsque ce n’est pas chez eux. Il allait brûler, comme il avait brûlé des populations comme la mienne.

Mais lorsque j’entre, il n’y a personne. Ou plus exactement, pas le colonel. Juste une femme avec des petites lunettes rouges qui parle d’une « entité surnaturelle », un téléphone à la main. Sûrement une amie du colonel. Je m’apprête à la tuer. Mais elle tourne la tête vers moi, alors que je suis invisible, et me dit :

  • Bonjour.

Surprise, j’apparais devant elle. Je vois qu'elle a des cheveux auburn. Comme ma mère. J’aime bien cette couleur. Alors je me dit que je ne vais pas la tuer, pas tout de suite en tout cas. En plus elle m’a dit bonjour. Je lui répond donc :

  • Bonjour.
  • C’est toi, n’est-ce pas, Tawepata.
  • Oui.

Sa voix est douce, même si elle semble avoir un peu peur. Elle le cache, mais je suis devenue douée pour lire cette émotion.

  • Tu brûles des maisons ?
  • Pas des maisons. Les militaires qui sont dedans, je lui répond.

Curieusement, la femme semble gênée par ma réponse.

  • Tu ne devrais pas faire ça. Ce n'est pas...
  • Vous n’aimez pas le feu.

C’est évident. Pourtant elle sursaute. Elle n’aime pas le feu. Alors elle ne m’aime pas. Mais le feu, lui, aime tout le monde. Dommage que personne ne puisse supporter ses câlins. Je m’approche. Je la fixe. Malheureusement elle crie, avant même que j’ai commencé à lui faire du mal :

  • RENFORT !

Des hommes en combinaisons de combat entrent alors. Ils sont armés. Des militaires. Ce sont des militaires. Je n’aime pas les militaires. Surtout lorsqu’ils m’attaquent, comme ceux-là. Je les regardes, silencieusement, et enflamme la maison.

Mais ce ne sont pas des fusils qu’ils ont. Ce sont des tuyaux. Et ils appuient en même temps sur la gâchette. De l’eau en sort.

L’eau me touche. Je n’aime pas l’eau. Elle éteint le feu. Elle me fait du mal. Très mal. Je ne peux plus rien faire et j'ai envie de pleurer.

Puis je sens une piqure dans mon cou.

La femme m’a planté une aiguille.

Je me sens brusquement fatiguée.

Je tombe par terre.

« Enfin… nous avons capturé S.E.-3047. »

Je m’endors.

Le feu a été vaincu.

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