Chevaucher le tigre

Une minute de lecture

L’été ne se terminera jamais cette fois-ci, dis-je.

Rivière-qui-s’écoule tourne vers moi des yeux noirs.

Tu as encore oublié, dit-elle.

Qu’ai-je oublié ?

Elle ne répond pas.

Je crois qu’il y a un tigre dans le jardin, souffle-t-elle en attrapant ma main de ses doigts fins et chauds. Le vois-tu ? Il est là sous le santal, caché parmi les feuilles mortes. Il est là assis sur la terre humide trempée de pleurs.

De mes doigts glacés je lui lève le menton.

Regarde, mon aimée, ce n’est pas un tigre mais un ours.

Tu as encore oublié, dit-elle. Ses larmes embrasent mes doigts. Je ris :

Il jeûne depuis vingt jours. Apportons lui le ginseng confit et l’armoise sacrée.

Elle se blottit contre moi. Je dépose l’offrande aux pieds de la bête.

Irons-nous ? demande le monstre.

Irons-nous où ? crie mon aimée.

Nous montons sur son dos. Nous gravissons le vent et les nuages.

J’ai oublié de te dire, mon aimé, sourit-elle à travers l’eau :

Il y a une grenade dans mon ventre.

La rivière s’écoule, le soleil renaît. L’été a pris fin.

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