Marie-Louise relut sa propre histoire, des semaines après.
Elle avait recommencé à écrire. Lentement. Sans chercher à être comprise. Sans chercher à être lue.
Elle écrivait pour reprendre possession d’elle-même.

La vie avait repris. Plus calme. Plus douce, par moments. Elle croisait encore Côme parfois. Ils se saluaient. Elle ne fuyait plus son regard. Mais elle ne le cherchait plus non plus.

Pauline restait à ses côtés, fidèle comme une étoile stable dans un ciel qui change tout le temps. Elle ne parlait plus de lui. Elle parlait d’avenir, de films, de départs à venir. Marie-Louise, elle, écoutait. Elle ne rêvait plus d’amour. Elle rêvait de paix.

Un soir, elle retourna seule à Bondi Beach.

Le ciel était rose pâle. L’eau calme. Elle s’assit sur son rocher.

Elle sortit un petit carnet neuf, sans titre. Et elle écrivit :

"Tu ne m’aimeras jamais.
Mais j’ai aimé. Vraiment. Et ça m’a changée.
Ce n’était pas une erreur.
C’était un feu que j’ai porté, seule, jusqu’à m’en brûler les doigts.
Mais aujourd’hui, je sais que je suis encore debout.
Et que je peux aimer autrement.
Un jour. Pas maintenant.
Mais un jour."

Elle regarda la mer. Le vent ne lui faisait plus peur.
Il ne portait plus de lettres qu’elle n’oserait jamais envoyer.

Il portait simplement la preuve qu’elle avait survécu.

Et c’était déjà beaucoup.