L'Anniversaire

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Il ne restait plus que deux ballons à gonfler. Un rouge. Un bleu.
John se frotta les joues, un peu fatigué, mais il souffla encore. Pas question d’abandonner maintenant.
Les ballons vinrent rejoindre les autres, flottant tout autour de lui, comme une fête silencieuse.

Ce serait joli.
Elle aimerait.

Il traversa la chambre en marchant sur la pointe des pieds. Pas pour faire moins de bruit, non. Juste parce que c’était un jour spécial.
La table ronde était prête, bien installée dans le coin préféré de maman. Le gâteau brillait un peu sous le sucre, tout blanc, tout doux.
Il aurait voulu des bougies, plein de bougies à souffler.
Mais il en avait pas.

C’était pas grave.

Il tapa des mains doucement contre ses genoux, comme un petit tambour, pour passer le temps.
L’horloge, là-haut, elle bougeait pas. Mais il savait. Maman venait toujours. Toujours. Même quand on pensait qu’elle viendrait pas.

Il se leva pour replacer un ballon qui s’enfuyait. Il tapota la nappe, il la voulait bien droite.
Puis il ouvrit la petite armoire blanche.
Il sortit l’assiette rose avec les étoiles dessus. C’était sa préférée.
Il la posa devant la chaise. Celle qui était vide.

— T’as vu, j’ai tout fait comme t’aimes, il chuchota.

Il passa ses doigts dans ses cheveux, attrapa une barrette. Une toute simple, avec un cœur dessus.
Il savait qu’elle souriait quand il faisait ça.

Il retourna s’asseoir, bien droit, les mains posées sur ses genoux, comme il fallait.
Il n’alluma pas. Pas encore.
Les surprises, ça se fait dans la pénombre.

Un bruit. Il releva la tête.
Il se leva d’un coup et ouvrit la porte.

Personne. Le couloir sentait un peu le savon. C’était vide.

Il referma doucement. Le gâteau fondait un peu sur les côtés. C’était bien. Maman disait toujours que ça faisait des gâteaux plus gentils.

Il se rassit.

— Je t’ai gardé le coin avec le plus de sucre, dit-il tout bas.

Et il attendit.

Puis, la poignée tourna. La porte s’ouvrit.

Son cœur tapa très fort.

Mais ce n’était pas elle.

C’était juste l’infirmière, avec son gobelet et ses petits cachets roses.

Elle regarda les ballons, le gâteau, l’assiette rose.

— Vous l’avez encore préparé, John ?

Il ne répondit pas. Ses yeux étaient restés sur la porte.

— C’est son anniversaire, souffla-t-il.

Elle hocha la tête, doucement, tristement, et déposa les médicaments à côté de la chaise vide.
Puis elle s’en alla.

Il coupa le gâteau. Deux parts. Une pour maman. Une pour lui.
Et il attendit encore un peu.

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