Chapitre 13 : Retour au pays

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Le jour de notre départ de France.

Nous avons quitté l’appartement un peu avant midi. Bien entendu, la veille, nous avons fait en sorte de bien nettoyer l’endroit pour rendre les lieux aussi propres qu’à notre arrivée. Pour le déjeuner, pour respecter le petit rituel de Saya, nous sommes allés au Bosphore manger un kebab. Ça allait un peu me manquer, au Japon. Pas que les kebabs là-bas étaient mauvais mais ceux d’ici… Bien que ce fût peut-être un peu trop riche à mon goût.

Nous avons pris le train du début d’après-midi pour rejoindre Paris. Pendant les deux heures de trajets, nous discutions de ce que nous avions aimé durant notre séjour. Pour Saya, c’était tout simplement le fait de venir au Havre et, à sa manière, se ressourcer. Pour Saeko, c’était le dépaysement total. Pour Yuna, juste le fait d’être partie en voyage avec moi lui avait procuré une joie indescriptible. Comme moi j’étais heureux d’être partie avec Yuna (mais je ne lui avouerais jamais).

Nous sommes arrivés à Paris en milieu d’après-midi. L’agitation de la capitale française ne m’avait pas manqué… Pire. Après notre séjour au Havre, elle me stressait un peu. De plus, notre vol n’était que dans une demi-douzaine d’heures et nous cherchions de quoi nous occuper en attendant. Saya proposa une petite séance au cinéma. En soi, c’était une bonne idée mais je me suis demandé si cela irait pour Saeko et Yuna ? Après tout, le film serait en version française et sans sous-titres. Donc, elles n’allaient rien comprendre et leur faire la traduction en simultanée dans la salle… On risquait de déranger les autres spectateurs. Par chance, nous avions trouvé un cinéma qui diffusait exceptionnellement ce jour-là une version remasterisée en haute définition du film d’animation Akira. Et en version originale sous-titrée. Le film serait compréhensible pour tout le monde et en plus, les filles ne l’avaient jamais vu. Une occasion en or à saisir. Heureusement que les employés aux caisses aient acceptés de garder nos valises en attendant.

À la fin de la séance, elles ont été conquises par l’œuvre.

Nous sommes ensuite allés nous poser dans un café pour boire et grignoter. Mais surtout, pour profiter une dernière fois de l’ambiance parisienne qui allait un peu nous manquer.

Alors que la soirée était sur le point de débuter, nous avons sauté dans un taxi pour rejoindre l’aéroport. Après un passage éclair dans les boutiques sur place pour acheter les derniers souvenirs, nous avons enregistré nos bagages puis nos billets. L’attente pour embarquer m’a paru durer une éternité mais une fois dans l’avion, j’étais bien content d’être confortablement installé dans mon siège. Yuna et moi étions côte-à-côte, elle ayant le siège côté hublot. Saya et Saeko étaient installées dans la rangée juste derrière nous.

Au moment du décollage, l’autre siège à côté de moi resta vide. Ce qui n’était pas forcément une mauvaise chose. Cela me faisait un peu plus de place…

Une fois l’avion en vol, Yuna et moi discutions de ce nous ferions pour le reste de l’été. Moi, dès que je serais rentré, j’allais devoir trouver un petit boulot pour rembourser l’argent que ma mère nous avait prêté, même si elle m’avait dit que ce n’était pas la peine. Question de principe. Aussi, je songeais à enfin passer mon permis moto, vu que j’avais légalement l’âge d’en conduire une, maintenant. Et il y avait aussi ce truc avec cette fille, Amy Jones, à régler… Je soupirais en pensant à tout ça et une grande fatigue s’est soudainement emparée de moi. J’ai décidé de piquer un petit somme et ai demandé à Yuna de me réveiller quand on nous servira le dîner…

Après avoir mangé, j’ai regardé un film avec Yuna sur les écrans incrustés dans les sièges. Elle s’est lentement endormie vers la fin, la tête posée contre mon épaule. J’ai un peu caressé ses cheveux tout en la regardant dormir. Elle était mignonne, quand elle dormait paisiblement…

J’entendis alors quelqu’un s’assoir sur le siège libre à côté de moi. Saya semblait avoir envie de ma compagnie. Elle m’a légèrement souri et j’ai regardé un autre film, en sa compagnie cette fois. Et cette fois, c’était moi qui me suis endormi vers la fin…

Je me suis réveillé d’un coup. Une envie pressante. À ma droite, Yuna qui dormait toujours contre mon épaule. À ma gauche, Saya qui faisait de même. Délicatement, j’ai déplacé chacune d’elle pour les assoir correctement sur leur siège et en prenant garde à ne pas les réveillé, je me suis dirigé vers les toilettes pour y faire ma petite affaire. Avant d’en sortir et après m’être lavé les mains, j’ai jeté un œil à ma montre. Encore au moins cinq heures de vol avant d’atterrir à l’aéroport de Narita.

Alors que j’étais sur le point de rejoindre mon siège, Saeko, qui ne dormait pas ou plus, me fit signe de venir. Sans vraiment réfléchir, je suis venu m’assoir à côté d’elle. Elle voulait un peu discuter. Chose étrange car, depuis cette fameuse nuit, elle avait du mal à me parler. Est-ce que je pouvais vraiment lui en vouloir ? Mais au lieu de parler, elle s’était montrée plus tactile. Avec moi. Pendant que nous discutions, elle s’est mise à me tenir la main et à la caresser délicatement avec son pouce. Une chose que j’avais fini par comprendre avec Saeko ces derniers jours : elle s’exprimait mieux par les gestes que par la parole. Bien mieux…

Nous sommes restés là un moment puis, quand elle a commencé à somnoler, je l’ai laissé se reposer et je suis retourné à mon siège. En m’asseyant, Yuna a poussé un petit gémissement avant de gigoter un peu dans son sommeil. Je lui ai pris la main et j’ai tenté de me rendormir.

Nous sommes arrivés à Tokyo au petit matin, fatigués comme jamais. Nous n’avions qu’une envie : rentrer chez nous et dormir correctement. Saya et Saeko sont parties de leur côté dans un taxi, après nous avoir dit au revoir et qu’elles nous enverraient des messages plus tard. De mon côté, j’ai ramené Yuna à sa pension, en taxi. Durant tout le trajet, nous sommes remémorés les bons moments de notre voyage, tout en passant sous silence les plus intimes.

Une fois devant la pension et alors que le chauffeur m’attendait pour repartir, j’ai dit « au revoir » à Yuna avant de l’embrasser avec tendresse. Tandis que je remontai dans le taxi pour qu’il me ramène chez moi, je l’ai entendue crier : « Qu’est-ce que vous faîtes, à m’épier pendant que mon copain m’embrasse ?! ». Vraiment, à force, j’allais imposer une taxe à ses colocataires pour nous espionner comme ça…

De retour chez moi, Kurô est venu m’accueillir avec de gros miaulements dont il avait le secret avant de se frotter contre mes jambes. Décidément, il n’aimait pas que je m’absente longtemps. Sur la table de la salle à manger, j’ai trouvé un mot de ma mère me souhaitant un bon retour et m’indiquant qu’il y avait de quoi manger dans le frigo si j’avais faim mais qu’il faudrait que je me fasse cuire du riz moi-même. Plus tard, peut-être. En attendant, j’ai ramené ma valise dans ma chambre et me suis écroulé sur mon lit. Dormir…

Quand je me suis réveillé, je voyais qu’il commençait à faire sombre à travers ma fenêtre. Je devais vraiment être fatigué…

J’ai regardé mon téléphone pour y voir plusieurs messages de la part de plusieurs personnes qui me souhaitaient un bon retour au pays. Saya et Saeko m’avaient aussi écrite, pour me signaler qu’elles étaient bien rentrées. Yuna aussi m’avait écrit, un peu après que je me sois endormi, et m’avait envoyé également une photo d’elle dans une tenue plus confortable pour dormir. J’ai un peu rigolé en la voyant. Puis, je me suis rendu compte que Saya et Saeko avaient aussi envoyé des photos avec leur message. Je me doutais un peu de quoi il s’agissait et j’ai décidé de les regarder plus.

Un dernier message non lu, envoyé peu avant que je ne me réveille, m’interpella. Je l’ouvris :

Coucou, Shû-chan ! C’est ta cousine de Sendai, Na-chan !

Je suis de passage à Tokyo, à partir de demain et pendant quelques jours. Et je serai hébergé chez toi. J’ai déjà contacté Tante Shôko, qui a donné son accord. Ça fait longtemps qu’on ne sait pas vu ! Je connais pas très bien la ville, alors je compte sur toi pour me faire un peu visiter !

Bisous, bisous ! xxx

À la fin du message, j’ai senti une grande fatigue m’envahir de nouveau. Non pas que je n’étais pas content de voir Natsu (surtout que cela faisait longtemps) mais je savais déjà que son séjour ne serait pas de tout repos. Comment est-ce que j’avais réussi à faire de mon été un moment si chargé ?

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