Chapitre 2 - CLEM
Le traîneau ne s’arrête pas, filant à vive allure, inconscient de l’acte qu’il vient de perpétrer dans mon vieux domaine chéri de mes défunts parents.
Les conifères, hauts de leurs mètres-piédestal comme recouverts de chantilly, sont mes rois et mon chat avec.
Furieuse, je descends l’escalier aussi vite que les raquettes de tennis me le permettent.
Haletante et le souffle court, en sortant devant la porte, je peux dire adieu à mon bel inconnu… attends ?
Quelque chose de rouge et brillant scintille dans la neige. Une petite pochette me fait écarquiller les yeux.
- Ce fou, cet idiot, cette raclure d’obsédé ! Que faisait exactement cet inconnu ici, avec une photo de femme dans la neige ?
Sans que je puisse me retenir, je hurle en m’époumonant dans le silence creux du matin. Des pigeons s’envolent à tire-d’aile.
Mais… c’est moi sur l’image !
Mon cerveau chauffe et surchauffe. Il faut arrêter de ne manger que des nouilles épicées en scrutant des films de Noël.
À cet instant, mon ancienne vie resurgit et marque un point faible dans mon esprit.
Si… s'il me connaissait aussi ? Non, Noëlle ! Pas question !
L’idée d’un braconnier me scrutant en douce avec des jumelles me rend malade.
Le tintement des clochettes ou je-ne-sais quel grelot résonne encore dans mon esprit.
Soit… s'il revient ou kidnappe mon chat, ma douce et grosse Mrs Snowman.
J’actionne le pont-levis qui s’abaisse dans un bruit grinçant à se boucher les oreilles. Je vis encore comme au monde médiéval et alors ? Qui s’en soucie toujours ?
Mais… surprise ! Je n’ai pas de problèmes pour entendre. Mon bel inconnu d’obsédé se trouve juste devant moi, en slip ?
Mes yeux se braquent sur lui et les siens ne s’en privent pas.
Attendez… mais c’est quoi ça ?
- Ne m’approchez pas trop près ? Si vous êtes en colère…
Son ton fumeux me laisse perplexe et rouge de colère.
— Je suis en peignoir et pas encore douché. Grouillez-vous le pion de m’expliquer votre comportement ou j’appelle le 17 !
Il ricane.
— Ça ne capte pas ici, mais allez-y, faites-vous plaisir. Pendant que votre chatte est…
Je hurle de colère et d’un feu qu’il vient d’attiser venu de nulle part. Je ne vois vraiment pas pourqu… Un parapluie rouge sous la neige se déplie au-dessus de lui.
Je vais lui régler son compte en moins de deux. C’est obscène !
- Alors, on fait moins la maligne, Mademoiselle ?
Il s’accroupit devant un carton. Il est fou ou ne sent pas le froid. Son manteau est par terre et sa chemise va être foutue.
— Venez à moi ! Allez, ma belle ! Tu vas en faire des beaux…
Je hurle, mais il met un doigt sur sa bouche pour me signifier de la fermer.
- Il faut que vous rentriez votre chatte, tout de suite. C’est trop humide ce temps !
Ça y est ! Je fais le décompte dans ma tête : 1… 2… Je saisis un fusil, puis le pointe sur lui. C’est un vrai, mais il ne doit pas savoir si j’ai mis une cartouche ou non.
— Bordel ! Mam'zelle !
— Rhabillez-vous tout de suite, Monsieur ! Dégagez de là… sale pervers. Ma chatte vous dit de déguerpir sur le champ !
Il lève les bras au ciel. Les flocons dans ses cheveux le rendent encore plus invisible.
Mais en fait… c’est quoi ce carton ?
— Ne faites pas ça, Mam'zelle ! On sera blessé, ta chatte et moi et les petits aussi...
- Attendez ! Une seconde… dis-je en me ressaisissant.
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