Drame dans la ferme

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"Depuis presque deux ans, nous vivions dans un appartement dans la capitale. Je préfèrais notre château à la campagne car, là-bas, je pouvais sortir dans les jardins et les prés afin de voir les animaux, ce qui me permettait de me sentir moins seul. Dans notre nouvel appartement en ville, je ne pouvais sortir que très rarement. Je passais la plupart de mes journées à la maison, dans ma chambre et, en dehors des heures d'étude, je me sentais terriblement seul !

Mon père était gentil et veillait à ce que je ne manque de rien et reçoive une bonne éducation, mais il était constamment occupé par son travail, si bien que je ne le voyais qu'à table, le soir, s'il venait dîner. Quant à ma mère, elle est morte en me mettant au monde, alors je ne l'ai jamais connue. Je sais uniquement qu'elle était une très belle femme grâce à son portrait accroché sur le mur du salon.

Je me sentais donc très seul et la monotonie de mes journées n'arrangeait pas les choses, mais un jour, mon père a demandé à me voir. C'était une occasion très rare alors je me suis précipité dans son bureau où il m'attendait. Il m'a expliqué qu'il n'était pas bon pour moi de rester enfermé des journées entières dans cet appartement et que, pour mon bien-être, il a décidé de m'envoyer passer quelques jours à la campagne.

L'idée m'a plu alors je n'ai pas contesté. Le lendemain, je montais en diligence pour me rendre à la campagne. Je pensais que mon père m'enverrait passer ces quelques jours dans notre château, mais en fait, il m'envoya sur une autre de ses propriétés. J'arrivais donc dans une petite ferme perdue au milieu des champs et des prés. La famille qui y vivait fût très gentille et accueillante à mon égard. Ils m'avaient préparé une belle petite chambre à l'étage où je me reposais lors de la première journée. Les jours suivants, je sortais me promener et m'amuser dans les prés environnants. Les enfants du fermier m'accompagnaient lorsqu'ils avaient du temps libre et on jouait ensemble. Ils m'apprirent même à monter à cheval. Tout allait donc pour le mieux, jusqu'à ce fameux soir.

C'était quelques jours après mon arrivée dans la ferme. J'étais dans ma chambre, je lisais un livre à la lueur d'une bougie. Soudain, j'ai entendu du bruit. Quelqu'un toquait à la porte de l'habitation. Je savais bien que ça ne pouvait être un membre de la famille car ils étaient tous rentrés à la maison depuis la tombée de la nuit. Et même si l'un deux était ressorti entre temps, il n'aurait pas eu besoin de toquer. J'ai donc tendu l'oreille pour écouter ce qu'il se passait en bas. J'ai entendu monsieur Farmer ouvrir la porte. Il s'est mis à parler avec quelqu'un, mais d'en haut, je ne pouvais pas saisir ce qu'ils se disaient. Puis j'ai entendu la porte se refermer et, comme j'entendais toujours leur discussion, j'en ai déduit que monsieur Farmer a fait entrer la personne qui avait toqué à sa porte. Ils ont marché tout en discutant, puis il y eu un bref silence, suivi de cris puis . . . plus rien. La maison était désormais plongée dans le silence.

Je devinais que quelque chose de grave venait de se passer en bas mais je ne descendis pas pour autant. J'attendais, pétrifié sur ma chaise. Le silence fût troublé par des bruits de pas. On montait les escaliers qui menaient à l'étage où je me trouvais. J'eus alors le réflexe de mettre ma main dans ma poche et de saisir entre mes doigts le couteau de poche que m'avait offert le fils du fermier quelques jours plutôt. Il n'avait pas tort quand il me dit, en me le donnant, qu'il me serait très utile. Seulement, j'espérais tout de même ne pas avoir à l'utiliser dans ces conditions.

Les bruits de pas se rapprochaient de plus en plus de ma chambre. J'avais toujours la main dans ma poche, le couteau entre les doigts, j'attendais. La porte s'ouvrit et deux grands hommes en noir entrèrent dans la pièce. Leur regard se posa immédiatement sur moi. Ils se regardèrent ensuite et le plus grand, dont le chapeau dissimulait une grande partie de son visage, ne laissant voir que sa barbichette noire, fit un signe de tête vers moi à l'autre. Ce dernier s'approcha donc, je reculais, il s'approcha encore, et ainsi jusqu'à ce que je me retrouve acculé dans un des coins de la chambre. Il posa alors sa main sur ma tête et dit :

- Ah ! Pauvre petit ! Si seulement ton père n'était pas aussi convoiteur et stupide !

Il leva ensuite sa main, dans laquelle il tenait un grand poignard. C'est alors que je compris : il voulait me tuer ! Et si je ne réagissais pas rapidement, j'allais mourir ! Je ne sais pas ce qu'il m'arriva alors, mais je ne réfléchis pas une seule seconde de plus. Je sortis ma main de ma poche et, le couteau toujours entre les doigts, je me jetais sur l'homme qui menaçait ma vie.

Quand je repris le contrôle de mon corps, je me rendis compte que j'étais sur l'homme, qui gisait à présent inconscient sur le sol. Une flaque de sang se formait autour de lui. C'est alors que je constatais qu'il avait l'abdomen ouvert !

Je me relevais précipitamment et mon regard tomba sur mes mains : elles étaient tachées de sang ! Et je tenais toujours dans la main droite le couteau de poche mais à présent, il était ensanglanté ! Je fixais mes mains, les yeux écarquillés, avec horreur et incompréhension quand, soudain, j'entendis un gloussement.

Je levais la tête. L'autre homme était toujours debout, au milieu de la pièce. Il gloussait. Je ne comprenais pas ce qu'il trouvait d'amusant, alors je me contentais de l'observer. Il cessa rapidement de rire et me regarda dans les yeux. Ils étaient d'un bleu profond. Il fit quelques pas et s'arrêta juste devant le corps sans vie de son camarade. Puis il poussa un soupir et ramassa le cadavre de son complice avant de tourner les talons et de s'éloigner sans un mot.

J'avais du mal à réaliser ce qu'il venait de se passer. Avais-je tué l'homme qui me menaçait ? Et pourquoi l'autre ne m'a-t-il pas tué tant que j'étais encore vulnérable ? Venait-il tout juste de me laisser la vie sauve ? Tant de questions bourdonnaient dans ma tête !

Les jours suivants, je ne bougeais pas de cette pièce. Je n'étais pas encore sûr de ce qui s'était passé en bas et j'avais peur de le découvrir. De plus, je ne savais absolument pas ce que j'étais censé faire ! Alors je suis resté là où j'étais, jusqu'à ce que vous veniez me trouver."

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