05h18

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Yumi est assise près d’une table d’examen avec un visage sérieux, et examine la main de Murad. Elle est couverte de plaques rouges. Même date, à peine trois minutes de plus. L’officine est le RDC de chez les Shirai. Mon ERA est à 956. Pourquoi j’analyse ainsi ? C’est sûrement pratique ou rassurant.

« Bien ! Ça n’a pas l’air très grave, Murad. Même si c’est certainement très douloureux. »

« Ça me rassure, mais ses plaques de boutons me grattent tellement. »

Yumi attrape une compresse dans le tiroir d’une petite armoire près d’elle, puis l’enduit d’un mélange très odorant à base de plantes diverses. Tout ici semble aseptisé, comme dans un hôpital.

« Cela va apaiser un peu les démangeaisons ! »

Yumi commence à laisser ses pensées vagabonder, tandis qu'elle applique la compresse. Murad grimace légèrement, mais ne dit rien.

(Les yeux bleus de Murad me rappellent son père.)

Murad aussi pense dans le même délai. Il faut que j’apprenne à contrôler cela.

(Le visage de Yumi est vraiment ridé.)

« Tu n’as rien pour faire partir rapidement ce type de plaque ? »

« Pour ça, il me faut des médicinas, mais je n’ai plus de stock. »

« On dirait que je n’ai pas de chance ce matin, d’abord les furimi, et maintenant ça ! »

« Arrête de te plaindre ! Mizuki doit aller m’en chercher ce matin. »

« Combien de temps te faudra-t-il pour faire le remède, quand tu les auras ? »

« Quelques heures, mais je viendrai te voir dès que ce sera prêt. »

« C’est vraiment une douleur horrible, pourtant je ne suis pas du genre douillet ! »

« Je sais, mais c’est parce que le poison des furimi est très virulent et reste actif longtemps. »

Yumi ajuste rapidement ses petites lunettes rondes, puis griffonne une note sur un calepin usé.

« Merci de ton aide, Yumi, mais je devrais y aller ! Paul doit m’attendre. »

« Pense à mettre des gants pour garder la compresse en place, et dis bonjour à Paul de ma part. »

« D’accord ! J’essaierai de faire plus attention en entretenant les chemins du village. »

« Au fait ! Ce produit gominant que tu utilises pour tes cheveux, est-ce qu’il va bien ? »

Murad pense encore avec calme.

(Les cheveux de Yumi sont toujours attachés en chignon.)

Ce n’est pas évident de garder le contrôle sur mes pensées quand les leurs me parviennent.

« Il n’est pas mal, tu veux que je t’en procure ? »

« Non merci ! Je n’aime pas ce type de produit, mais chacun ses choix. »

« Au fait, pourquoi ne pas faire pousser des médicinas dans ton jardin ? »

« La médicina est une plante capricieuse qui ne pousse qu’aux endroits où elle se sent bien. »

« Je vois que ce n’est pas simple, mais au fait, Yumi, tu as quel âge déjà ? »

« Soixante-quinze ans, veux-tu que je te raconte l’époque où je changeais tes linges ? »

« Une autre fois, mais pourquoi ne t’es-tu jamais mariée ? »

Encore une pensée de Murad.

(Les cheveux de Yumi sont tout blancs, les miens finiront sûrement comme ça. En tout cas, je me souviens encore des histoires qu’elle me racontait pour nous endormir quand j'étais petit.)

« Eh bien, certains événements font que l’on est amené à faire des choix, Murad. »

« Mais, tu aurais été une super maman ! »

Yumi sourit un instant, puis affiche un regard compatissant envers Murad.

« C’est possible, mais savais-tu que mes parents sont morts d’une maladie quand j’étais petite ? »

« Oui, j’en ai entendu parler par Marc, qui m’a raconté que tu les avais perdus à cinq ans. »

« La maladie touchait et touchera toujours les gens, donc j’ai appris à la combattre. »

« Je vois, donc tu t’es concentrée sur ton apprentissage plutôt que sur tes relations ? »

« En effet. Cela demande du temps et parfois, il faut sacrifier ses propres besoins. »

« Tu es vraiment une personne altruiste, Yumi, et j’ai beaucoup de respect pour toi ! »

« Je ne suis pas la seule à avoir souffert ! Paul et toi avez aussi perdu vos parents très jeunes. »

« C’est vrai que l’effondrement de la mine d’Astérnia a fait beaucoup de victimes à l’époque. »

« Pourtant, vous êtes devenus des hommes bien. »

Cette pensée de Yumi est plus forte.

(Murad est le demi-frère de Paul, mais ça restera mon secret.)

« Merci, Yumi. Bon, il faut que j’y aille, sinon la vieille route du moulin ne sera jamais restaurée. »

« Votre travail est important pour tout le monde, mais restez prudents. »

« C’est promis, pas de risques inutiles, après tout je ne veux pas te surcharger de travail ! »

Les sens de Michel deviennent mes perceptions, tandis que ceux de Yumi s’effacent.

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