10h28
Aya se tient vers les ruchers et écoute le bourdonnement des apinas qui butinent tout en sentant les odeurs variées des fleurs que Katsumi plante.
« Maman ! Est-ce que je peux préparer un gros pot de miel pour Michel avec le cadre trois ? »
« Bien sûr, fais comme je t’ai appris, et ne brusque pas les apinas. »
« D’accord ! »
Les pensées s’entrecroisent : d’abord ce sont celles d’Aya que mon esprit reçoit et analyse.
(Même si papa n’aime pas, maman attache encore ses cheveux en queue de cheval.)
(Les iris vert clair d’Aya ont une teinte identique aux miens et j’en suis très fier. Je me demande si elle va remarquer que le cadre deux est de meilleure qualité.)
(Le cadre deux est plus aromatisé, mais il est incomplet. Je vais rester sur le trois.)
Aya place calmement une boite parfumée contenant un mélange de fleurs sur la table.
(J’aime bien l’éclat iridescent sur les ailes feutrées des apinas. Il forme un joli motif qui brille.)
« Prenez votre temps, mes jolies, je ne suis pas pressée ! »
Les apinas quittent la ruche pour s’y diriger, puis Aya soulève le troisième cadre avec calme.
(Il ne faut pas que je me précipite, c’est un travail de patience.)
Aya coupe les opercules avec un petit couteau, puis installe le cadre dans un extracteur manuel.
(Ma fille est plus talentueuse que moi à son âge.)
Avant de continuer, Aya remet un cadre vide, puis range le réceptacle parfumé dans un tiroir. Elle place celui qui est plein dans l’extracteur et commence à tourner doucement la manivelle.
« C’est parfait, Aya, prends ton temps et laisse bien le miel se détacher naturellement. »
« D’accord, maman ! »
Les sens de Mizuki me guident de nouveau.
*** *** ***
Elle court rapidement le long d’un chemin ascendant aux abords de la forêt de l’Autel.
(Hanakaze est en contrebas sur ma droite. Le village vu d’ici est tellement beau !)
Mizuki arrive au pied de la montagne, puis tourne brusquement vers l’ouest avec une impulsion.
(La forêt est touffue et pleine d’odeurs multiples, mais je dois aller vite.)
Mizuki ne ralentit à aucun moment sa course et continue de s’engouffrer dans la forêt.
(Cool ! Il y a des biches, et aussi un sanglier avec ses petits.)
Ses sens s’effacent alors au profit de ceux de Michel.
*** *** ***
Il avance dans la grotte de Forgiennel, sur un sol sableux et glissant, alors que des gouttes d’eau tombent du plafond dans un bruit répétitif. Sa lanterne est attachée sur son sac, une odeur de moisi lui fait se couvrir le nez.
(Ce n’est pas évident d’avancer, vu que mes pieds ont tendance à s’enliser.)
Soudain, une stalactite se décroche du plafond, puis se fracasse au sol dans un bruit sourd. Michel garde son calme, mais je ressens tout de même qu'il est inquiet.
(J’ai intérêt à être prudent. Si je prends ça sur la tête, je ne survivrai pas !)
Michel avance avec prudence et garde son calme malgré son angoisse.
(Cette odeur de moisi doit provenir du lichen qui recouvre les parois de la grotte.)
De légers craquements se produisent sous ses pieds, ce qui le pousse à regarder le sol en détails.
(Des ossements ? Il ne semble pas humain, mais mieux vaut rester prudents.)
Les sens de Mizuki gèrent de nouveau mes perceptions et chaque changement m’oblige à vite m’habituer pour ne pas me perdre.
*** *** ***
Elle enjambe rapidement un arbre massif renversé au sol, puis traverse un épais buisson de ronces en bondissant par-dessus sans même se préoccuper des crevasses boueuses qu’elle esquive facilement.
(C’est amusant. Je n’étais encore jamais passée par là !)
Mizuki observe son environnement sans ralentir, tandis qu’un animal surgit soudain des fourrés.
(Un lupis ! Il est tellement beau ! Je veux absolument pouvoir le regarder dans les yeux.)
Malgré les obstacles, Mizuki accélère sa vitesse de course sans effort réel.
(Sa silhouette élancée et musclée est magnifique, mais son épaisse fourrure a l’air si douce !)
Alors que les sens de Mizuki s’effacent encore, ceux de Michel me guident dans mes perceptions.
*** *** ***
Il s’enfonce difficilement dans un passage étroit. Ses pas et sa respiration résonnent dans la grotte. Après un effort intense, il parvient à s’extirper, mais se retrouve face à un large ruisseau s’écoulant doucement dans une vaste crevasse.
(J’ai bien fait de me préparer correctement.)
Sans perdre de temps, il lance un grappin pour attraper une stalagmite de l’autre côté.
(Avancé en cochon pendu sera long, mais mieux vaut ne pas tomber.)
Après quelques minutes, il finit de traverser, et s’engouffre par une fissure dans une vaste salle. Il marche avec calme en longeant le mur, puis s’arrête près d’une paroi.
(Génial ! Ce gisement est de bonne qualité, même s’il n’est pas très important.)
Il pose son sac, sort ses outils, puis commence à frapper vigoureusement la roche autour du minerai avec sa pioche.
(J’en ai pour un bon moment ! Mizuki doit avoir bien avancé, mais je suis dans les temps.)
Chaque coup résonne avec l’écho, jusqu’à ce que les sens de Michel laissent place à ceux de Mizuki.
*** *** ***
Elle utilise son environnement pour accroître sa vitesse, sans lâcher le lupis du regard.
(Il faut que j’aille plus vite si je veux le rattraper.)
Soudain, un animal bondit sur elle avec vélocité depuis le sommet d’un arbre.
(Un lynxéard, il est trop mignon et on dirait qu’il veut jouer !)
Mizuki se propulse dans les airs d’une impulsion.
(J’aime bien son pelage boueux !)
D’un coup de pied, Mizuki, frappe le menton de l’animal, tandis que, dans la continuité du mouvement, elle effectue un cent quatre-vingts degrés et termine sa rotation pour reprendre sa course, alors que le lynxéard s’écroule au sol dans un bruit sourd.
(C’est bon ! Je peux l’entendre respirer, donc il va vite se remettre.)
Mizuki ne relâche pas sa vitesse, mais le lupis non plus.
(On dirait qu’il est limité par son environnement.)
Mes perceptions passent sur les sens de Noémie.
*** *** ***
Elle est assise derrière le bureau de la bibliothèque et continue de lire en regardant Linda ranger les étagères.
« Tu as consigné tellement de choses dans ce livre, Linda. Par exemple, ce géomorphe. »
« Il est assez effrayant, n’est-ce pas ? Le pire est qu’il naît à partir des minéraux. »
« Pour sa taille de cent cinquante centimètres, ça va, mais ses yeux rouges ! »
Linda nettoie aussi la poussière présente sur les meubles et les livres, ce qui la fait tousser un peu.
« Ses dents et ses griffes acérées. Sa musculature imposante et massive ! »
« Je sais, Noémie, c’est effrayant ! »
« J’avoue que ça ne me donne pas envie d’en voir un ! Par contre, il mange des cailloux ? »
« Ce sont des minéraux ! Pas des cailloux. Exemple : l’émeraude, le rubis, ou le diamant. »
« On s’en fiche, de toute façon je ne mangerai rien de tout ça ! »
« Ce sont des informations importantes qui déterminent sa puissance, qu’on classe en dix niveaux. »
« Donc, il a différents niveaux de force ! Comment ça marche ? »
« Par exemple, le diamant le rend très résistant, mais le lapis-lazuli lui donne moins de puissance. »
« De toute façon, avec un groupe ou un mage, il doit être facile à battre. »
« Les combats sortent de mon champ de compétences, cependant, tu devrais regarder la pendule. »
« Mince ! Je suis en retard, je file, Linda, à ce soir ! »
Noémie se lève précipitamment, puis court vers la sortie comme une fusée. Voilà que je me mets à faire des comparatifs, ce n’est pas normal pour un observateur. Les sens de Noémie laissent place à ceux de Mizuki.
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