Annie est assise sur le lit de sa chambre et rit aux éclats alors qu’Henri parle de sa mésaventure.

(Au moins, elle s’amuse.)

« Ce n’est pas drôle, Annie, j’étais vraiment gêné. »

(Son visage devait être une vraie tomate.)

« Eh bien, la prochaine fois tu frapperas à la porte. »

« Oui, il est certain que je le ferai. »

(Ça me rappelle l’époque où j’avais surpris la reine au palais.)

« En tout cas, c’est bien que Richard et Mélanie aient enfin décidé de le faire. »

« Ils ont dû mettre des protections ! »

« Je n’espère pas, vu le mal que je me suis donnée pour les cacher ! »

« Je sais que devenir grand-mère est l’un de tes rêves, mais quand même. »

« Oh, ne sois pas grincheux, tu n’as pas envie d’être grand-père ? »

« Je ne peux pas le nier, en plus, Richard est un bon garçon. »

Mes perceptions passent sur les sens de Tatsuya.

*** *** ***

Elle est dans son lit, couverte de sueurs, son regard est posé sur Pete qui est allongé à ses côtés.

« Je n’y crois pas, Pete, j’ai encore joui ! Le sexe anal est génial ! »

« Elias a pas mal de connaissances dans ce domaine, il m’a donné de super conseils. »

« Dans ce cas, je vais devoir le remercier, on pourrait l’inviter. Après tout, tu as un joli derrière. »

« Si c’est ce que tu veux, je suis partant, ma chérie, je lui en parlerai. »

(Je veux que Pete sache que c’est jouissif, mais aussi un peu douloureux.)

« Super, bonne nuit. »

« Bonne nuit, Tat. »

(Je ferais n’importe quoi pour elle, même si je vais avoir mal aux fesses.)

Les sens de Kenji deviennent mes perceptions.

*** *** ***

Il est allongé sur son lit et regarde le plafond avec un air inquiet.

(J’ai peur que des grikans attaquent Hanakaze… Ceux que Mizuki a affrontées étaient sûrement des éclaireurs, mais Henri est au courant. Il fera le nécessaire pour les préparatifs. Cependant, je dois m’assurer de demander du renfort à l’aube.)

Kenji lève sa main vers le plafond, tandis que sa tristesse l’accable.

(Tu me manques tellement, Émilie, ton sourire, ta voix chaleureuse, tes mots apaisants…)

*** *** ***

Les sens de Michel remplacent ceux de Kenji. Il regarde le portrait d’Émilie assis au bord de son lit.

{Maman, je ne sais pas vraiment comment réagir, à ce que j’éprouve pour Shana. Il est fortement probable que ce soit de l’amour, mais ce sentiment est tellement étrange, car je ressens un lien inexplicable avec elle, comme si nos âmes étaient destinées à se rencontrer et à s’unir, et c’est la première fois que ça m’arrive, donc je suis nerveux, excité et un peu effrayé à l’idée de m’ouvrir et de me montrer vulnérable, mais J’espère que tu me comprends et que tu me guideras dans cette nouvelle étape de ma vie. Bonne nuit, maman.}

Mon ERA est à 061/999. Vais-je mourir ? Cela n’a pas vraiment d’importance au fond.

Je me retrouve soudain devant le reflet d’une femme blonde.

*** *** ***

Elle ajuste sa queue de cheval devant son miroir. J’ignore le lieu où je suis, mais il ressemble à une petite chambre et, étrangement, mon ERA n’a pas diminué.

« Bonsoir mon petit observateur, tu as vécu une première journée intéressante, j’espère ? »

Elle ajuste ses lunettes carrées qui soulignent son visage ovale souriant, mais sérieux.

« Laisse-moi recharger ton ERA ! Tu as été très dépensier aujourd’hui, mais ce n’est pas grave. »

Son regard descend lentement sur ces seins plats dont les tétons pointent légèrement.

« Petit cochon, où regardes-tu ? Mon corps t’excite-t-il ? »

Elle entend mes pensées, mais comment c’est possible ? Qui est cette femme ?

« Chut, tu as besoin de recharger ton ERA, car tu t’es beaucoup téléporté, petit coquin. »

Elle glisse ses mains sur ses jambes fines puis sur ses fesses plates dans un geste sensuel.

« Tu es un observateur différent des autres, car tu développes des sentiments. »

Elle mouille son index entre ses lèvres dans un geste calculé, puis s’assied face au miroir.

« Ce n’est pas censé arriver, mais je ne suis pas contre l’idée. Après tout, chaque événement aussi insignifiant soit-il est un apprentissage, mais si tu vides ta réserve d’ERA tu vas mourir. »

Elle écarte doucement les cuisses et touche calmement son clitoris en souriant.

« Au fait, je m’appelle Naya. Comme tu t’en doutes, je suis à l’origine de ta résurrection. »

Une chaleur m’envahit alors que Naya se caresse sans plaisir. Les minutes s’écoulent dans un long silence, puis soudain elle s’arrête.

« Ce sera largement suffisant. »

Elle se lève tranquillement, puis enfile une chemise blanche qui laisse visibles ses longues jambes.

« Au fait, comment trouves-tu mon visage ? »

Des sourcils fins et longs cils accentuent son regard noiraud qui m’observe attentivement. Ses petites oreilles semblent à l’écoute. Son nez délicat indique qu’elle respire doucement, mais sa bouche équilibrée et ses lèvres fines, montrent un côté mature très sensuel.

« J’aime beaucoup la façon dont tu me perçois, mais ce que j’apprécie vraiment, ce sont les rencontres que tu as faites, par exemple : Mizuki, Shana, Michel, Miki, et même les autres. »

Ses pensées ne me parviennent pas, comme si elle n’en formait aucune.

« Il est temps que tu retournes observer le monde pour moi. »

Mes perceptions reviennent sur les sens de Mizuki.