23/04/420 seconde journée de mon éveil 04h05

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« Les gardes de nuit sont vraiment longues ! »

« Je suis d’accord, Philippe, mais au moins on peut en profiter pour discuter. »

Alors que mes réflexions m’absorbent, mes perceptions reviennent aux sens de Mizuki.

*** *** ***

Elle ouvre doucement les yeux sur l’épaule de Shana.

(Shana dort encore paisiblement, je vais essayer de ne pas la réveiller.)

Mizuki retire sa main du ventre de Shana, puis écarte la couverture d’un geste lent. Elle se lève très doucement, puis se tourne face au miroir et commence sa routine de yoga.

(Ce serait plus pratique d’allumer la bougie, mais avec les firins la chambre est assez éclairée. Shana dort paisiblement, donc je dois être silencieuse.)

Mizuki adopte la posture du tadasana pendant une minute, puis passe en uttanasana. Après un court instant, Shana ouvre lentement les yeux et se redresse en étirant ses bras pendant qu’elle bâille.

(Je pensais être silencieuse pourtant.)

« Bonjour Shana, est-ce que je t’ai réveillée ? »

Mizuki passe facilement dans la posture du chakrasana tout en souriant à Shana.

« Bonjour Mizuki, ne t’en… Comment fais-tu pour te plier comme ça ? C’est quoi cette pose ? »

« Il s’agit du chakrasana ! C’est une posture avancée de yoga. »

« Ce n’est pas douloureux ? Je veux dire, ton corps est comme… vraiment plié en deux ? »

« C’est vrai que pour un débutant cela paraît impossible à faire, car c’est une posture difficile. »

« J’ai entendu parler du yoga, mais je ne pensais pas qu’on pouvait se plier comme ça. »

« Je pratique tous les jours depuis mes quatre ans, donc j’ai acquis une grande souplesse. »

Mes perceptions glissent vers les sens de Shana.

*** *** ***

Elle regarde son reflet dans le miroir.

(Mes cheveux sont encore emmêlés.)

« C’est Kenji qui te l’a enseignée ? »

(Shana essaie de démêler ses cheveux.)

« Oui, mais papa n’a pas ma souplesse. »

Mizuki, toujours concentrée, passe en viparita chakrasana sans revenir à sa position initiale.

(J’aime les avoir longs, mais ce n’est pas pratique le matin.)

« Tu sais, quand j’ai commencé, j’avais du mal, mais j’ai persévéré. »

« C’est normal ! En tout cas, ton lit est vraiment agréable et j’ai passé une super nuit. »

« Je sais ! Le matelas est moelleux et l’odeur de lavande est apaisante. »

« En plus, la couverture est tellement chaude. »

« Shana, tu peux allumer la bougie pour moi, le briquet est dans le tiroir. »

« Bien sûr, Mizuki, mais tu ne préfères pas allumer la lumière ? »

(On n’est pas très propre, Shana et moi… Je sais ! Je vais lui proposer un bain.)

« Quelle lumière ? »

Mizuki passe en samakonasana, tandis que la chambre s’éclaire à la lueur de la bougie citronnée. Shana observe le plafond ainsi que les murs avec curiosité.

« J’aime bien l’atmosphère de ta chambre, elle est simple, mais chaleureuse. »

« Je ne vois pas de lampe au plafond, vous n’utilisez pas de pierre d’ERA ? »

« Des lampes ? Des pierres d’ERA ? Qu’est-ce que c’est ? »

« Les pierres d’ERA sont comme les cristaux dont je t’ai parlé hier, mais en plus petit. »

(Shana m’observe vraiment beaucoup.)

« Les lampes sont comme des lampadaires intérieurs, mais accrochées au plafond. »

« Au fait, Shana, tu veux que je te prête des vêtements propres ? »

« Oui, merci Mizuki, je veux bien. »

(C’est vrai que les petits villages ont un retard technologique.)

Mizuki termine rapidement ses squats, puis marche vers sa commode.

« Tu as une préférence de vêtements ? »

« Un short court et un maillot, si tu as ? »

« J’en ai un bleu en denim que je porte presque jamais, et un maillot blanc en coton ! »

« Oui, ce serait parfait. »

« Ok, moi je vais prendre mon kimono avec son motif de dragon ! »

Mizuki donne les vêtements à Shana, puis change de culotte avant de s’habiller.

« Il faudra aussi que je lave mes vêtements ? »

« Tu n’as qu’à les mettre dans mon panier et on fera une lessive commune. »

« C’est une bonne idée. »

Une fois prête, Shana souffle la bougie, puis récupère le panier, tandis que Mizuki lui ouvre la porte. Elles avancent doucement dans le couloir tout en chuchotant.

« Ça te dit de prendre un bain avec moi ? »

« Bien sûr, ça me fera du bien. Est-ce que la baignoire est grande ? »

« Quelle baignoire ? »

« Je parle de la baignoire de la maison, celle qui est dans la salle de bain, normalement. »

« On n’a rien de tel ici, moi je parle d’un bain extérieur. »

« Je ne savais pas que Hanakaze avait une station thermale. »

« Station quoi ? Non, je parle d’un bain dans le bassin derrière la maison. »

Les filles descendent doucement l’escalier. Le vestibule adjacent sur sa droite leur permet d’enfiler rapidement leurs chaussures sans agitation. Les pensées de Shana sont confuses, alors qu’elle réfléchit.

(Un bain dehors ? Toute nue ?)

« Ah… D’accord. »

Elle est hésitante, alors qu’elle pense encore.

(J’en ai besoin, mais c’est gênant.)

Celles de Mizuki sont énergiques.

(Je pourrais observer les aquina afin de penser à ma nouvelle technique, d’une pierre deux coups. Après, je vais me faire une bonne séance ce matin, pour essayer de canaliser ma violence d’hier.)

« Mizuki, le miroir dans ta chambre est impressionnant. Tu l’as depuis longtemps ? »

« Il appartenait à Émilie. Ma chambre était la sienne, mais j’ai gardé la pièce à l’identique. »

« Je vois. Est-ce que je peux récupérer la serviette que je t’ai prêtée hier ? »

Mizuki sort rapidement la serviette de son sac à dos et la tend à Shana.

« Tiens. »

(C’est Michel qui a encore la mienne, mais je la récupérerai plus tard.)

« Au fait, ces gardénias sont très jolis et sentent bon. »

« Oui, c’étaient les fleurs préférées d’Émilie ! Moi aussi, je les aime bien. »

Les filles sortent, puis empruntent le petit chemin en terre qui longe la maison. Elle le remonte jusqu’à un bassin en pierre naturel entouré d’une palissade. Puis s’arrêtent sous l’appentis en bois. Mizuki admire le contraste entre la végétation et les eaux limpides qui sont alimentées par la source d’eau cristalline. Puis, elle lève le panneau qui indique : BAIN OCCUPÉ ! et commence à retirer son kimono.

(Ce doit être une sécurité, mais ça reste gênant de se déshabiller dehors.)

Ce système de bain est similaire à celui du Japon au vingt-unième siècle.

« Dis-moi, Mizuki, est-ce que tu portes un soutien-gorge normalement ? »

(Shana n’a encore rien enlevé ?)

« Non, je n’en ressens pas le besoin. »

« Tu devrais en porter un, ta poitrine pourrait s’affaisser avec le temps. »

« Etsuko m’a dit la même chose ! Au fait, Shana, ta poitrine ne te gêne pas pour utiliser ton arc ? »

« Mon soutien-gorge est conçu pour les activités sportives et la maintient en place. »

Mizuki dépose tranquillement sa culotte dans l’un des nombreux paniers vides présents sur la table.

« Au fait, est-ce que tu comptes prendre un bain toute habillée ? »

« Euh… non. »

(Elle n’a aucun poil, c’est bizarre.)

« Mizuki, est-ce que tu t’épiles toi-même ? »

« C’est Annie qui le fait pour moi une fois par mois, et toi, Shana ? »

« Je le fais toute seule. Maman m’a appris. C’est facile de parler de choses intimes avec toi. »

« On peut parler de tout ce que tu veux, Shana. »

Mizuki entre dans l’eau en souriant, tandis que les aquinas s’approchent rapidement avec un clapotis vif et se frottent contre sa peau, alors que, de son côté, Shana finit de retirer sa culotte.

(J’adore la sensation, c’est comme un doux massage.)

« Tu viens, Shana ? »

« Euh… Tu es sûr que c’est sans risque de se baigner avec des aquinas ? »

« Je le fais depuis que je suis toute petite, tu n’as jamais pris de bains avec eux ? »

Shana entre lentement dans le bassin, tandis que Mizuki se prélasse et observe les aquinas.

(L’eau est froide, ça me fait tout drôle.)

« Les bains chauds sont privilégiés à la capitale. »

Les aquinas se séparent pour aller vers Shana qui les regarde attentivement.

« Des bains chauds ? Les aquina refroidirait l’eau tout de suite, non ? »

« On les retire de l’eau des bains, et on les utilise uniquement pour la purifier. »

« Je ne vois pas pourquoi on ferait ça. »

« À l’école, on apprend que les aquinas pourraient facilement s’introduire dans nos orifices. »

« Nos orifices ? »

« Tu vois très bien de quoi je parle. »

(Ils chatouillent ma peau, j’adore ce contact chaleureux.)

« Le vagin et l’anus, on peut le dire comme ça. »

(Mizuki n’a vraiment aucune gêne.)

« On peut, mais le terme orifices est un peu plus discret ! »

Shana rit légèrement et se détend en allongeant ses jambes dans l’eau, tandis que Mizuki s’assied au milieu du bassin et s’immerge jusqu’au cou pour continuer d’observer les aquinas avec attention.

« J’ai constaté que Michel aussi est vraiment fort ! Battre un géomorphe seul est un exploit. »

« Évidemment qu’il est fort, Shana ! C’est mon frère. S’il perd, je l’entraînerai à la dure. »

Des furvius sautillent dans les arbres aux abords, ce qui fait bruisser les feuilles.

« Tu veux que je te prépare un entraînement qui t’aide à esquiver et attaquer en même temps. »

« Oui, ça me serait vraiment utile. »

(Tiens… ce sont des coassements que j’entends !)

Les filles sont détendues, tandis que grâce aux aquinas leur peau est impeccable.

« Il faudrait aussi que je me brosse les dents, as-tu ce qu’il faut ? »

(Alors, les bases du yoga pour commencer.)

« Oui, dans la cuisine, il y a de la pâte à mâcher. »

Les firins éclairent le bain d’une lueur tamisée en virevoltant avec musicalité.

« La pâte à mâcher n’est pas aussi efficace, tu n’utilises pas de brosse à dents et de dentifrice ? »

« Non, la pâte à mâcher qu’on utilise est faite à partir de denticula. »

« Je n’en ai jamais entendu parler. »

(Mizuki regarde les grenouilles, on dirait.)

« Elle est fabriquée à partir d’une plante toute noire nommée denticule. »

(Une pâte à mâcher capable de remplacer le dentifrice ?)

« Elle permet un nettoyage complet et une protection efficace. »

« Je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose, qui la fabrique ? »

« C’est notre herboriste Yumi qui l’a inventé, mais je te la présenterai. »

(Un entraînement au tir à l’aveugle devrait être une bonne base, reste à peaufiner les détails.)

Mirina mâchait souvent des plantes. Je lui disais d’arrêter, car c’était dangereux.

(Je l’attaquerai avec des coups lents et faibles pour commencer, de façon à ce qu’elle s’habitue.)

Mirina souriait toujours, même dans les pires moments.

« Si elle marche, cette pâte vaut une fortune ! Yumi devrait la commercialiser. »

« Peut-être, mais je n’y connais rien. L’argent, ce n’est pas mon truc et Yumi s’en fiche aussi. »

Je m’en souviens, j’avais développé des sentiments non réciproques pour Mirina.

« Mizuki, l’argent est utile ! »

(Je n’y crois pas, elle a un crapaud sur la tête !)

« Sûrement, mais ça ne m’intéresse pas. »

(Il est mignon.)

Les sens de Shana laissent place à ceux de Linda.

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