51. Combat de coqs

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Ysée


Mais qu’est-ce qu’il m’a pris ? Je suis folle, je crois, il n’y a pas d’autre explication logique à mon comportement de ce matin. J’étais à la limite du viol, non ? Et si je plaide l’envie irrésistible, ça ne va pas vraiment m’aider, je pense. Putain, en plus, j’ai vraiment adoré. Faire l’amour avec Mathias, c’est juste exceptionnel. Enfin, faire l’amour… C’était plutôt baiser. Comme des animaux en rut. Juste deux corps qui ne demandaient qu’à s’imbriquer l’un dans l’autre. Et lui… Il faudrait décerner une médaille à cet homme capable, en plein milieu de l’action, en pleine nature, de sortir un préservatif, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Toujours prêt, ça doit être ça, sa devise !

J’enfile mes vêtements et ne parviens pas à me retirer de la tête les images de cette matinée. Déjà en me réveillant dans ses bras, cela m’a excitée. J’ai cru que ce serait une bonne idée d’aller me rafraîchir les esprits dans la rivière, mais ça n’a servi à rien. Et quand il a débarqué et s’est mis à me crier dessus, le seul résultat, c’est que ça m’a encore plus excitée. Je crois que j’ai failli avoir un orgasme juste à l’entendre me rappeler à l’ordre. C’est un signe supplémentaire de folie, ça. Ou alors de manque. Et le pire, c’est que j’en redemande encore. Après ces jours passés avec un simple jouet pour assouvir mes envies, le sentir si dur et si vibrant en moi, ça m’a juste déconnectée de toute réalité tellement c’était bon et excitant.

Je remonte enfin le chemin et me dirige vers la grange dont je pousse la porte après avoir marqué un temps d’hésitation. Je ne sais pas comment je vais gérer l’après copulation avec ce charmeur de femmes. Surtout qu’il a juste profité, lui. Monsieur a tiré son coup et après, une fois sa charge expulsée, il m’a de nouveau mise face à une fin de non recevoir. J’ai vraiment l’impression d’avoir juste servi à soulager son envie. Comme si mon propre désir et mes propres besoins n’avaient aucune importance. Parce que, même si c’était vraiment du top niveau au niveau sexe, j’avais encore envie, moi !

— Je peux faire quelque chose ou bien tout est prêt pour qu’on reprenne la route ?

Je m’adresse à lui aussi froidement que possible alors qu’il est en train de récupérer les ustensiles que les filles ont utilisés pour manger leur pain et leurs fruits.

— Tu as mangé quelque chose avant d’aller te baigner ?

J’ai presque envie de lui répondre que c’est lui que j’aurais aimé dévorer, mais je me retiens pour ne pas faire de scandale ou de provocation devant les filles et Florent.

— Non, je n’ai pas pris le temps. Tu me donnes quelques minutes ou il faut qu’on file ?

— Vas-y, la journée va être longue, mais ne traîne pas. S’il te plaît… Il faut qu’on bouge.

Ah oui, il faut qu’on bouge, c’est sûr. Et l’un dans l’autre, ce serait encore mieux. Rien que d’y penser, j’ai à nouveau l’impression de me liquéfier sur place, mais je prends une grande respiration et je vais m’installer à côté des filles pour voir ce qu’il reste dans le sac de provision. Mathias en profite pour aller rejoindre Florent à côté de la porte d’entrée et je constate que ce dernier a les yeux posés sur moi et qu’il a l’air perturbé.

J’attrape un morceau de pain et réalise tout à coup que j’avais vraiment faim et que cette petite pause est appréciable. Je me tourne vers Lila qui a l’air d’hésiter à me parler.

— Ça va, Lila ? Tu n’es pas trop fatiguée ? l’interpellé-je doucement.

— Tu crois qu’un jour, on pourra vivre une vie normale ?

Cette question me fend le cœur et je la serre contre moi, prise d’un instinct maternel que je ne me connaissais pas. Que c’est difficile de ne connaître que la guerre dans son enfance ! Et maintenant, en plus, d’être l’objet de la folle attention des mafias et des ennemis de la Présidente.

— Bien sûr, ma puce. Tu verras, bientôt, tout ce cauchemar sera terminé. Ça prend juste un peu plus de temps que prévu, mais avec des protecteurs comme Mathias et Florent, on ne risque rien, tu sais ?

— Je sais, répond-elle, un peu tristement.

Je jette un œil vers les deux hommes et constate que Florent n’a pas bougé et qu’il est toujours en train de m’observer. L’intensité de son regard me trouble légèrement. Est-ce que c’est comme ça qu’il me matait quand Mathias l’a surpris ? En tous cas, je suis un peu gênée car j’ai l’impression d’être un morceau de viande sur un étalage. Et le Beau Blond qui m’a tant donné de plaisir ce matin capte notre échange de regards et se tourne vers son voisin qui ne fait plus attention à rien. Il lui donne un petit coup d’épaule et je vois qu’ils commencent à discuter de manière un peu vive.

— Tu peux rassembler toutes les affaires ? J’ai… Il faut que j’aille voir nos protecteurs et je reviens. Vous nous attendez ici ? lui demandé-je alors que Mathias a empoigné son ami de manière plutôt vive et qu’il est en train de le forcer à sortir de la grange.

Mais qu’est-ce qu’ils font tous les deux ? J’ai cru deviner comme de la colère chez Mathias et je suis inquiète de ce qu’il a en tête. Je me précipite vers la porte qu’ils ont refermée derrière eux et, quand je sors, j’entends immédiatement leur dispute.

— Putain, Mat, je te dis que je ne faisais rien de mal !

— Ah ouais ? Tu trouves ça correct de baver comme un Terre Neuve, planqué dans ton coin ? Et tu trouves ça correct de bugger comme un débile plutôt que de faire ton taf ? T’as vraiment pas l’impression de faire quelque chose de mal ? Parce qu’on a un sérieux problème si c’est le cas, Morin !

— Parce qu’il n’y a que toi qui as le droit de mater ? Non, mais j’hallucine, là ! C’est l’hôpital qui se moque de la charité ! répond Florent qui se permet de bousculer légèrement son camarade.

— Joue pas au con, putain ! grogne Mathias en le bousculant à son tour. Un regard, c’est compréhensible, mais ce que tu as fait ce matin et là, à l’instant, ça n’a rien de professionnel ! On parle de leur sécurité, alors fais un effort et tiens-toi correctement ! Même pour Ysée, bordel, c’est pas correct !

J’en reviens pas, là. Ils sont en train de se disputer à cause de moi ? Mais ils sont fous ! Et il croit quoi, Mathias ? Que parce que je l’ai laissé me baiser, il a le droit d’interdire aux autres de me regarder ? C’est vrai que ce n’était pas correct, mais le regard d’un mec ne m’a jamais dérangée, moi.

— Non mais, ce n’est pas bientôt fini, vos enfantillages ? Vous vous rendez compte de ce que vous êtes en train de faire alors que vous devriez être en train de réfléchir à notre prochaine étape ?

Je leur crie dessus en m’approchant alors que Flo a déjà saisit Mathias par le col et que celui-ci le repousse vivement.

— Tu oses me dire que je ne suis pas professionnel ? s’emporte l’ancien sergent. Tu crois quoi ? Que parce que je regarde une jolie femme, j’en oublie mon boulot ?

— Oui, j’ose ! J’aurais pu te buter cent fois ce matin sans que tu daignes me capter arriver ! Tu trouves ça normal ? J’ai pu t’observer au moins cinq minutes le temps d’approcher ! Alors tu te concentres, putain, on parle de la vie de deux gamines, là !

— Tu es sûr que c’est de ça qu’on parle ? Tu n’es pas en train de me faire une crise de jalousie mal placée ? Allez, sois honnête, bordel, on se connait depuis des années ! Tu n’as pas été comme ça depuis Justine.

Là, c’est comme si Mathias se transformait radicalement. On dirait que ce prénom lui fait oublier avec qui il est. Je n’ai pas le temps d’intervenir qu’il envoie un coup de poing violent dans le ventre de Florent qui se plie en deux sous la douleur. Mathias est enragé et je suis obligée de me mettre physiquement entre les deux pour éviter qu’il ne recommence à le frapper.

— Mathias ! Arrête ! Tu es fou ou quoi ? Calme-toi !

— Te mêle pas de ça, Ysée, crache-t-il sans lâcher Florent des yeux. Et toi, je t’interdis de me parler d’elle ! C’est clair ? Tu devrais te rappeler ce que ça fait, justement, de tout mélanger ! Mais non, remarque, tu peux pas comprendre, t’étais planqué tranquille derrière tes ordis en train de balancer des infos à l’autre pourri à cette époque. Ou t’étais déjà de retour au pays, peut-être ? Dans tous les cas, ferme-la !

— Non mais j’y crois pas, là ! s’énerve Florent dans mon dos. Tu sais que j’ai juste fait ce que je pouvais ! Et depuis, j’ai plus jamais merdé. Tu le sais, ajoute-t-il alors que sa voix se brise et qu’il se met à sangloter.

— Mathias ! Arrête tout de suite ou je te promets que je me casse tout de suite avec les deux filles et que je vous laisse là comme des adolescents en mal de testostérone ! Putain, vous êtes de vrais gamins à vous disputer parce que l’un de vous me matait et que l’autre… Bref, c’est juste puéril !

Ma réaction a au moins le mérite de faire redescendre Mathias et ses yeux qui se fixent sur mon visage, emprunts d’une douleur évidente, parviennent enfin à faire le focus sur moi. J’ai l’impression qu’il revient parmi nous et que sa colère retombe aussi subitement qu’elle était venue.

— Je… Ça va, c’est bon, souffle-t-il en reculant d’un pas. Je vais aller faire un tour… Il faut vraiment qu’on parte.

— Oui, on va y aller, ça vaudra mieux que de se taper dessus alors qu’on n’est toujours pas à l’abri. Je vais chercher les filles. Florent, tu viens avec moi ?

— Je te suis, on lève le camp, il est grand temps.

Mathias s’est éloigné et je saisis son collègue par le bras pour l’emmener avec moi. Il semble un peu perdu suite à ce qu’il s’est passé et j’en profite pour remettre les pendules à l’heure.

— Mathias n’avait pas à te frapper comme ça, mais je te jure que la prochaine fois que tu me traites comme un morceau de viande, c’est moi qui t’arrache les yeux. Après t’avoir coupé les couilles. C’est clair ?

— Je suis désolé, Ysée, je… C’est pas mon genre de faire ça, je ne sais pas ce qui m’a pris…

— Je sais, je ne t’en veux pas… Et puis, j’avoue que c’est un peu flatteur quand même. Enfin, tant que tu ne te jettes pas sur moi comme un chien sur un bout d’os, hein ? Allez, on oublie tout ça et on va s’occuper de ce qui est réellement important : Lila et Sophia.

Il ne me répond pas mais je vois qu’il regrette réellement ce qui vient d’arriver. Je ne sais pas comment on va gérer les choses après cette dispute, mais au moins, l’affaire est calmée. Et moi, curieuse comme je suis, je me demande ce qu’il s’est passé avec cette Justine pour provoquer une telle réaction chez Mathias. Il va falloir que je creuse ça si je veux mieux connaitre et comprendre cet homme qui m’a apporté une telle jouissance.

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