Les portes du sanctuaire s’ouvrirent d’un coup.
Une lumière éblouissante inonda l’entrée, empêchant de distinguer qui en sortait.

Deux gardes portèrent la main à leurs yeux. Un prêtre apparut, suivi d’un garde, puis d’une foule vêtue de haillons. Certains, inconscients, étaient traînés par d’autres. La plupart portaient sur leur corps des marques profondes. On comptait trois borgnes et deux amputés.
Derrière la procession, deux gardes les poussaient en criant.

Lorsque tout le cortège eut pénétré dans le sanctuaire, les portes se refermèrent.
Une cloche sonna trois fois.

Les deux gardes, réhabitués à la pénombre, se placèrent devant l’entrée. Chacun tenait une lance. Ils portaient des habits blancs, une armure légère : plastron d’acier, protections de bras et de jambes en métal, et un casque poli.

Le prêtre s’arrêta, fit signe au garde qui l’accompagnait. Celui-ci montra un premier trou dans le sol. Cinq personnes furent désignées. Puis dix autres, envoyées derrière une grille qui se referma aussitôt. Le reste fut conduit derrière une porte laissant entrevoir une salle noire.

Le prêtre se mit à prier. Il se leva, sortit un livre sacré et déclama des paroles. Un moment, il s’interrompit, fixa le trou avec intensité, puis frappa le sol tout en entonnant un chant dans un autre dialecte.
Un garde actionna un mécanisme : un liquide fut déversé dans le trou. Des cris éclatèrent, d’une intensité telle que des tympans ordinaires auraient cédé.

Le prêtre reprit sa déclamation, plus forte encore. Les bras levés vers le ciel, il dansait, les yeux tournés vers les hauteurs.
Un garde s’approcha, pressa un bouton : un sifflement retentit. Une bête énorme apparut derrière la grille et se jeta sur les malheureux à sa portée. Ses yeux rouge sang luisaient dans l’ombre, sa peau noire semblait absorber la lumière. Elle happait ses victimes, les projetait contre le mur ou la grille, arrachait des morceaux qu’elle engloutissait.

Le sang coulait. Le garde qui avait pressé le bouton recueillit un peu de ce sang dans une coupelle et la tendit au prêtre. Celui-ci y trempa un doigt, traça une croix sur son front, puis se figea, les mains jointes en prière.

Le dernier garde verrouilla la porte de la salle noire et abaissa un levier : des grésillements et des cris plus perçants encore résonnèrent.

Le prêtre reprit son livre et acheva sa prière. Il fit un geste ; les gardes se mirent à nettoyer chaque recoin. Lui rangea le livre et se dirigea vers l’entrée. Les deux gardes lui ouvrirent.

Il sortit.
Un sourire se dessina sur son visage.
Les portes se refermèrent.
Les cloches sonnèrent quatre fois.