Le Rêve

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Je fais souvent ce rêve.

Je suis en compagnie d’une jolie jeune femme. Nous sommes dans mon appartement trois-pièces, attablés à la table ronde de ma salle à manger, attenante à mon salon.

Comment nous nous sommes rencontrés ?

Honnêtement, peu importe.

Une rencontre pour le moins banale, à vrai dire.

À la cafétéria du premier étage de l’entreprise pour laquelle nous travaillons tous les deux.

Elle se tenait accoudée sur la haute table ronde à côté de la machine, en train de touiller son café. Apparemment noir, sans sucre.

Noir, comme ses soyeux cheveux de jais qui lui tombaient à merveille sur ses gracieuses épaules, et qui encadraient un visage des plus ravissants que j’avais rencontré.

D’un ovale parfait, avec en son centre un magnifique nez fin, surmonté de séduisants grands yeux clairs. Véritables saphirs, ils fixaient au loin un point imaginaire à l’autre bout de la pièce, comme si elle était plongée dans de profondes réflexions.

Elle ne m’avait pas encore vu.

Alors que je m’approchais de la machine à café, je savourais de plus en plus du regard sa svelte silhouette athlétique et joliment galbée. D’abord son pull moulant, assorti à ses beaux yeux bleus, qui épousait parfaitement ses désirables formes généreuses. Puis son jean azuré, semblable à un slim de la dernière mode de chez Springfield, qui suivait la forme élégante de ses jambes harmonieuses. Enfin ses petits talons, qui me rappelaient de charmantes obsidiennes.

Arrivé devant la machine à café, je détournai brièvement mes yeux pour appuyer sur le bouton qui correspondait à mon choix de boisson, puis quand je tournai à nouveau la tête, je constatai que le bruit de l’appareil l’avait tirée de ses pensées.

Et alors nos regards se croisèrent.

Un instant magique et inoubliable.

Elle entama les présentations avec un immense sourire, merveilleuse brachistochrone qui laissait découvrir une rangée de dents blanches immaculées. Puis une fois mon café en main, je la rejoignis à sa table et me présentai à mon tour.

Comment s’appelle-t-elle ?

Quelle curiosité vous faîtes !

Camille. Voilà, elle s’appelait Camille.

Camille, ça rime avec jolie fille, gentille, pétille, frétille !...

Et j’imagine que vous voulez aussi connaître son nom.

Très bien.

Alors elle s’appelait Camille…Lesongeur.

Camille Lesongeur. Voilà. Ça sonne bien pour un rêve.

Bref, reprenons.

L’un après l’autre – d’abord elle, puis moi – nous discutâmes du boulot, avant d’enchaîner avec l’actualité, des banalités, des ragots et autres mondanités, avec nos passions et nos hobbies, tels que la musique – c’est notamment une fan des Beatles, contrairement à moi qui suis un inconditionnel des Rolling Stones –, le sport, le gastronomie, le cinéma, voire même un peu de politique, avec légèreté et humour…

Durant notre conversation, j’avais l’impression que ses lapis-lazuli, grands ouverts et brillants d’intelligence, me dévoraient avec avidité.

D’autres détails éveillèrent également ma libido intérieure.

Ses deux petites incisives avec lesquelles elle mordillait sa lèvre inférieure amarante.

Ses légères tapes sur mon avant-bras quand elle riait de mes plaisanteries.

Ses doigts affinés, preuve de ses talents pianistiques dont elle m’a parlé, qui effleuraient doucement mes mains.

Sa délicate inclinaison vers l’avant pour me faire montre de son attention à mes paroles, mais surtout pour me faire profiter de l’agréable décor vallonné qu’offrait sa voluptueuse poitrine.

Tant d’éléments qui ne faisaient qu’amplifier les battements de mon cœur et la turgescence dans mon entrejambe.

J’allais répondre à l’une de ses questions quand elle m’annonça qu’elle devait retourner travailler. J’en fus surpris. En effet, notre discussion avait pris un tournant si intéressant que je n’en avais pas vu le temps passer, et pourtant à l’entendre nous avions bavardé plus longtemps que je ne l’imaginais. Déçu, mon rythme cardiaque retrouva sa cadence habituelle, et l’intérieur de mon entrejambe reprit progressivement sa taille normale. Toutefois, avant de me laisser, elle me lança qu’elle souhaitait bien me revoir, autour d’un verre par exemple, et me donna par la même occasion ses coordonnées. Elle me posa ensuite un doux baiser sur chaque joue. Je sentis alors son suave parfum qui imprégnait ses cheveux et embaumait son cou, chatouillait mes narines. Enfin elle m’exhiba son plus beau sourire, puis s’en alla.

Resté légèrement abasourdi par ses derniers gestes, je m’aperçus avec étonnement qu’elle se retourna brièvement en chemin pour me jeter un rapide coup d’œil éloquent, accompagné d’un bref baiser mimé avec sa main droite, avant de continuer sa route vers un de ses collègues, n’hésitant pas à me laisser profiter de son excitant déhanché et de son postérieur divinement sculpté.

De quoi provoquer à nouveau le martèlement dans ma poitrine et le gonflement de mon membre viril.

Voilà comment nous nous sommes rencontrés.

Mais attendez de lire la suite!

Elle est beaucoup plus alléchante et palpitante que vous ne l'imaginez...

Suite à notre première rencontre, nous nous contactâmes - moi le premier, elle les fois suivantes - et nous revîmes régulièrement, jusqu'à ce soir où elle me proposa d'aller boire un verre avec elle, dans un bar-restaurant proche de notre lieu de travail. J'acceptai son offre - avec une femme pareille, il n'y avait pas à hésiter ! - et ainsi nous nous retrouvâmes au comptoir du bar-restaurant qu'elle m'avait proposé. Je vins en chemise blanche légère et pantalon bleu marine en lin, tandis qu’elle m’apparut dans une brillante robe d'ébène, qui faisait resplendir sa douce belle peau blanche, et dont l'échancrure me laissait discrètement entrevoir son délectable décolleté plongeant.

Un paysage à couper le souffle !

Ce qu'elle ne manqua pas de remarquer, et de renchérir avec son séduisant sourire.

Derechef nous discutâmes de tout et de rien, avant d’approfondir davantage sur nos passions et nos vies respectives. J’appris notamment qu’elle sortait d’une rupture douloureuse. Un point favorable pour la célibataire que je suis. D’ailleurs, quand je lui fis part de ma situation, je crus apercevoir une légère lueur d’espoir dans ses yeux.

Pendant qu’elle continuait de parler avec enthousiasme, mon regard s’attarda encore furtivement sur son agréable épiderme blanc, avant de remonter vers son adorable paire de topazes bleus.

Dieu que sa beauté naturelle me ravivait tant de souvenirs !

À l’instar des plages d’où je viens, avec leur doux sable blanc où s’écrasaient nonchalamment d’incessantes vagues bleu turquoise.

Nous parlâmes ; nous rîmes ; je plaisantai ; elle ria de nouveau, son regard toujours accroché au mien.

Elle m’effleura la main ; me fit un discret appel du pied ; caressa nerveusement ses cheveux ; mordilla légèrement sa lèvre inférieure ; et pendant ce temps les verres s’enchaînaient…

Le déroulement d’un agréable rendez-vous romantique.

Soudain nous nous retrouvons assis à table, l’un en face de l’autre, dans mon appartement trois-pièces. Elle tient fermement sa main droite dans la mienne, son irrésistible sourire aux lèvres, délicieusement enrobées d’un rouge grenat. Je vois qu’elle continue de me parler, mais malheureusement je ne perçois qu’une agréable mélodie sans en saisir les paroles. Je tente de lui répondre, mais après plusieurs tentatives, je constate avec appréhension que mes propos sont également inaudibles. La panique commence alors à s’insinuer dans mon esprit. Bon sang, mais qu’est-ce qui se passe ? Son doux regard, que j’ai tant de fois observé avec bonheur, dégage dorénavant tellement d’intensité et d’ardeur, qu’il m’est impossible de m’en délivrer, comme si elle m’a ensorcelé par la simple beauté de ses yeux. Son sourire pourtant si affriolant, me paraît se transformer en un rictus carnassier.

Un sourire et un regard éloquents, qui signifient que je lui appartiens désormais.

Que je satisfais ses désirs les plus brûlants.

Qu’elle a envie de moi sur le champ.

Je sens brusquement sa main gagner mon avant-bras et le couvrir d’incessantes caresses, tout en continuant à susurrer son harmonieuse mélodie à mes oreilles. Je ressens aussitôt la naissance d’une pointe prendre forme dans mon entrejambe. Puis après une longue série de gestes câlins, elle se lève, contourne lentement la table sur ma droite, toujours aussi souriante et encore plus rayonnante, glisse légèrement la bretelle gauche de sa robe de jais. La vue d’un bout de sein se projette instantanément sur ma rétine, ce qui fait simultanément monter en flèche la pointe de mon entrejambe. Je perçois d’ailleurs son impatience à percer l’ouverture de mon pantalon tant la situation devient excitante.

Et pour ça, je n’ai pas eu à attendre longtemps.

Après que j’ai décalé ma chaise, mon irrésistible partenaire se penche en avant, frottant doucement de sa main droite la grosse bosse dans mon pantalon, sa main gauche massant mon épaule, le sillon de son savoureux décolleté parfumé à quelques centimètres de mon visage. Je perçois avec surprise l’absence de soutien-gorge. La tentation de découvrir le formidable trésor enfoui dans cette robe ne peut plus attendre. Toutefois, je parviens à retarder l’échéance, en contrôlant mes mains et en les retenant fermement aux barreaux de la chaise, et me suis juste limité à humer sa fragrance.

Chaque bonne chose en son temps.

La testostérone suffisamment montée en moi, et contente de ses préliminaires, elle s’accroupit, défait ma braguette, émit un sifflement de satisfaction, me regarde à nouveau tout sourire en me chantonnant de douces notes, je le lui rends, agrippe ma pointe phallique fièrement dressée, baisse la tête, puis commence son agréable travail.

Dès les premiers instants, je pousse un gémissement de plaisir, puis ferme les yeux pour profiter encore plus de ce moment magique et inoubliable.

Quelques temps plus tard, sa plaisante besogne terminée, ma compagne se redresse, s’essuie la bouche, m’embrasse goulument, puis après m’avoir à nouveau murmuré des compliments et mots doux à l’oreille, que j’ai pu cette fois bien entendre, elle m’entraîne vers ma chambre et m’amène vers mon lit double…

Et là vous êtes en sûrement train de vous dire que cette histoire ne se résume finalement qu’à un simple rêve érotique, où les deux protagonistes vont finir par faire sauvagement l’amour, et qu’en fin de compte ça ne vaut pas la peine de continuer la lecture.

Ce que je vous comprends !

En réalité, c’est vous qui voyez.

Vous pouvez vous arrêter maintenant si vous le souhaitez.

Mais ça serait bien dommage.

Car vous allez manquer l’essentiel de toute cette histoire.

Un élément clé qui signe l’originalité même de ce récit.

Et qui, justement, n’a lieu qu’à la toute fin.

Laissez-moi poursuivre…

Nous avons donc bien fait l’amour, dans toutes les positions possibles et envisageables. Je vous laisse imaginer, mais je peux notamment vous citer l’Amazone, la Levrette ou encore la Sodomie. J’ai particulièrement apprécié l’Amazone, quand elle m’a chevauché fièrement, sa crinière de jais volant au rythme de son va-et-vient et de ses petits gémissements, ses seins exaltants et gorgés d’envie écrasant mon visage : qu’ils étaient délicieux !

Une fois repus, après trois tentatives, nous nous sommes souhaité bonne nuit et nous sommes séparés de chaque côté du lit. J’ai attendu qu’elle se retourne et s’endorme, puis j’ai discrètement soulevé le drap. Grâce à la faible clarté qui s’échappe des rideaux, je découvre au niveau de son omoplate un joli tatouage : un grand cactus orné d’un étrange symbole, semblable au croisement d’un soleil avec un trilune. Intrigué, je suis la courbe de son dos, de ses hanches, de ses fesses bien rebondies, et remarque au niveau de sa cuisse droite une curieuse arabesque embellie de l’inscription « Bad Witch ». À la réflexion, quand elle a été à la manœuvre tout à l’heure, j’aurais plutôt pensé à un autre mot en anglais comme Bad B…

Elle se retourne brusquement, ses mamelons bien ronds égayant mon désir, dressant mon vit. Pris sur le fait, je me fige. Surtout ne pas bouger, attendre qu’elle se retourne. Trop tard. Elle ouvre son œil droit, puis son œil gauche, une lueur malice dans le regard, émit un léger gloussement et me sourit. Elle me révèle alors ses ravissantes incisives, une belle blancheur qui détonne dans le bleu nuit de la chambre. Puis elle abaisse ses paupières et renferme précieusement ses jolies perles azurées, de nouveau accueillie par les bras de Morphée. J’attends à nouveau quelques instants, puis j’effleure délicatement de la main droite son doux sillon mammaire gauche. Je lui triture le téton, pendant que les doigts de ma main gauche parcourent la peau tendre de son sein droit avant de refermer leur prise dessus. Et je le pétris, doucement, mais sûrement, avant d’empoigner son sein gauche et de le téter à pleine dent. Je l’entends pousser un soupir d’extase. Elle souffle mon nom à l’oreille, me mordille le lobe droit, m’agrippe les cheveux, me réclame.

Je ressens un désir ardent monter entre nous.

Je la perçois ivre de bonheur.

Et c’est à ce moment-là que j'ai réagi et que j'ai serré son cou fort, très fort…

Je me réveille dressé, en sueurs, mon pyjama collé à même la peau.

Je jette un œil au côté droit de mon lit. Souris.

Il était vide.

Ce qui est bien normal après la nuit que j'ai passée la veille.

J'émets soudainement un bâillement, mes mâchoires dévoilant en grand mes amygdales.

Bon sang, qu'est-ce que je suis crevé!

Malgré la fatigue, et l'envie de me recoucher, je parviens néanmoins à saisir mon téléphone et à allumer la radio :

« Disparition inquiétante : Camille Lesongeur, 27 ans, n’a plus donné signe de vie depuis le mercredi 4 juin. Elle a été vue pour la dernière fois vers 18h, à la sortie de son travail, en compagnie d’un de ses collègues. Celui-ci a été retrouvé mort dans sa voiture, tué d’une balle dans la tête, l’arme du crime dans sa main droite. Lors de la fouille du véhicule, les enquêteurs ont découvert une lettre d’adieu et d’aveu du meurtre de la jeune femme. Son corps reste pourtant encore introuvable à ce jour, malgré les nombreux appels à témoins lancés par sa famille et ses proches sur les réseaux sociaux. L’enquête est toujours en cours. Tout de suite l’actualité à l’international avec… »

J’arrête le discours du journaliste. M’étire. Et me remémore les évènements de la veille.

Pas étonnant que l’enquête piétine : je me suis tellement bien débrouillé !

Et cela notamment grâce à mes origines !

…Les plages d’où je viens, avec leur doux sable blanc où s’écrasaient nonchalamment d’incessantes vagues bleu turquoise…

…Jonchées des cadavres répugnants de ces traîtres de Harkis…

J’ai toujours été fasciné par les histoires de mon grand-père Algérien, et j’ai été émerveillé quand j’ai appris avec quel courage il s’est battu au service du Front de Libération Nationale pour libérer notre pays de ces satanés Colons, de ses putains de Français.

A sa mort, il y a quelques années, je me suis promis de lui rendre hommage, à savoir : tuer du Blanc. Ce que mon père a été incapable de faire, trop indulgent face aux Français. Et j’ai souhaité m’attaquer à la racine même : tuer une Blanche. Après tout, ne dit-on pas que les Femmes font l’Histoire quand les Hommes sont l’Histoire ?

Mais pour parvenir à mon objectif, je devais m’y prendre avec la plus grande ingéniosité : m’intégrer au peuple Français, gravir les échelons de la société, atteindre un poste des plus gradés et ainsi subvenir à mes besoins, à mes désirs les plus fous.

J’ai ainsi décroché un poste de haut cadre dans une grande société, puis, de fil en aiguille, j’ai rencontré Camille.

Et dès que je l’ai vue, j’ai tout de suite su que c’était elle.

Ma Vengeance.

Tout s’est déroulé très vite : la cafétéria, le dîner romantique, les préliminaires, le sexe…jusqu’au moment fatidique, mon préféré, celui où je lui écrase les cervicales, comme le faisait mon grand-père à son époque pour torturer les Colons.

Le plus pénible a été ensuite de se débarrasser du corps : heureusement, j’avais tout planifié en amont. Muni d’un silencieux, j’ai d’abord éliminé le collègue de Camille après lui avoir fait écrire une lettre d’adieu et d’aveu. En une demi-heure, la mise en scène du suicide dans sa voiture était réglée : personne ne le plaindrait, le pauvre vivait seul, sans famille.

Quant au corps de Camille, un peu de chaux et…

Et attendez, je vous en ai peut-être déjà trop dit : après tout, comme un magicien, ne pourrais-je pas garder le secret de mes tours ?

De quoi laisser libre cours à votre imagination, et vous faire rêver, non ?

D’ailleurs, la fatigue me reprend, je sens que j’ai besoin de me reposer.

Où en étais-je déjà ?

Ah oui !

Je fais souvent ce rêve…

FIN

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