Dans mon village, comme dans tous les villages du sud de la France, il y a des fadas, des fadolis, des "Ravis de la créche", boudiou !

Il y en a dans le nord aussi, même en Suisse, même en Ville... si en Suisse on les mets sur un piedestal ( hein ma Lakla... )

En ville on les caches, mais pas à la campagne. A la pacoule, il y en a tant qu'on ne voit qu'eux.

Celui là n'a pas internet, celle-là n'est jamais allée en ville, j'en ai même connu un q ui courrait sur les passsages piétons, de peur que le feux passant au vert brusquement, les automobilistes l' écrase. Et je ne vous parles même pas de l'ascenceur dont il avait une trouille bleue. Mais alors, que faisait -il en ville ?

Mystére !

Mais la palme de la fadaditude je l'attriburais à un certain Nono ! Ne me demandez- pas son prénom, du plus longtemps que je m'en souviennes, tout le monde l'appelait Nono. Il serait allé à l'école, aurait appris à lire, à écrire, à compter... Mais personne ne l'avait jamais vu travailler. Oh il n'était pas maladroit, ni sot, ni paresseux, juste fada !

Lui manquait -il des cases, avait-il des boulons mals sérrés, des fils débranchés ? Je ne peux pas dire non plus.

Alors, en quoi était il fada ?

De prime abord, il avait l'air normal, il savait où ramasser des champignons et savait les faire cuire. Il savait braconner, tuer la caille et le perdreau ( et mang !er la tomme de chêvre, ça semble certain !), il ne disait jamais non à un petit verre de vin, je ne l'ai jamais vu saoul, gai tout au plus. Un vrai Ravi en somme. Et toujours joyeux de vivre... Tiens s'il ne c'était pas appelé Nono, on aurait pu le surnommer :

Danslaviefautpas'enfaire !

Il n'avait ni femme, ni enfant bien entendu, comment aurait-il pu s'en occuper ?

Certains lui prétait des aventures avec des femmes, mariées ou pas, mais je ne suis jammais allé vérifier.

La boulangére , qui n'avait pas sa langue dans sa poche, disait à qui voulait bien l'entendre que le Nono était bien monté. Mais le boulanger disait que sa femme était un peu dérangée, qu'il ne fallait pas croire tout ce qu'elle disait.

Et moi, je lui faisait confiance au boulanger, un homme bien, celui là, pas comme sa femme, à qui on ne pouvait faire confiance.( Sauf pour les baguettes et les bâtards disait Nono, mais si c'est Nono qui le dit ... )

Une jeune veuve venait tous les jeudi, faire un brin de ménage, court vétue, pas frileuse... mais le coeur sur la main. Elle aimait rendre service, a son prochain, à ce pauvre gars un peu simple qui ne savait pas se débrouiller seul.

Maintenant que vous m'en parlez, elle ne venait pas que le jeudi, des fois , elle venait aussi le lundi et le mardi et le samedi, le pauvre, il avait tant de choses à laver et ranger chez lui, brave fille !

J'ai pu discuter avec lui, à plusieurs reprises, de choses simples, de quoi vouliez vous que je parles d'autre avec lui ?

Rendez-vous compte : Il ne savait pas se servir d'un clavier d'ordinateur, n'avait jamais possédé de téléphone portable... alors ne lui parlez pas du Cloud ou de l'IA ! Il aurait répondu invariablement

• Boudiou, késako ?

... un simplet je vous dit !

Bon je dois vous laisser, je suis dans une merde noire, je vais vous expliquer :

Sur les conseils de mon banquier, qui est toujours de bon conseil, il ne me veut que du bien cet homme là , j'ai placé toutes mes économies sur un livret bien rémunéré... oh la vache, je vais me faire un de ces pognon! ( C'est pas l'autre ravi qui saurait profiter d'une offre comme ça !) vous pensez que je devrais me méfier ? il faut pas être méfiant comme ça !

Mais il y a un hic, oh pas grand chose, j'ai oublié le mot de passe du Cloud, depuis je n'arrives plus à me conecter et cerise sur le gateau, j'ai oublié mon code carte bleue ( oui, je sais, c'est le même que celui du cloud ! ), j'ai téléphoné à une hot line basée je ne sais où, je n'ai rien compris ce qu'ils m'ont dit...

je voulais prendre RDV avec mon conseiller, par internet, bien entendu, mais je ne peux pas le faire, mon code pour me connecter ( vous l'avez deviné, c'est le même que ma carte et mon cloud... )

heureusement, ce soir je suis invité chez le fada, il m'a proposé de me faire gouter une ommelette de cépe à rouler par terre. heureusement, je ne peux pas commander à Délivéroo ( probléme de code, vous l'aurez compris )

Haaa, ça va mieux, tout à coups, je viens de retrouver mon carnet secret, caché dans un des tiroirs du bureau

Je vais enfin pouvoir me connecter sur mon cloud et commander une nouvelle carte bleue

Délivéroo ?

J'irais manger l'ommelette de Nono