03. Vamos à la playa

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Joy

— Je vous préviens, vous avez intérêt à être sages quand je suis là, soupiré-je. Je ne suis pas du genre voyeurisme, moi.

— Oh Joy, ça va, on sera silencieux, pouffe Théo avant d’embrasser Kenzo.

— Non, non et non ! Sinon, je vais pioncer avec Alken et je vous fais la tronche pendant toute la semaine.

— Oh, tu en ferais, des jalouses à l’ESD !

— Ah, beurk, grimace Kenzo. Joy avec mon père ? Arrête !

Je soupire en ouvrant ma valise et leur tourne le dos pour me changer. Bon sang, j’ai adoré préparer mes affaires. Que des robes, des maillots de bain, de quoi profiter de la chaleur et bronzer un peu partout. Mais, pour le moment, tout ce que je vise c’est le lit pour une petite sieste qui, je l’espère, ne sera pas dérangée par des gémissements ou je ne sais quoi que j’aimerais ne pas voir.

Après une petite heure de repos, j’ouvre les yeux et vois que Kenzo et Théo en ont profité pour se faire du bien, en silence sûrement. J’admire un instant leurs deux corps nus et musclés entremêlés, et soupire en me disant qu’ils ont de la chance de pouvoir ainsi profiter de leur séjour. Pour calmer mes ardeurs, je prends d’assaut la salle de bain et profite de la grande douche à l’italienne couverte de marbre pour finir de me réveiller. C’est clair qu’ils ne se sont pas moqués de nous. Tout est superbe. Un peu trop d’ailleurs et j’ai hâte de visiter les coins plus typiques de l’île. Je retrouve finalement les garçons en train de se bécoter dans la chambre et enfile une longue robe fleurie et dos nu. Le fin tissu est fendillé sur toute la longueur de ma jambe gauche, et j’ai presque l’impression de ne rien porter. Au moins, avec ça, je n’aurai pas trop chaud. La différence de température entre la maison et ici est telle que j’ai peur d’avoir du mal à m’y faire.

Après un rapide make-up, je tresse mes long cheveux en les faisant revenir d’un côté et me rend au salon, où Alken est installé sur le canapé, dans un bermuda rouge et un tee-shirt blanc. Je jette un œil sur ma robe, où prédomine la couleur de son short, et ne peux que sourire face au hasard.

— Tu t’es reposé un peu ? lui demandé-je en regardant la ville par la fenêtre.

— Non, malgré le décalage horaire, je ne suis pas fatigué. Et puis, j’ai trop de choses en tête, tu sais ?

— Il va falloir que tu décroches. C’est le lieu pour pouvoir profiter et arrêter de penser à Markus, Alken. Mets de la distance avec tout ça, tu en as besoin.

— Ce n’est pas du tout à lui que je pensais, me répond-il en me déshabillant du regard, ce qui me fait rougir comme une adolescente.

— Eh bien… Tu m’en vois désolée, soupiré-je alors que les garçons sortent de la chambre.

Nous gagnons le hall de l’hôtel tous les quatre, où nous attend déjà Manolo, qui nous salue une nouvelle fois comme si nous ne nous étions pas quittés il y a moins de deux heures. Sa bonne humeur fait plaisir à voir, et il semble ravi de nous emmener sur le petit sentier boisé qui mène à la plage dans une longue descente qui va être beaucoup moins agréable à remonter, j'en suis sûre.

— On approche du paradis, Joy, me sourit Théo en passant son bras autour de mes épaules.

— Après ta sieste coquine, c'est plutôt étonnant que tu trouves le paradis à la plage, ris-je.

— Oh ! Tu nous as entendus ? On pensait avoir été discrets, Princesse.

— Je ne suis surtout pas stupide… J’ai rien contre le fait que vous vous amusiez, mais bon sang, comme si je n’étais pas assez frustrée, faut en plus que je vois voie en mode lovers ? soupiré-je en jetant un œil à Alken, quelques pas devant nous avec Kenzo.

— La prochaine fois, viens nous rejoindre, je suis sûr que tu pourras faire plein de nouvelles découvertes qui te feront oublier ton comptable ! Profite des vacances pour décompresser, ma Puce. Fais comme nous !

Je vais essayer, mais ça va être compliqué d’oublier le comptable quand il fait partie du voyage, que son bermuda est bien moulant, et qu’à peine a-t-il posé un pied dans le sable, il ôte son tee-shirt et le pose nonchalamment sur son épaule. Foutu danseur.

Je soupire de contentement en enlevant mes sandales pour sentir le sable sous mes pieds. La vue est superbe, on se croirait sur une carte postale. Des palmiers, un sable clair, une eau limpide et transparente. Le paradis sur terre quand on vit dans le froid lillois.

— C’est un poquito touristico par ici, pero pas autant que la playa plous près dé l’hôtel, amigos.

— C’est parfait, s’exclame Kenzo. Magnifique !

Je m’éloigne un peu du groupe et vais mettre mes pieds dans l’eau. Elle doit être à au moins vingt-trois degrés, c’est fou. J’ai presque envie d’enlever ma robe et d’y plonger, au lieu de quoi je prends quelques photos du coin et de mes compagnons de voyage qui s’amusent comme des gosses à s’éclabousser. Alken a bien fait d’enlever son tee-shirt, finalement.

— Joy, je crois que tu n’es pas assez mouillée pour une promenade à la plage ! finit par me crier Théo.

— Oh non, n’y pensez même pas ! J’ai mon appareil photo, fais pas l’andouille !

— T’es pas drôle, Princesse, vraiment ! Elle est trop bonne, tu devrais faire comme nous !

Mes deux camarades d’école rient de bon cœur en se déshabillant, se retrouvant en boxer sans aucune pudeur avant de se jeter à l’eau.

— Demain après-midi, vous avez oune rendez-vous avec lé prof dé salsa. Moi, yé vous rétrouve après-demain à neuf heures, dans le hall de l’hôtel, pour qu’on voit cé qué vous voulez faire tous les quatre, me dit Manolo qui sourit en voyant mes comparses profiter.

— Très bien, merci Manolo. A mercredi alors. 

Je n’ai pas le temps de dire ouf qu’il me prend dans ses bras pour me saluer. Il est grand, le con, et je me retrouve le visage pressé contre son torse velu avant qu’il ne me relâche et me fasse un clin d'œil. Alken a droit au même traitement sur le trajet, mais il est plus grand, le veinard. Il approche de moi, le sourire aux lèvres, plus détendu que je ne l’ai vu depuis bien longtemps maintenant.

— Ne pense même pas à me jeter à l’eau, dis-je en lui montrant mon réflex. Je joue la touriste jusqu’au bout des doigts, là.

— Tu es magnifique, Joy. Le soleil te donne de jolies couleurs. Moi aussi, je crois que je vais jouer au touriste. Fais-moi un sourire, continue-t-il, son portable à la main.

— Ce ne serait pas très sérieux, ça, Prof. Tu n’as pas intérêt à laisser traîner ton téléphone à l’ESD, dis-je en prenant la pose malgré tout.

— Non, ce qui ne serait pas sérieux, ce serait de faire ça, me répond-il après avoir pris sa photo.

Il vient se placer à mes côtés, pose sa main sur mes hanches pour m'attirer contre lui et je sens sa tête se rapprocher alors qu'il lève l'appareil pour un selfie avec vue sur la mer. Je peux voir dans le petit écran devant moi tout le plaisir qu'il ressent à être si proche de moi. Je suis sûre que je l'excite et cette pensée me donne chaud.

— Ne la poste pas sur les réseaux, celle-là. Un prof torse nu et son élève, ça la ficherait mal. Quoique, tu pourrais me l’envoyer ? Je vais faire baver les filles de la promo. Après ça, elles vont définitivement me haïr, souris-je.

— J'espère que nous aurons l'occasion de prendre beaucoup d'autres photos où nous serons encore moins raisonnables, Joy ! Tu viens te baigner ? me demande-t-il en exerçant une légère pression sur ma hanche qu'il n'a pas lâchée.

— Ce n’est pas l’envie qui me manque. D’aller me baigner, j’entends, bredouillé-je. Mais je ne peux pas, je n’ai pas de maillot de bain sur moi.

— Eh bien, tu as peur d'abîmer ta petite culotte ? s'interroge-t-il alors que sa main dévie sur mes fesses sans que je ne résiste.

— Je n’ai surtout aucune envie de me promener les seins à l’air sur la plage, O’Brien, soufflé-je.

— Ah, dit-il un peu troublé en matant mon décolleté. Dommage, je suis sûr que le spectacle aurait été apprécié. Viens au moins t'amuser avec nous, même si tu n'enlèves rien. L'eau est trop bonne, il faut en profiter !

— Pour finir trempée ? Non, je vais vous regarder faire les enfants, ne t’inquiète pas pour moi, je suis une grande fille et je ne partirai pas sans vous, ris-je en déposant un baiser sur sa joue.

— J'adore quand tu finis toute trempée, tu le sais bien, murmure-t-il avant de plonger la tête la première dans l'eau chaude.

Foutu danseur… J’ai beau essayer de maintenir une certaine distance avec lui, il a le chic pour nous rapprocher sans même que je ne m’en rende compte. Je récupère ses affaires posées sur le sable et vais m’asseoir un peu plus loin, là où Théo et Kenzo ont laissé les leurs. Le téléphone d’Alken à la main, la tentation est forte de fouiner dans sa petite vie cachée, mais je résiste à l’envie. Ma jalousie a ses limites, apparemment, ou bien est-ce la façon qu’il a de me regarder qui me fait dire que j’ai un peu moins de souci à me faire ? Enfin, du souci pour quoi exactement ? Nous ne sommes plus ensemble, il a voulu tout arrêter. Il faut vraiment que je garde mes distances, parce que son attitude est très ambivalente. Il regrette ? Grand bien lui fasse, je ne suis pas un jouet, moi, qu’on prend quand on en a envie. Quand bien même j’adorerais retrouver notre complicité, la chaleur de ses bras et tout ce que ça implique, j’ai bien peur que tout ça finisse mal et je crois qu’il serait bon que je me protège. Mais comment, quand mon corps le réclame ? Quand il gravite sans cesse autour de moi ? Quand j’ai l’impression que nous sommes connectés l’un à l’autre en permanence ? Cuba, je crois que je vais t’adorer autant que te détester. La semaine va être aussi rapide que longue.

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