32. Une leçon pour le bonobo

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Alken

Je ne regrette pas avoir décidé de passer mes vacances dans ce camping où Joy travaille avec Théo. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas autant reposé et avais autant profité de la vie. Parce que c’est vraiment le pied, ces jours qui s’écoulent dans le bonheur le plus pur, loin de toutes les contraintes de la vie quotidienne, loin des mensonges et des secrets que l’on doit garder pour ne pas se faire surprendre, loin de la grisaille et du froid de Lille. Ici, il fait beau et chaud. Ici, on se sent libre et heureux. Ici, on peut faire tout ce qu’on veut, s’afficher en tant que couple, et c’est fou ce que j’apprécie tous ces moments où je peux profiter de ma chérie.

Ce matin, le soleil se lève, comme tous les jours. Quelques nuages dans le ciel donnent un peu d’ombre bienvenue et j’écoute par la fenêtre ouverte les bruits du camping qui se réveille doucement. Joy est nue à mes côtés et elle dort tranquillement. Son souffle régulier soulève sa jolie poitrine et le soleil éclaire son visage endormi. Je me lève en silence, enfile mon short de bain et me dirige vers la piscine pour y faire quelques longueurs avant qu’elle ne soit envahie par les enfants et les familles. Je plonge dans l’eau fraîche et je me fais plaisir en alternant les différentes nages afin de faire travailler tous mes muscles et m’entretenir vu que je danse très peu en ce moment. Je sais que mon corps a besoin de cette pause et qu’il est en train de récupérer de tous les efforts que je lui ai fait subir pendant cette année scolaire intense, mais il ne faut pas non plus que je me laisse trop aller.

Je passe une petite heure ainsi à faire des longueurs avant de ressortir me sécher un peu au soleil qui commence déjà à bien réchauffer l’atmosphère. Je passe par l’accueil du camping pour y acheter des pains au chocolat, petite folie que nous nous permettons avec Joy malgré notre attention à notre régime alimentaire pour ne pas rentrer avec des kilos en trop de ce petit séjour dans le Sud-Ouest. Quand je reviens au Mobil-Home, je constate qu’elle est toujours endormie. Je mets un peu de café à chauffer et je la réveille en la couvrant de petits bisous. Elle s’étire telle un chat, féline et gracieuse dans ses mouvements, et son joli petit minois est un ravissement pour les yeux.

— Bonjour ma Chérie ! Bien dormi ? Prête pour le petit déjeuner ? Tu sais que tu es une femme magnifique ?

— Bonjour, homme bavard du matin, sourit-elle en se lovant contre moi. On ne peut pas prolonger encore un peu la nuit ?

— Moi, je suis libre comme l’air, mais il me semble que tu es payée pour donner des cours de danse, non ?

— Hum… Tu sens le chlore, tu es réveillé depuis longtemps ? Tu es allé draguer les joggeuses du camping, c’est ça ? rit Joy en se redressant dans le lit.

— Je suis allé nager avant que les joggeuses ne débarquent avec leurs mioches, oui, ris-je en l’embrassant avec gourmandise. Et je t’ai préparé ton petit déjeuner pour te donner des forces avant tes cours. L’homme parfait, tu vois ?

— Fais attention, je suis à deux doigts de te demander de m’épouser ! Tu es allé chercher les pains au chocolat ? Parce que si c’est le cas, je me mets à genoux dans la seconde, rit-elle.

— Eh bien, qu’attends-tu pour t’incliner devant ma bonté ? Les petits pains sont à table, à côté de ta tasse, et le café sera bientôt prêt, souris-je.

— Quel homme parfait ! Fais gaffe, je pourrais m’y habituer, dit-elle en se levant avant de me faire une révérence.

— Tu crois que je pourrais venir à ton cours, si je me fais discret ? demandé-je en la suivant jusqu’à la petite cuisine où elle s’assoit, toujours nue comme au premier jour.

Elle m’excite encore, même si je sais que l’on n’aura pas le temps d’en profiter, vu l’heure. C’est fou comme elle me donne toujours envie. Je crois qu’il se pourrait bien que je dise oui si elle me demande un jour de l’épouser.

— Possible, oui. Au pire, tu donneras des cours aux Mamans qui restent pour voir leurs morpions me faire la misère.

Je profite ensuite du spectacle qu’elle m’offre après le petit déjeuner que nous partageons entre rires et brèves étreintes. Elle fait quelques étirements, toujours sans se vêtir sous mes yeux gourmands, avant de passer un petit short et un tee-shirt que je rêve déjà d’enlever. Cependant, je reste raisonnable et l’accompagne jusqu’à la petite place où elle va proposer son cours de danse. Je m’installe sur un petit transat à l’ombre d’un pin et écoute les cigales chanter en la regardant préparer son matériel. Elle a tout prévu, de la sono aux bouteilles d’eau, sans oublier la crème solaire pour les petits qui auraient oublié de se protéger avant de venir.

Je suis surpris lorsque je vois le premier enfant arriver. Contrairement à ce à quoi je m’attendais, il se pointe en effet en présence de son père qui s’installe sur un transat non loin du mien. Clairement, il n’est pas là pour son gamin qu’il regarde à peine, mais pour le spectacle offert par ma chérie qui accueille l’enfant avec un magnifique sourire. Les autres suivent rapidement et je dirais que près de la moitié des danseurs sont accompagnés de leur papa, ce que je trouve à la fois amusant et énervant. Les jeunes sont ravis de retrouver Joy. C’est incroyable comme ils sont tous à lui sauter au cou, à l’embrasser, à lui tirer la main pour attirer son attention. Je me demande ce qu’elle va réussir à leur faire faire. Ils sont en effet vraiment petits pour apprendre des chorégraphies.

— Allez les loulous, on commence ? Vous vous souvenez de ce que nous avons fait hier matin ? Viens, Jason, j’ai besoin d’un partenaire pour montrer à tout le monde. Vous êtes prêts à vous amuser ?

Tous les enfants se mettent à crier un grand oui, tous en chœur. Et un petit rouquin s’avance timidement vers Joy qui lui tend la main. Il la prend et s’installe, tout sérieux et tout mignon à ses côtés, avant de chercher du regard sa mère à qui il sourit fièrement.

— C’est parti, continue Joy. On compte les pas ensemble et très fort, et on part. Un. Deux. Trois. A droite, maintenant. Quatre, Cinq. Six. Devant ! Sept et huit. Super ! N’oubliez pas, on fait bouger les fesses, hein ?

Quelle énergie elle a ! Loin du chat qui paressait au lit ce matin, elle bouge dans tous les sens, tel un petit hamster dans sa cage qui court partout. Et puis, elle n’oublie pas de bouger les fesses, ça, c’est sûr. Et je crois que tous les hommes présents bavent et ont les yeux qui leur sortent presque de la tête, tellement elle est belle. Les enfants suivent son impulsion et s’adaptent au rythme qu’elle leur impose par sa joie de vivre et son entrain. Je souris en la voyant ainsi faire et elle prend un malin plaisir à venir trémousser son joli popotin juste devant mon transat, le sourire aux lèvres.

— Fais leur faire la danse des canards ! lancé-je, amusé, lors d’un de ses passages devant moi.

— C’est un cours de danse ici, Monsieur, pas une soirée au camping, rit-elle en me faisant un clin d'œil. On ne plaisante pas avec la danse, mais on s’amuse en dansant !

Malgré cela, quelques minutes après, elle improvise une mini chorégraphie où le petit Jason se retrouve à se secouer les bras et à se plier sur ses genoux, bientôt suivi par tous les autres. C’est tellement naturel, elle a une telle énergie que tous les enfants la suivent sans aucune difficulté. Et le spectacle qu’elle produit est un mélange entre une danse contemporaine bien inspirée et une danse des canetons charmés par leur petite fée qui les fait danser en riant. J’applaudis des deux mains, bientôt rejoint par le reste de l’audience, et le sourire qu’elle me décoche me laisse sans voix. Elle est heureuse avec tous ces enfants qui la suivent, sous notre regard. C’est magique de partager cet échange de regards et de sourires.

La voir ainsi s’amuser avec les enfants et les divertir, s’en occuper de manière si naturelle, m’amène à penser à notre couple et aux enfants que nous pourrions avoir un jour. J’avoue que l’idée m’avait à peine effleuré l’esprit mais de la voir là, au milieu de tous ces petits bouts, rend l’idée beaucoup plus réelle. Je ne sais pas si elle a envie d’avoir des enfants, même si j’avoue qu’on maîtrise bien la technique de fabrication et qu’on essaie de nouvelles combinaisons de manière régulière. Je ne peux m’empêcher de penser à notre différence d’âge et au fait que si j’ai un enfant prochainement, j’aurai plus de soixante ans quand il aura vingt ans. Une sacrée différence, je trouve. Et puis, je ne crois pas que Joy veuille d’un bébé rapidement. Elle a une carrière à privilégier si elle veut accomplir ses rêves. Et pourtant, elle fait ça de manière si naturelle et si joyeuse. Je la vois qui se penche sur une petite fille blonde et lui redonne le sourire en lui faisant un baiser magique sur un petit bobo qu’elle s’est fait, et me dis qu’elle ferait une maman formidable. Mais est-ce raisonnable d’envisager ça ? Il faudrait peut-être qu’on en parle, de notre avenir. Mais si j’en suis à imaginer devenir père à nouveau avec elle, c’est que notre relation est vraiment sérieuse.

Une fois l’animation terminée, Joy libère les enfants qui viennent tous lui faire la bise. Je pense que beaucoup des papas présents aimeraient aussi le faire et, pour m’amuser, je me décide à faire la queue avec les petits. Quand vient mon tour, elle se tourne vers moi et me sourit en grand avant de m’enlacer et de m’embrasser comme si ça faisait des heures que nous ne nous étions pas vus. J’apprécie le regard jaloux des autres mâles présents et je marque encore plus mon territoire de bonobo en manque de sexe en l’enlaçant et en profitant de la chaleur de son corps contre le mien.

— Madame, je suis désolé, je n’ai pas d’enfant à récupérer, mais j’ai apprécié le spectacle et j’avoue que la vision que vous offrez avec ces petites têtes blondes est bien charmante. Vous attirez le regard. Vous risquez de faire tourner les têtes de beaucoup de spectateurs ici. Attention à vos fesses si c’est le cas ! ris-je en ne relâchant pas mon étreinte.

— Et donc, tu veux marquer ton territoire, c’est ça ? sourit-elle. Comme c’est charmant, Monsieur O’Brien, et plutôt flatteur, je l’avoue.

— Pas touche à ma meuf ! déclaré-je en faisant mine de regarder méchamment autour de moi avant de lui pincer gentiment les fesses. Je suis le seul à pouvoir profiter de ce cul canon !

— Dis-donc, un peu de tenue, voyons ! Il y a des enfants ici !

— Bien, rendez-vous dans notre tanière alors, jolie brune. Je crois qu’il va me falloir encore une fois tout faire pour que mon territoire soit marqué en profondeur, ris-je. Tu as besoin d’aide pour ranger ?

— Ça va aller, mais rencard au déjeuner alors, parce que j’ai encore du boulot, mon Lapin !

— Oui, ma chatte, je vais te préparer un bon petit repas ! Léger mais avec des bonnes épices locales, tu m’en diras des nouvelles !

— Tant que ça peut se manger sur le pouce, ça me va, minaude-t-elle en tirant sur l’élastique de mon short.

— J’espère que tu feras autre chose de mon pouce, si tu vois ce que je veux dire, murmuré-je à son oreille. A tout à l’heure ma belle ! Je t’aime ! Et tu es formidable avec les enfants ! Je suis sûr que tu es en train de créer plein de vocations de futurs danseurs et danseuses !

Je la laisse ranger les différents accessoires qu’elle a sortis pour retourner à notre Mobil-Home. Je me surprends à siffloter sur le chemin. C’est un peu comme si rien ne pouvait me toucher, comme si toutes les planètes s’alignaient. C’est ça le bonheur, vivre à deux, s’aimer et ne pas se soucier du lendemain.

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