52. Libre expression des sentiments

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Alken

Cette semaine est passée trop vite. C’est toujours un peu le cas avec les vacances, mais là, c’était encore pire car c’était une semaine de totale liberté dans la capitale, loin du microcosme lillois où je ne peux m’afficher avec Joy. Bon, il y a bien eu l’épisode avec Elise lors du spectacle de Théo, mais à part ça, le reste s’est déroulé dans la plus grande félicité. On a vraiment pu jouer aux touristes, visiter la Tour Eiffel, le Louvre et marcher dans le quartier latin, les Champs Elysées… On a pris des selfies presque à chaque endroit et, dans le métro qui m’emmène à l’ESD en ce matin de rentrée, je regarde toutes ces photos qui me font un bien fou. J’admire le sourire de ma jolie brune, ses yeux qui rayonnent de bonheur et surtout notre proximité. Sur aucun de ces clichés, nous ne sommes éloignés de plus que quelques centimètres. Je souris quand je tombe sur la photo de Joy, nue, allongée sur le lit, dans une position lascive même si tout est habilement dissimulé. Je suis fier du résultat et admire ses courbes, ses cuisses musclées et bien galbées, ses hanches qui invitent aux étreintes, son dos que j’adore parcourir de mes mains, et cette langue qu’elle tire et que j’ai envie de venir dévorer.

Ce qui est fou aussi sur cette semaine qui vient de se terminer, c’est le nombre de fois où nous avons fait l’amour. C’est incroyable car non seulement, c’est puissant à chaque fois, mais ni elle, ni moi, nous ne nous lassons de nous retrouver, de nous aimer, de connaître l’extase ensemble. Rien que de repenser à tous ces moments où nous avons joui en parfaite communion, je sens mon sexe se dresser dans mon pantalon. J’adore tout chez elle, du goût de sa peau à sa façon expressive de démontrer le plaisir qu’elle ressent sans oublier comment elle s’offre à mon désir, s’y soumet ou au contraire me fait profiter des siens. Je referme l’application de photos et lui envoie un petit SMS car elle a pris un métro un peu plus tard afin que nous n’arrivions pas ensemble à l’ESD.

Je t’aime Joy. Tu me manques déjà. On se retrouve à la bibliothèque ce midi ?

Souvent, on arrive à s’y croiser et, vu le peu de monde, on parvient régulièrement à profiter de quelques instants d’intimité pour se bécoter un peu. C’est pas grand-chose, mais ça permet de tenir jusqu’au soir. Surtout qu’aujourd’hui, comme les prochains jours, je vais encore passer la soirée à m’entraîner avec Charline. Elle s’améliore un peu, mais on n’est pas encore à un niveau suffisant pour espérer remporter la compétition. Je crois qu’elle passe plus de temps à essayer de frotter son popotin contre mon entrejambe qu’à réellement exprimer ses émotions au travers de sa danse.

— Va pour la bibliothèque, petit coquin ! Vivement ce midi, tu me manques aussi. Love U.

Je souris à la lecture du SMS et verrouille mon téléphone comme je le fais à chaque fois que j’arrive sur place. Le seul moyen d’accéder à son contenu, c’est d’utiliser mon empreinte digitale. Je suis un peu parano, mais je ne voudrais pas me faire coincer juste parce que j’ai laissé traîner mon portable au risque qu’il tombe entre de mauvaises mains.

La journée se passe comme d’habitude, avec un cours le matin avec les premières années où je me dis qu’à part deux ou trois élèves, les autres n’ont pas le niveau habituel de nos recrues. Ce manque de performance ne fait que mettre encore plus en lumière les prestations de Charline qui, par rapport à ses camarades, rayonne et excelle. C’est fou la différence de point de vue que j’ai sur elle entre ces cours le matin où elle est clairement ma meilleure élève et le soir où son niveau n’arrive pas à satisfaire mes exigences. Le midi, Joy me croise à la bibliothèque et on s’isole dans une petite salle de lecture. J’ai la joie de pouvoir l’embrasser et la serrer contre moi quelques instants, moments décidément trop brefs mais nécessaires à notre bien-être à tous les deux. Je passe le reste de l’après-midi à essayer de rester professionnel et distant alors qu’elle assiste à mon cours dans ce petit short sexy et moulant qui me rend dingue. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à baver sur elle quand j’observe les regards concupiscents de la majorité des garçons à son égard. Il y a même quelques filles, plus discrètes, dont les yeux ne restent pas dans leurs poches ! Ma brune est vraiment une femme extraordinaire.

Quand le soir arrive et que les élèves quittent la salle, Charline se pointe pour notre entraînement. Joy qui la croise, la toise et, même à plusieurs mètres d’elle, je sens toute la jalousie qui l’irradie. Je crois que si les regards pouvaient tuer, cela ferait longtemps que la rousse serait six pieds sous terre tellement la partenaire de ma vie est hostile à ma partenaire actuelle de danse. Il faut dire que Charline joue la provocation avec sa tenue qui n’a rien à voir avec celle très sage de ce matin. Pour notre session en tête à tête, elle a passé des collants noirs qui ressemblent à des bas résille et qui ne dissimulent rien de ses formes, et un débardeur qui ne recouvre que sa poitrine et laisse son ventre et ses hanches à l’air libre. Le tatouage d’une rose qu’elle a en haut de la cuisse droite est ainsi bien visible et attire l'œil. Joy hésite un instant à la porte mais sort en m’adressant un sourire qui me fait fondre. J’y lis à la fois tout son amour et la souffrance qu’elle ressent à me laisser seul avec celle qu’elle voit comme sa concurrente alors qu'elle est loin de l’être.

— Bien, Charline, tu es prête ? Je te propose ce soir de travailler sur la partie de la choré que tu as ratée la dernière fois. Est-ce que tu as fait le petit travail que je t’ai demandé ? Tu as pensé à un événement triste que tu as su dépasser ? Parce que c’est exactement ça qu’il faut exprimer à ce moment-là.

Elle s’assoit sur la chaise devant le petit bureau où je suis installé et croise les jambes en se penchant vers moi. La coquine n’a pas mis de soutien-gorge et m’offre une vue plongeante sur son décolleté, ce qui m’oblige à reculer un peu mon fauteuil afin de ne pas avoir les yeux qui trainent sur sa tenue indécente.

— J’ai beaucoup bossé pendant les vacances, oui. J’essaie vraiment de prendre en compte tes remarques, tu sais, mais c’est pas facile pour moi de montrer mes émotions. Même si j’avoue que j’ai très envie de m’ouvrir à toi, Alken, me dit-elle sur le ton de la confidence.

— C’est pas à moi qu’il faut t’ouvrir, c’est au public, à l’audience qu’on aura. C’est à eux que tu dois montrer tout ce que tu ressens, c’est eux que tu dois convaincre que s’ils étaient à ta place, ils ressentiraient cette joie que tu exprimes ou cette peine que tu dévoiles. Tu comprends ce que j’essaie de te dire ?

— Oui, bien sûr. Mais avant de montrer tout ça au public, il faut que j’arrive à te le transmettre à toi, comme tu le fais quand on danse ensemble. C’est pas évident, mais tu fais ça à merveille. J’admire, ça m’intimide un peu, j’avoue…

— Eh bien, ne sois pas timide et montre moi ce que ça donne. Je lance la musique, mais je ne vais pas danser avec toi, cette fois. Je vais t’observer afin que tu sois plus à l’aise et que tu me montres ce que tu as dans le ventre. C’est parti !

— Attends, tu ne danses pas avec moi ? Mais… Pourquoi ? me demande-t-elle en se levant pour faire le tour du bureau. Je ne comprends pas, comment je suis censée apprendre à te transmettre des émotions dans une danse à deux si je suis toute seule ? Et puis, la moitié des pas est à deux, je fais quoi sans le deuxième membre de notre couple ?

— Ce n’est pas à moi que tu dois transmettre tes émotions. Enfin, pas à moi en tant que danseur, mais à moi en tant qu’audience. Et pour les pas, tu improvises, tu te laisses porter par les émotions. Je veux te voir complètement abattue et ensuite revivre totalement. Je veux que tu te mettes à nu devant moi, que tu me donnes accès à tous tes ressentis !

J’ai à peine prononcé ces mots que je me rends compte de ma bêtise car tout de suite, elle me lance un regard charmeur et intéressé.

— Que je me mette à nu, hein ? sourit-elle en s’asseyant sur le rebord du bureau. Tu crois que je danserais mieux si j’étais nue ? Moi, je pense qu’à deux, ça peut être intéressant, Alken…

— Ne prends pas tout aussi littéralement, s’il te plaît. Je n’ai aucune envie de te voir danser toute nue. Ce que je veux, c’est que tu prennes du plaisir à danser et que tu me le montres. C’est si difficile que ça ?

Une nouvelle fois, je me dis que ma langue a de nouveau fourché et que je ne devrais pas parler de plaisir alors qu’elle me dit qu’elle est prête à se déshabiller pour danser devant moi.

— Je n’ai aucun problème à éprouver du plaisir quand je danse avec toi. Comment pourrait-il en être autrement, honnêtement ? Je suis sûre que ça tu le ressens, non ? J’aime danser avec toi, même si tu es dur avec moi. Enfin, dur, on s’entend, hein ? Au sens figuré. Ou propre, je ne sais pas trop, rit-elle.

Cette fille m’exaspère ! Elle ramène tout au sexe. Et le pire, c’est que je suis un peu excité par toutes ses insinuations. Quel con je fais ! Je soupire théâtralement devant elle pour lui montrer mon exaspération et me contente de faire un signe pour qu’elle aille se mettre en place. Le petit sourire qu’elle arbore quand elle descend du bureau ne me plaît pas du tout, mais elle ne fait plus de remarque et je peux lancer la musique. Je ne sais pas si ce sont nos échanges qui l’ont mise en forme ou si elle a enfin compris ce que j’attendais, mais son interprétation n’est vraiment pas mauvaise du tout. Quand la musique s’arrête et qu’elle fait une petite révérence, le son d’un applaudissement retentit.

— Bravo ! Il y a du potentiel dans ce que vous nous présentez ! Je sens que nous allons enfin avoir une chance de remporter ce concours !

Elise entre dans la pièce et adresse un grand sourire à Charline qui lui répond à nouveau par une petite révérence.

— Merci Elise. Tu es encore là à cette heure-ci ?

— Eh oui, les joies du poste de directrice, un jour tu connaîtras peut-être ça, toi aussi. Je voulais voir ce que donnait votre chorégraphie. Sans jouer la flic, promis, sourit-elle.

— Disons que jusqu’à présent, c’était compliqué, mais je sens que quelque chose s’est débloqué chez Charline. Elle se libère un peu plus et on arrive à mieux. N’est-ce pas, Charline ?

— Oui, j’y travaille et je ne compte pas mes heures, mais Alken est un super prof, minaude mon élève, tout sourire.

— C’est sûr qu’il excelle pour tirer le meilleur de ses partenaires !

J’ai eu peur qu’elle ne dise que j’étais le meilleur pour tirer mon coup et suis soulagé de voir que la discussion reste sur des thèmes professionnels.

— Nous allons essayer d’enchaîner la chorégraphie à deux, tu restes pour regarder ou tu nous laisses continuer à travailler parce qu’on est encore loin d’être prêts, Elise ?

— Je reste quand même, j’ai envie de voir où vous en êtes, si tu le veux bien.

— Avec plaisir, Elise. Ton œil expert pourra être utile pour que nous puissions nous améliorer ! Installe-toi à ma place et lance la musique quand je te ferai signe.

A vrai dire, même si nous ne sommes pas du tout prêts, je suis soulagé de la voir avec nous dans la pièce. Cela permet de contrôler un peu l a libido décomplexée de la rousse avec qui je danse et qui se contente de réaliser la chorégraphie sans se frotter excessivement. Cette fois, soit parce qu’elle a vraiment eu un déclic ou alors parce que je danse sans crainte de me faire draguer, la danse est fluide et commence à ressembler à quelque chose de présentable à un concours international. Lorsque nous achevons notre prestation et qu’elle pose sa tête sur mon torse, à bout de souffle, ses hanches entre mes mains, j’ai le sourire aux lèvres. Pour la première fois, j’ai l’impression que je ne fais pas tout ce travail pour rien. Pour la première fois, j’ai l’impression d’avoir partagé l’expérience de la danse avec Charline. Et les félicitations d’Elise finissent de me convaincre de la qualité de notre prestation, malgré quelques erreurs que nous pourrons aisément corriger. Si Charline arrive à calmer ses ardeurs à mon égard, finalement, on a peut-être une chance de remporter la mise.

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