64. A l'abordage !

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Alken

Lorsque l’image de Joy s’efface pour laisser la place au fond d’écran de mon téléphone, je soupire. De contentement, d’abord. Cette femme est capable de me faire passer par toutes les émotions, même à distance. De soulagement aussi. Malgré la distance, rien ne peut nous séparer, et je sais que maintenant qu’elle est dans ma vie, elle le sera toujours. De fatigue enfin. Parce que la journée a été longue, les émotions ont joué aux montagnes russes pour se terminer en une apothéose qui m’a littéralement vidé de toute mon énergie. Quel plaisir j’ai pris dans ces échanges coquins et cette étreinte virtuelle !

Je repose mon téléphone et me lève pour me rendre dans la salle de bain afin de me nettoyer un peu. C’est que le sexe virtuel, par certains côtés, ça a quelques désavantages ! Je n’en reviens pas qu’elle soit parvenue à me faire jouir aussi facilement, que je n’aie rencontré aucun blocage à faire ça alors que ça ne me ressemble pas du tout. Cela ne m’était d’ailleurs jamais arrivé dans ma vie. Et le pire, c’est que j’ai envie de recommencer.

Absorbé par mes pensées, je suis surpris quand j’entends la voix de Charline qui a ouvert sa porte qui donne sur la salle de bain. Je ne sais pas depuis combien de temps elle m’observe, mais à en voir ses yeux brillants de désir, elle a apprécié me voir ainsi nu, le sexe encore à demi dur, et du sperme plein le ventre. Elle-même est totalement nue, une main sur ses seins et l’autre qui bouge lentement entre ses jambes. Elle me scrute en train de nettoyer mon pénis à nouveau presque dur car je pensais à Joy, et pousse un petit gémissement alors que mon regard rencontre le sien.

— Nom de… Je savais bien que je t’excitais, mon Chou.

Je reste un instant interloqué et abasourdi par ce qu’elle vient de me dire. Elle croit que c’est elle qui m’a mis dans cet état ? Mais elle est folle ou quoi ?

— Mais non, Charline, ce n’est pas ce que tu crois… Ce n’est pas penser à toi qui me fait bander ainsi.

J’essaie de couvrir mon sexe de mes mains, mais la situation est gênante et malheureusement, mon excitation ne se calme pas. Au contraire, tout à la frustration de n’avoir joui que par écrans interposés, je sais que mon corps réclame plus. J’ai encore envie de jouir, encore besoin de me laisser aller au plaisir. Mais surtout pas avec Charline qui se rapproche dangereusement de moi. Vu son état, la sueur que je devine entre ses seins, l’odeur de son excitation, je pense qu’elle a eu la même idée que moi. C’est bien ma chance de me retrouver nu avec elle alors que nous nous sommes tous les deux fait plaisir chacun de notre côté !

— Oh Alken, je t’en prie, ça ne sert à rien de le nier, tu as repris de la vigueur en me voyant, je le sais, minaude-t-elle en suçant son doigt sensuellement.

— Charline, arrête ton cinéma. Ce n’est vraiment pas ce que tu crois. C’est une simple réaction physique parce que je me frottais et que je pensais à une autre femme. Tu n’y es vraiment pour rien, je t’assure.

— Moi, je peux te dire, mon petit lapin, que tu es pour beaucoup dans le fait que je sois aussi trempée. Je t’ai imaginé en train de me pénétrer et regarde dans quel état je te trouve. Prêt à transformer mon rêve en réalité.

Elle fait encore un pas vers moi et pose sa main sur la mienne qui couvre à peine mon sexe. Je la repousse, dévoilant ainsi mon attribut fièrement dressé, tel un traître prêt à tout pour soulager ses vils besoins sans se préoccuper de ce que pense le reste de mon corps, aussi bien mon cerveau que mon cœur. La garce ne perd pas une goutte du spectacle et se mordille les lèvres en admirant le tableau que je lui offre. Je me morigène tout bas et me retourne pour sortir de la salle de bain avant que les choses ne dégénèrent, mais elle me suit dans ma chambre.

— Tu crois que tu fais quoi, là ? l’attaqué-je en me tournant à nouveau vers elle pour l’empêcher de progresser plus avant. C’est ma chambre, ici, je te rappelle, et tu n’es pas la bienvenue.

— Oh, tu veux jouer à ce jeu là, mon coquin ? Ça t'excite de mettre cette distance entre nous ? Tu aimes jouer à la vierge effarouchée avant de céder à la tentation ? Ça tombe bien, je suis joueuse aussi, et je suis sûre que je peux te faire craquer juste en me caressant, là, devant toi. J’ai envie de vous, Professeur, et je suis prête à tout pour vous satisfaire, mon Maître.

La voilà qui passe au registre BDSM et qu’elle joue à la soumise. Autant quand Joy s’amuse à se laisser ainsi dominer, cela m’excite, autant là, ça a le mérite de me calmer tout de suite et de faire retomber la pression que je ressentais dans mon entrejambe coupable. J’ai juste envie de la mettre dehors avec un coup de pied aux fesses, mais franchement, vu ses propos, ça lui ferait sûrement trop plaisir pour être efficace.

— Charline, je ne le répèterai pas une deuxième fois. Soit tu sors de cette pièce immédiatement et tu me laisses tranquille, soit je t’y ramène de force et je te fais une réputation qui t’écartera à vie des scènes de spectacle. Je peux comprendre qu’à ton âge, on ait une libido débordante, mais tu fais fausse route. Je ne veux rien de toi et il n’y aura jamais rien entre nous deux.

— Ah oui, moi aussi, j’ai envie que tu me prennes de force, que tu me soumettes à tes envies, Professeur. Depuis le temps que je rêve de te sentir en moi !

Et là, contre toute attente, plutôt que de s’éloigner suite à mes nombreux rejets, elle bondit sur moi pour venir m’enlacer le cou. Ses lèvres se posent sur les miennes pendant que tout son corps se colle au mien. Je la sens qui se frotte contre mon sexe tandis que ses tétons se serrent contre mon torse. En raison de son élan et de sa fougue, mes mains se sont retrouvées sur ses fesses et elle gémit, déjà proche de l’orgasme, mais je la repousse avec vigueur et lui attrape le poignet avant de la tirer vers sa chambre. Surprise de ma réaction, elle se laisse d’abord faire, un peu ahurie.

— Je t’ai dit que c’était mort avec moi ! Arrête de faire ta petite pute et aie un peu de dignité, bordel ! m’emporté-je en la relâchant avant de m’éloigner d’elle. On dirait une gamine qui veut absolument avoir son jouet !

— Une pute ? Rien que ça ? Non mais pour qui tu te prends ? J’ai vu tes regards sur moi quand je danse, me prends pas pour une conne non plus ! Arrête de te foutre de moi, ça te fait kiffer que je te supplie pour baiser ? C’est ça, en fait ? s’énerve-t-elle à son tour.

— Mais tu vas t’imaginer quoi, là ? Jamais je n’ai eu envie de toi ! C’était de la danse, Charline. De la danse, rien que de la danse. Il n’y a jamais rien eu d’autre entre toi et moi. Tout le reste est dans ta petite cervelle de gamine gâtée et pourrie par ses parents. Dans la vraie vie, on n’a pas toujours ce qu’on veut. Et moi, c’est clair, tu m’auras jamais. Alors, maintenant, tu arrêtes ton cinéma ou ça va mal finir.

— Ça va mal finir ? rit-elle. C’est pour toi que ça va mal finir, Alken ! Ça te plaît de m’humilier et de m’insulter ? En plus de nous avoir fait perdre le concours ? Non, mais, sérieux, j’y crois pas ! Comme si baiser avec moi était écœurant, je t’assure que personne ne s’est jamais plaint !

— Oui, l’idée même de baiser avec toi m’écœure. Je n’en ai pas envie. Je n’en ai jamais ressenti le besoin. Sans ce concours, jamais je ne t’aurais touchée. Alors, maintenant, tu cesses tes gamineries, tu vas au lit, tu prends ta sucette ou ton nounours et je ne veux plus t’entendre ni te voir jusqu’à demain. Compris ?

— Tu vas me le payer, Alken. Je te jure que tu vas payer pour ce que tu viens de me dire, espèce d’enfoiré de mec imbu de sa petite personne et qui se croit supérieur. Dégage de ma chambre !

C’est la meilleure, là. C’est moi qui vais payer son harcèlement ? Ce sont des menaces qu’elle me fait alors qu’il y a encore deux secondes, j’étais son fantasme et elle allait me baiser ? Cette femme est une vraie folle et je sors de la pièce en claquant la porte. Je referme également la porte qui va à ma chambre et prends garde, cette fois, à bien la refermer à clé. Je suis tendu comme une arbalète. J’ai l’impression qu’à la moindre vibration, la flèche va se déclencher et tout dévaster sur son passage. J’enrage, tout seul dans ma chambre, et je fais les cent pas à l’endroit-même ou cette conne m’a sauté dessus. Comment j’ai pu la laisser se coller à moi comme ça ? Comment j’ai pu ne pas voir qu’elle n’avait aucune limite et ne reculerait devant rien pour me mettre dans son lit ?

J’essaie de me coucher mais je ne suis toujours pas calmé. J’ai l’impression de toujours sentir ses mains sur moi, de sentir son corps contre le mien. Et cela me répugne. Si j’étais sûr qu’elle ne tenterait pas à nouveau sa chance, j’irais bien prendre une douche pour me nettoyer de toutes ces impuretés que je ressens, mais cela ne sert à rien. Dans sa folie, elle pourrait encore prendre ces ablutions comme une invitation à la débauche. Cette femme doit avoir un vagin à la place du cerveau, c’est pas possible autrement. Quelle femme sensée agirait ainsi ? Alors que je n’ai pas arrêté de lui dire non ! Alors que je suis sûr que je ne lui ai donné aucun signal positif étant donné que tout mon esprit est tourné vers Joy ?

Plusieurs fois, je prends mon téléphone pour appeler Joy et me confier à elle. Pour lui dire que malgré la tentation offerte par la rousse, j’ai résisté et je lui ai tenu tête, mais vu l’heure, elle doit déjà dormir et je n’ai pas envie de la réveiller. Surtout que si je lui raconte ça, ça va la mettre dans tous ses états. Putain que je suis énervé ! Tout ça à cause de cette gamine qui ne pense qu’à se faire sauter. Pourquoi est-ce tombé sur moi ? Et qu’est-ce qu’elle voulait dire quand elle a dit que j’allais lui payer ? J’ai horreur de ce type de menace. J’ai ma conscience pour moi, mais qui sait jusqu’où elle est prête à aller pour me nuire maintenant que je l’ai rejetée ?

A suivre...

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