La fin de mes rêves

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    Comme je l’ai expliqué tout le long de ce roman, la fin, ce dernier chapitre là, m’a toujours posé un problème. Comment achever cette histoire incroyable ? Parmi toutes mes fins imaginées, je vous propose ici celle que je préfère. Ce n’est pas forcément la vraie fin. D’ailleurs, qui sait s’il y a quelque chose de vrai dans cette histoire ? Comme dans tous les romans, la réalité et l’imaginaire s’entremêlent et s’étreignent pour donner naissance à une oeuvre.

    Alors, remontons un peu les chapitres. Vous vous souvenez de mon jeune australien bisexuel ? J’avais un tel faible pour lui, que dans mes délires les plus fous, j’avais rêver d’aller le rejoindre.

    J’avais pris l’avion à Roissy pour un périple de plus de trente heures dans les airs. Arrivée à Melbourne plutôt défraichie, je décidai de suite de gagner son université. Là, dans un lieu qui fleurait bon la vieille Angleterre, je me dirigeai vers l’accueil le coeur battant. Il serait certainement étonné de me voir parce que je ne lui avait pas annoncé ma venue. Je voulais lui faire la surprise. En espérant qu’elle ne serait pas trop mauvaise pour lui.

    Là, les choses commencèrent à se compliquer. Alors que je citai son nom, la secrétaire m’indiqua qu’il n’y avait personne se nommant ainsi dans cette université. Je songeai alors qu’il m’avait peut-être menti et qu’il ne suivait pas de cours dans ces lieux. Mais, peut-être ailleurs. Comment pouvais-je savoir ? Il y avait plusieurs universités dans cette ville. Je ne me voyais pas les ratisser une à une.

    A ce moment, j’eus l’idée de me connecter sur internet via mon mobile branché sur le wifi de la faculté. Je vis que Peter, le jeune australien, était en ligne. Il venait de poster une photo de lui sur Instagram en train d’écrire en terrasse dans un café au bord d’un lac. J’ entrai le nom cité sur mon GPS, c’était tout près. Je m’y dirigeai immédiatement. Peut-être arriverai-je à le trouver là. J’avais ses photos, ce serait facile de le reconnaître.

    Le bar était très spacieux et grouillait d’étudiants. Visiblement c’était un lieu à la mode. Je marchai rapidement vers la terrasse, observant avec angoisse tous les clients attablés. Regardant plus précisément la photo qu’il avait posté quelques minutes plus tôt, j’essayai d’en situer l’angle. Il était proche de l’eau. Je fixai une à une toutes les personnes utilisant un ordinateur.  Mais, je ne le reconnus pas. Je pensai alors que je l’avais raté de peu ou qu’il avait posté une vieille photo. Cependant, l’un des clients de dos se retourna pour commander un autre verre  et croisa à cet instant mon regard désespéré. 

    Aux grands yeux que cette personne ouvrit, je sus qu’elle m’avait reconnu. A ce moment, mes jambes se dérobèrent sous moi et je m’effondrai sur le premier siège libre. En lieu et place de Peter, mon gentil apprenti écrivain gay, il y avait là une jeune femme d’une trentaine d’années qui semblait bien me connaître. Elle se dirigea vers moi un peu affolée. Je n’arrivai plus à bouger. Elle me rejoignit à la table où j’étais assise, scotchée sur ma chaise.

    - Jul ? Mais, que fais-tu là ? Je t’avais dis de ne pas venir.

    - Je sais. Mais, je voulais absolument te rencontrer. Voir les lieux où tu vivais. Mais, je ne m’attendais pas à ça ! Alors là, chapeau ! C’est toi la vraie reine de l’illusion.

    - Je suis désolée. Je ne savais plus comment te dire la vérité. Je m’appelle Jillian. Heureuse de faire ta connaissance dans la réalité. Toi, tu ressembles bien à tes dernières photos.

    La jeune femme m’expliqua alors toute l’histoire. Fan de jeux de rôles, elle s’entrainait sur les réseaux sociaux à incarner un personnage masculin. Tout comme moi, elle n’en était pas à sa première histoire virtuelle. Elle avait utilisé des photos et un compte Facebook inactif d’un de ses neveux pour sa couverture. Mais, c’était la première fois que quelqu’un avait essayé de la rencontrer dans la réalité.

    Peu après, je l’accompagnai chez elle où elle m’invita à déjeuner. Elle avait une belle et grande maison, très lumineuse. Elle y vivait seule et écrivait des romans policiers. Elle donnait aussi en parallèle des cours d’écriture créative à la fac. Elle se félicitait d’avoir déjà une petite notoriété dans son pays. Après, buvant le café dans son salon encombré de livres, et où je me détendis un peu, nous nous remémorâmes nos échanges intimes sur le net.

     - J’ai toujours trouvé que tu avais une imagination débordante Jul. A chaque fois, j’étais dans le truc.

    - Tu étais très douée aussi. Jamais je n’ai retrouvé quelqu’un de ton niveau. 

    - Les années de pratiques sans doute. Mais, j’avais une telle attirance pour toi que c’était facile. 

    - Une attirance lorsque j’étais un homme ?

    - Non, une attirance lorsque tu étais redevenue toi. Julia. La jolie et sensible Julia. Tu me déchirais le coeur. Je ne voulais plus te faire souffrir plus longtemps. J’ai tout fait pour que tout s’arrête. Mais, j’ai toujours gardé un oeil sur toi. 

 La regardant fixement dans les yeux qu’elle avait aussi beaux et bleu que Peter, j’y lisais enfin une once de sincérité. A cet instant, elle prit ma main et y déposa un baiser.

    - Pourras-tu un jour me pardonner ma jolie française ?

    J’étais troublée. A y regarder de plus près, elle ressemblait vraiment à Peter en version féminine. Les cheveux blond foncé coupés courts, un teint de nacre avec des tâches de rousseur. De jolies lèvres boudeuses. Si jolies que, sans réfléchir, j’y déposai bientôt un baiser. 

    Nous fîmes l’amour à même le canapé du salon. C’était une évidence. Nos corps étreints avaient enfin rejoint nos âmes. 


    


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