Sous l'encre, une histoire
Son tatouage, c’est une histoire gravée sur la peau. Une toute fine branche de glycine descend le long de son bras droit, de l’épaule jusqu’au poignet.
Les fleurs, d’un violet doux, semblent avoir poussé là, petites rebelles s’enroulant autour de sa chair comme si elles refusaient de lâcher prise.
Pour beaucoup, ce n’est qu’un joli dessin, mais elle, elle sait pourquoi elle a choisi la glycine... et ce n’est pas un hasard.
Chaque pétale est une promesse qu’elle s’est faite, un pacte silencieux passé avec la gamine qu’elle était le jour où elle a quitté sa ville natale, les mains serrées sur un vieux carnet et une photo un peu froissée.
Se souvenir d’où elle venait, tenir bon face à tout ce qu’on voudrait décider à sa place : voilà ce que la glycine raconte, quand on prend le temps de l’écouter.
À seize ans, elle est partie. Pas par goût de l’aventure, mais pour fuir tout ce silence pesant, plus lourd encore que certains cris. Dans son carnet, elle avait dessiné la glycine : une fleur qui sait s’accrocher, qui cherche la lumière même dans l’ombre la plus épaisse. Elle s’était promis qu’un jour, elle la graverait sur sa peau.
Quand, des années plus tard, elle a franchi la porte du salon, ses doigts tremblaient un peu. Pas par peur, non. Mais parce qu’enfin, tout ce chemin parcouru, toutes les failles et les victoires, allaient exister au grand jour. Le bruit de l’aiguille, la sensation de l’encre… Il lui semblait que ses cicatrices s’habillaient d’une nouvelle histoire.
Et maintenant, quand on lui demande, en souriant, « Pourquoi une glycine ? », elle hausse les épaules et répond, un éclat de lumière dans les yeux : « Parce qu’on ne grandit qu’en brisant ses chaînes. »
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