Fille des fleurs
Aujourd'hui, pour une fois la journée de cours c'est terminé plus tôt et ce n'est pas pour me déplaire, je suis fatiguée. Je m'affale lourdement sur mon lit pour contempler le plafond de ma chambre. Maman est bizarre depuis 2 jours, elle n'arrête pas de me fixer et de me demander toute les deux seconde si je vais bien. Me cacherait elle quelque chose ? J'en doute.
Après tout maman n'a aucun secret pour moi, cette femme si forte et si belle, mon meilleur exemple sur terre. C'est la maman parfaite.
Ma sœur doit être du même avis, même si elle vit chez son papa.
- toc, toc. Ma chérie peux-tu venir dans le salon, il faut que je te parle.
- Je me change et j'arrive maman.
Enlevant l'uniforme de mon école pour enfiler une tenue plus décontractée, descendant comme prévu dans le salon pour rejoindre ma mère assise sur l'une des chaises. Elle me fit signe de m'assoir en face d'elle. Devant elle, posée sur la table, une lettre violette avec un très joli cachet agrémenté de petites fleurs séchées et collées grâce à un sceau.
Je me demande ce que cela peut être.
Je levai les yeux de la lettre pour regarder maman qui ne disait rien, le visage triste.
- Emma, il faut que je te dise quelque chose, cette chose n'est pas facile à dire et ma plus grande peur c'est que tu en viennes à me détester par la suite.
- Mais n'importe quoi maman, je ne pourrais jamais te détester !
- De toute façon, je regretterai toute ma vie, si je ne te le dis pas maintenant.
Je ne comprenais pas, que voulait elle me dire de si important qui pouvait la mettre dans cet état de faiblesse.
- Emma, ma chérie. Je ne suis pas ta maman biologique.
Mes yeux s'écarquillèrent devant cette révélation.
- Comment ça ? dis-je faiblement, essayant tant bien que mal de retenir mes larmes.
- Il y a 15 ans, j'ai essayé d'avoir un enfant. Par tous les moyens possible, naturel, légaux et illégaux, je voulais être maman, mais je ne le pouvais pas, mon corps en était incapable. Alors j'ai cherché une autre solution, comme une femme qui serait d'accord pour te porter dans son ventre à ma place. Et cette femme était une amie. 9 mois plus tard tu étais dans mes bras par miracle. Mais elle a disparu juste après ta naissance, sans que je puisse la remercier. Je n'ai plus eue de nouvelles depuis.
Les mots de ma mère, j'ai beau les entendre je ne les comprends pas. Je ne veux pas y croire.
- Tu es en train de me dire que je ne suis pas ta fille ?
- Non ! tu es ma fille, celle que j'ai vu grandir, celle que j'ai éduquée. Celle à qui j'ai changé les couches, raconter des histoires le soir pour l'endormir, celle que j'aime plus que tout au monde, mon trésor. Tu es ma fille Emma, mais celle qui t'a portée dans son ventre, ce n'est pas moi. Tu as fait de moi une maman et je ne regretterai jamais de t'avoir eue dans ma vie.
Je ne pus retenir mes larmes, soulagée. Malgré tout, c'est elle ma maman, tant pis si elle ne m'a pas eu dans son ventre. C'est elle que j'aime, que je connais par cœur, elle dont je suis si fière.
- Alors, ce n'est pas grave, pour moi c'est toi ma maman. Et pour toujours ce sera toi.
- Emma ma chérie...
Je me levai de ma chaise pour rejoindre ses bras, ceux que je connaissais si bien. Laissant mes larmes et mon sourire réchauffer son cœur triste.
- Emma, il me reste une chose à te dire.
- Je t'écoute maman.
Elle me tendit la lettre.
- Cette lettre vient de la femme qui t'a mise au monde. Mon souhait serait que tu la lises. Car sans elle tu ne serais pas là, avec moi.
Je déglutis, hésitant fortement à prendre ce bout de papier.
- Je peux la lire avec toi ?
- Bien sûr, lisons- là ensemble.
J'ouvris avec délicatesse et minutie le pli devant moi. Cette lettre était si jolie que je ne voulais pas l’abimer. À l'intérieur se trouvait une feuille de papier finement pliée et parfumée ainsi qu'une photo.
Je m’arrêtai devant la photo quelque seconde. On pouvait y voir une femme blonde, le visage fin, la peau claire comme de la porcelaine. Assise sur une chaise à bascule, portant une robe rose pâle et un châle en dentelle, la main posée sur son ventre rond, et le sourire aux lèvres.
Mes larmes reprirent de plus belle. Celle qui m'a mise au monde était si belle, on dirait une poupée.
Derrière la photo, on pouvait trouver la date et un prénom écrit avec une belle écriture.
<< Louise et Emma >> mai 2007. >>
- Vous avez le même prénom !? c'est donc d'elle que je tiens ces cheveux ondulés... elle est si belle.
- Oui, Louise était très belle, sache que l'on a eu toutes les deux envies de t'appeler Emma.
J'essuyais mes larmes, ne voulant pas tacher la lettre, ni la photo.
J'en vins enfin à déplier le papier et me mis à lire doucement, voulant ancrer chaques mots dans mon esprit.
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Emma.
Toi que je n'ai jamais connue. Petite fille des fleurs, j'espère que tu te portes bien.
Je n'en doute pas. Louise te désirait de toute son être à tel point que j'ai accepté de te porter dans mon ventre pour elle. Le prénom de ton papa est Hector, hélas il nous a quitté il y a peu de maladie.
D'ailleurs, cette lettre n'est pas anodine. Je vais moi aussi partir le rejoindre sous peu.
Je n'ai jamais regretté de t'avoir mise au monde pour une autre et sache que pendant les neuf mois que tu as passé dans mon ventre, je t'ai aimée très fort. Petite fille des fleurs, toi que je n'ai jamais connue. Je te souhaite tellement de belles choses, et je laisse à Louise le plaisir de partager sa vie avec toi.
Soit heureuse, petite fille des fleurs. Ma précieuse Emma.
De Louise Flower, celle qui fut ta maman de naissance.
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