JE SUIS TON DESTIN

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Elle est là, à mes pieds, une silhouette brisée dans l'ombre de la pièce. Son regard, vide et sans âme, me transperce de son implacable regard sans joie. Un frisson glacial parcourt mon dos alors que je m'apprête à lâcher les mots fatidiques, mêlant ironie et fermeté dans un cocktail sombre et amusant.

« Je ne veux plus de toi »,

mes paroles, chargées d'une gravité sinistre, percent le silence pesant de la pièce.

« Retourne à ta petite vie. »

Un silence abyssal suit, enveloppant chaque recoin obscur de la pièce d'une aura funèbre. Seul le murmure à peine audible de la circulation urbaine parvient à troubler cette ambiance glaciale, ajoutant une touche lugubre à l'agonie de l'instant présent. Je maintiens son regard sans vie, attendant dans les ténèbres la réaction qui ne vient pas, tandis que le poids de ma décision s'alourdit sur ces épaules, écrasant son âme sous le fardeau des conséquences à venir.

Je m'éclipse de la pièce sans même jeter un regard en arrière, laissant cette pauvre femme aux abois. Ah, quel bonheur inonde mon être, c'est tellement touchant. Mes pas résonnent dans le silence écrasant de ma maison, tandis que les souvenirs de notre passé tumultueux me submergent. Des images surgissent, tels des spectres dans l'obscurité, rappelant des moments de bonheur pour ma part, mais également de sa grande douleur pour elle.

Mes rires, mes gestes si affectueux qui l'ont tant ébranlée, tout se mélange dans un tumulte chaotique de souvenirs. Je tente vainement de chasser ces pensées en me focalisant sur le présent, mais chaque foulée me ramène inexorablement à ce récit.

La joie incommensurable qui éclate en mon cœur en laissant derrière moi cette pauvre âme brisée, n'est-ce pas tout simplement… poignant ?

Les souvenirs d'elle me reviennent de manière inattendue.

La voyant au magasin avec ses charmants enfants, son visage rayonne de bonheur et de tendresse, mais oh quelle surprise, ce bonheur n'est pas destiné à être partagé avec moi. Eh bien sûr, cela m'a incite à la suivre en douce, attiré par cette lumière qui émane d'elle et que j'ai bien l'intention de lui subtiliser.

Semaine après semaine, je me suis engagé dans ce petit jeu, à l'observer dans l'ombre. Chaque bref aperçu de sa vie réveille en moi un cocktail d'émotions, entre excitation pour un futur bonheur et curiosité pour cette vie inconnue qui sera bientôt brisée par mes soins.

Avec le temps, cette routine étrange a pris une place de plus en plus grande dans ma vie, comme si le simple fait d'être près d'elle peut remplir le vide béant en moi. Ah, quelle chance de pouvoir me noyer ainsi dans un tel bonheur !

Un soir, elle se dispute avec son mari, puis sur la route de campagne qui la mène chez sa sœur, alors que la nuit étend son manteau sombre, oh, quelle chance inespérée due à mon intervention. Voilà qu'un doux bruit perce la quiétude nocturne, car le pneu de sa voiture décide soudainement de se dégonfler.

Elle s'immobilise sur le bas-côté, la mine désemparée, confrontée à l'obscurité écrasante de la nuit et à la compagnie si réconfortante de la campagne déserte. De mon côté, je la suis en toute discrétion, observant sa silhouette solitaire à travers le pare-brise embué de sa voiture. La tension due à sa dispute conjugale est palpable sur son visage, pendant que les larmes commencent à perler dans ses yeux saisis par les tourments.

Je stoppe mon véhicule près du sien puis proposant mon aide tel un sauveur dans l'ombre de la nuit, malgré la petite étincelle de méfiance qui éclate dans ses prunelles à ma vue, elle finit par accepter mon intervention, reconnaissante pour cette lumière inattendue dans l'obscurité.

Ensemble, dans un silence presque étouffant, je m'amuse à changer le pneu, interrompus seulement par le son harmonieux de nos respirations dansantes avec la symphonie du vent nocturne. Son regard débordant de reconnaissance, une véritable claque invisible qui fait voler en éclats nos barrières.

Profitant de cette opportunité ô combien fabuleuse, je décide de lui ouvrir les portes de ma vie par quelques mots bien choisis. Et, quelle étonnante surprise de la voir se laisser emporter, dévoilant son cœur sous la Voie lactée. Dans la tendresse enveloppante de la nuit, elle se livre à moi, transformant notre rencontre fortuite en une confidence intense et authentique.

Les mots glissent entre nous, emportés par la brise nocturne, me voilà devenant son confident sous le charme énigmatique de la nuit. Ses mystères, ses peurs, ses rêves : elle me les confie, dévoilant des lambeaux de son âme à la lumière chancelante des étoiles.

Au fil des jours, je m'engouffre davantage dans son monde, devenant un élément de plus en plus indispensable à son quotidien. Lors d'une soirée agitée, elle se tourne une nouvelle fois vers moi lors d'un débat passionné. Sans sourciller, je lui ouvre à deux battants la porte de ma demeure modeste, l'accueillant dans l'intimité de mon chez-moi.

Dans une ambiance électrisante, elle se tourne vers moi, et nos lèvres se rencontrent dans un baiser des plus passionnés. Ce moment marque un tournant décisif dans notre relation, scellant notre destin de façon irrévocable.

Avec une subtilité machiavélique, je commence à semer les graines du doute et de la manipulation dans son esprit fragile. Par de simples suggestions et insinuations, je la conduis à remettre en question ses propres pensées et émotions, la rendant de plus en plus dépendante de moi pour trouver des réponses à ses tourments intérieurs.

Progressivement, je deviens son guide, son confident, son univers. Dans une chorégraphie insidieuse de manipulation psychologique, je modèle sa réalité selon mes désirs, lui faisant croire que chaque choix fait est le fruit de sa propre volonté.

Ainsi, pendant qu'elle abandonne peu à peu tout ce qui lui était cher pour me suivre les yeux fermés, convaincue que son destin véritable réside à mes côtés, j'admire avec une satisfaction non dissimulée mon œuvre, maniant avec habileté les fils invisibles de son esprit avec une maestria diabolique.

Dans l'obscurité de ma tanière, elle abandonne tout, se glissant avec grâce dans les abysses de mon emprise. Sans prononcer un seul mot, elle se fond dans l'ombre, et je m'applique à vider son être de tout espoir, de toute joie. Chaque sourire éteint, chaque rire étouffé, je les savoure avidement, nourrissant ma voracité insatiable de pouvoir sur son âme brisée.

Plus elle s'enfonce, plus je me délecte de son sort, me régalant de chaque instant où elle s'incline devant ma volonté. Elle devient mon divertissement, une marionnette sans vie entre mes doigts, et chaque acte de soumission est pour moi une douceur à déguster, renforçant mon contrôle absolu sur elle.

Alors, ironie du sort, elle me seconde sans le savoir, persuadée que notre relation empoisonnée est gage de bonheur. Dans son ignorance, elle participe à sa propre chute, suscitant un festin à ma satisfaction perverse. Dans cette valse macabre, je suis le maestro de cette marionnette, orchestrant chaque pas avec une précision implacable. Ensuite, alors que je savoure la douce cruauté de ma victoire sur son âme fracassée, je me délecte du spectacle de sa descente aux enfers.

Face à son regard vide, je ressens son vide profond, dénué de toute joie envers elle. Je réalise que la dernière étincelle de bonheur qu'elle peut m'offrir est de la renvoyer dans son ancienne vie. Dans un geste empreint de mépris, je lui annonce ma décision, sentant le poids de la joie peser sur mes épaules.

Mais même dans cet acte d'espoir, je reste conscient de ma propre nature sombre, sachant que mon geste n'est qu'une piètre tentative de faire battre mon cœur. Et, tandis qu'elle s'éloigne lentement de moi, emportant avec elle les vestiges de notre passé tumultueux. Je contemple son départ avec un mélange de soulagement et de joie.

Je charge ses affaires dans sa voiture, puis, avec fermeté, je lui ordonne de partir. Ainsi, elle obéit, et je la regarde partir, un sentiment de satisfaction mêlé à une joie perverse s'insinuant en moi.

Son visage trahi le désarroi alors qu'elle franchit la porte de son ancienne maison, située au coin de la rue. Par conséquent, je reste là, impassible, contemplant la scène avec un sourire satisfait, savourant chaque instant de son épreuve. Dans cette ultime acte de séparation, je ressens une étrange euphorie, une jubilation malsaine à voir son monde s'effondrer sous mes yeux.

Me concentrant sur la satisfaction immédiate que procure le spectacle de son désarroi. Ensuite, tandis qu'elle disparaît à l'horizon, emportant avec elle les vestiges de notre histoire tumultueuse, je reste là, seul dans l'obscurité croissante de la nuit, contemplant mon œuvre avec un mélange indéfinissable d'émotions contradictoires.

Une semaine plus tard, alors que je déambule dans les rues, je croise un homme dont le visage rayonne de bonheur. Intrigué par sa joie apparente, je décide de le suivre discrètement, la curiosité piquée à vif.

Progressivement, je m'engage dans une traque silencieuse, observant ses mouvements, ses interactions avec les autres, cherchant à percer le mystère de sa félicité apparente. Le bruit lointain de la ville semble s'estomper alors que je me concentre entièrement sur ma proie, laissant mon instinct me guider dans cette chasse urbaine.

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