Edward Young arrive discrètement à l'endroit qu'un gentilhomme de son gendre lui a indiqué. Il pénètre dans la cabane en pierre sèche, et malgré l'infime lueur d'une bougie, il discerne sans mal dans ces ténèbres un corps inanimé. Son gendre muet tend à Edward une lettre.

Père, très cher père, c'est grâce à une puissance incongrue et mystérieuse que je saisis cette plume pour vous écrire.
La maladie me fait oublier la raison de ma présence en France. Je sais que nous voyageons pour rejoindre Nice mais, les chemins de ce pays me semblent interminables et je doute arriver un jour quelque part... Que notre Grande-Bretagne me semble lointaine...

J'implore votre pitié, vous, l'homme de foi, aumônier de notre bon roi George II, j'ai besoin de vos plus tendres prières dans cette terrible épreuve. Car voyez-vous, la jeunesse et l’énergie dont je dispose s'évanouissent me laissant en proie aux maux de tête et à une fièvre constante. Père, (l'écriture se fait sensiblement moins lisible) j'ai peur de mourir dans ce royaume qui persécute les protestants...

Que va-t-il advenir de moi? Le médecin et mon mari ne doutent pas des nombreux remèdes que l'on m'administre mais lorsque j'écoute leurs paroles, lorsque je plonge mon regard dans leurs yeux, je doute pourtant de mon prompt rétablissement.

Quoi qu'il advienne, Père, je vous chéris de tout mon cœur et je vous prie de prendre soin de ma pauvre mère. Je n'ai pas votre sang et pourtant, vous m'aimez comme votre fille. Je vous en serai éternellement reconnaissante. Je voudrais tant vous dire mais la force m'abandonne ce soir...