36. Nighthawks
Aux heures les plus épaisses de la nuit, le bruit de la ville se réduisait à un murmure chuinté. L'image de l'étroite rivière qui coulait en contrebas de sa maison d'enfance s'imposait à chaque fois à l'esprit de Mr. Meade.
Il aimait errer en solitaire dans ces artères, telles d'innombrables ruisseaux et torrents asséchés, veines d'encre et d'anthracite. Parfois, il arrêtait sa longue marche et contemplait les reflets cuivrés des interminables rangées de lampadaires. Autant de lignes de fuite que de chemins envisageables.
Le hasard conduisit Meade aux abords d'un quartier qu'il avait arpenté bien des fois, mais qu'il redécouvrait à chaque fois. Ce soir-là, il tomba sur un diner violemment éclairé, tant pour repousser les ténèbres qu'attirer les âmes esseulées. Des esprits insomniaques comme lui, mais il se garda bien de se mêler à ses semblables.
Dans le lointain, une sirène de police monta puis s'éteignit. Le monde avait changé ; en ces jours troubles, on n'aimait pas trop les faucons nocturnes. Même si les loups qui rôdaient semblaient plus dangereux que tout aux yeux de Meade.
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