44. La dernière traversée
Ce que la mer offrait, elle le reprenait au centuple.
Roy avait pour ami Vernon Clikow qu'on surnommait l'Australien. Quand il mourut, sa veuve exigea qu'il repose sur sa terre natale, loin du rivage.
À l'aube, après une longue veillée funèbre où Roy était venu rendre un dernier hommage à son confrère, leur lente procession embarqua sous l'œil d'or et de feu du levant.
Mais Roy n'aima pas les nuages couleur de cendres mouillées qui s'amoncelaient sur l'horizon ni le clapotis sinistre autour de la grève. Son expérience d'arpenteur de l'écume ne le trompa pas.
Le bateau qui emportait la famille de Vernon n'atteignit jamais Sydney. Au travers du coup de tabac qui s'abattit sur eux, l'océan avait décidé. Le marin ne reposerait pas sur le continent, mais dans les profondeurs vierges.
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