57. La gorge
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Après les minces obsèques que nous offrîmes à Tully, nous errâmes de longues semaines à travers le pays, comme coupés de notre raison d'être.
Ce furent des jours de peu de mots, de recueillement et de ressentiment imprononcé. La marche comme une étincelle, nous ne restions jamais longtemps au même endroit. Ni rumeur ni demande d'aide ne nous parvinrent ; aussi nous continuâmes sans but précis.
Un jour, nous franchîmes une gorge gardée par deux monarques de temps anciens, taillés dans la roche. Tant de siècles nous contemplaient, impassibles, mais je n'avais en retour rien à leur raconter, mon esprit rejouant sans cesse la mort de mon frère.
Au loin, un orage grondait.
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