70. La nuit entachée
Ce matin, j'ai peur.
Une fine couche blanche recouvre le carré de pelouse sous ma fenêtre, mais l'air froid de ce lendemain d'Halloween porte en son sein une désagréable odeur de bois brûlé. La neige qui tombe encore à la consistance et la couleur de la cendre.
Je ne cesse de repenser à la nuit précédente où, pendant que nous nous préparions avec ma sœur à une razzia de bonbons dans le quartier, notre père, lui, s'habillait tel un fantôme au cœur saignant à un autre genre d'expédition. Punitive, comme il aime à le répéter, où il s'équipe, avec ses amis, de cordes, de jerrycans d'essence et d'allumettes.
Je le retrouve assis dans la cuisine, ses yeux rougis regardant son bol de café sans le voir. Une veine gonflée de colère bat à sa gorge.
Mon âme se tord de douleur quand je pense à Chester, mon ami qui vit de l'autre côté de la rivière.
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