95. Oga
Je me souviens encore parfaitement de ce jour.
Maman nous avait autorisés, Oga et moi, à jouer dehors.
" Il serait dommage de ne pas profiter de cette magnifique journée. Nul ne saurait dire combien de temps l'été sera encore là. " nous avait-elle invités.
J'ignorais encore que l'hiver s'installerait pour toujours dans nos cœurs.
Pour remercier Maman, nous avions décidé de rassembler le plus possible de fleurs sauvages en un immense bouquet. Très vite, je me perdis dans notre quête.
Peut-être poussés par la douce brise qui dansait en friselis dorés sur le pré, nous dérivâmes jusqu'à la lisière de la forêt. Le Soleil venait caresser le faîte des arbres quand je levai la tête. Je ne voyais plus ma sœur.
" Oga ? " appelai-je.
Une rafale plus forte fit briller mille reflets floraux, mais aucun n'appartenait à la chevelure de jais de ma cadette.
" Ogaaaaa ! " criai-je.
Les bois m'observaient de leur regard ombreux et silencieux, mais pour moi, ils en disaient long. Jamais ils ne nous rendirent Oga.
Annotations
Versions