147. Leah
L'ouragan Declan avait, comme Katrina quelques décennies plus tôt, défiguré la ville, mais son cœur battait encore farouchement, constata Nick Packard en s'enfonçant dans les rues étroites et bruissantes du Vieux Carré.
Sur Toulouse Street, le Voodoo Child tenait toujours debout. Du neo-jazz s'échappait par la porte ouverte. Adieu donc Louis Armstrong, Charlie Parker et tous les autres, pensa amèrement Nick.
Depuis l'ombre des colonnades sur le trottoir en face du club, il leva les yeux vers les appartements du premier étage. Un chat noir somnolait sur la rambarbe en fer forgé. Derrière un rideau rouge feu, des silhouettes dansaient en ombres chinoises, ramenant en mémoire les nombreuses soirées passées ici. Puis la tenture s'écarta et Leah apparut. Elle portait un déshabillé anthracite sur ce corps resté affriolant après toutes ces années. Dans la brise du soir, ses cheveux mauves ondoyaient au même rythme que les volutes de sa cigarette fine.
L'espace d'un instant, le détective hésita, le souvenir heureux des nuits blanches à faire l'amour balayé par celui amer de leur séparation. Mais n'était-il pas venu jusque là car Leah connaissait chaque rumeur de la Nouvelle-Orléans ?
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