Elle était gaijin et seul un suicidaire aurait été capable de l'appeler ainsi.

Elle arborait avec fierté le dragon du clan Yamamoto, une seconde peau tatouée qui ne signifiait rien d'autre que la violence et l'ambition.

Le soleil perlait en une parfaite sphère rouge sang au-dessus des tours de Tokyo quand elle arriva au point de rendez-vous, au cœur de son aréopage de yakuzas. Il se murmurait dans le Milieu qu'elle réussissait toujours ses entrées et, pour notre première entrevue, elle me fit, sous des airs simples, très forte impression.

Sous un élégant manteau bordeaux, elle portait un jitsu gris et des bandeaux de soie noire lui barraient la poitrine. Ses cheveux couleur de feu d'hiver augmentaient la force de ses yeux d'ambre. Les taches de rousseur sur ses joues lui donnaient un air faussement juvénile, mais je ne m'y trompais pas. J'avais face à moi à la fois une femme d'affaires redoutable et une gangster impitoyable.