196. Le cèdre-cité
Cathédrale végétale, il se dressait à contre-jour du couchant.
C'était l'un de ces crépuscules où, après les averses blanches de la journée, le ciel s'était vidé de toute trace nuageuse et déversait une lumière aussi douce que pure. Pourtant, face à ce magnifique spectacle, mon cœur se serra à mesure que la main de Robin glissait hors de la mienne. D'une voix qui se perdait dans le soir, il dit :
" Est-ce que tous ces enfants vont à l'Académie ?
- Oui...
- Parce que la Voie l'impose.
- C'est ça.
- Et si un jour, je veux revenir chez nous ?
- Rien ne l'empêche, mais ici tu découvriras ton Chemin. Et nul ne peut savoir où il te mènera. Très loin probablement.
- Et toi, où t'a-t-il conduit, Papa ?
- Jusqu'à ta maman, puis jusqu'à toi.
- Tu le regrettes ?
- Pas le moins du monde ! Même si le Chemin t'éloigne de nous pour toujours, tu ne seras jamais un étranger pour nous. Avec Maman, nous continuerons de t'aimer jusqu'à notre dernier soupir.
- Car l'Amour triomphe de la distance.
- Exactement ! Et comme les étoiles tournent autour de nos têtes, rien ne pourra effacer le simple fait que nous sommes tes parents. "
Je m'accroupis et l'enlaçai. Un père me jeta un regard offusqué, mais je m'en moquais. Cette dernière nuit avec mon fils, je la voulais inoubliable.

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