Était-ce le froid humide qui me transperçait comme une lame ou la violente douleur à l'épaule, là où Roderick Walmsley avait abattu le tranchant de sa hachette, qui me réveilla ? Ou l'odeur de fumée qui flottait parmi les brumes diaphanes du marais ?

Lorsque j'émergeai des limbes sourdes de l'inconscience, le chien au pelage couleur de tourbe était revenu. Il se tenait sur les vestiges d'un tronc frappé par la foudre. Face à son impassible œil brun, je sentis pourtant, à mesure que me revenaient en mémoire les évènements tragiques des dernières heures, une pointe glacée se ficher dans mon âme.

L'horreur commise par l'homme qui était autrefois mon meilleur ami, ma fureur quand il avait tué devant mes yeux la femme que j'aimais, l'incendie de Brownswood Castle et son cri de fauve quand il m'avait atteint de son arme à la clavicule.

Toute cette violence me tomba dessus comme un couperet et j'entendais les chiens noirs de la dépression hurler sous mon crâne. Un long cri jaillit muet de ma poitrine. Mon cœur saignait.